[Bilan de la saison 2019-2020] Episode 3 – Les joueurs et leurs performances (le milieu de terrain)
Peu de joueurs créatifs pour un projet basé sur la possession de balle et le jeu vers l’avant
L’équilibre d’un groupe passe souvent par le bon dosage entre les joueurs créatifs et ceux qui ont le sens du sacrifice, les travailleurs, sans oublier l’indispensable caractère qui permet de refuser la défaite et de rebondir rapidement dans les moments difficiles. Ce groupe a donné l’impression, tout au long de l’année de bien vivre ensemble, d’écouter les consignes avec un souhait constant de progresser individuellement et collectivement. Mais derrière ces signes positifs, la question d’un manque de talent, d’une incapacité à sortir de sa zone de confort sur le terrain et la facilité dont la machine s’est enrayée pendant certains matchs sont autant d’incertitudes sur la capacité de ce groupe à voir plus haut dans les prochaines années. Des signes inquiétants se sont répétés plusieurs fois dans la saison (match à Reims, à Brest, deuxième mi-temps à Marseille…) où un Bordeaux serein mène au score, se retrouve parfois en supériorité numérique et s’écroule. Le sentiment d’une équipe au mental fragile, l’impression que l’adversaire a juste besoin d’accroître un peu la pression, de rehausser le rythme pour faire exploser toutes nos belles intentions et distiller le doute sur la capacité de chacun.
Au début de la saison, seulement deux joueurs semblent avoir la qualité pour prendre la responsabilité du jeu, de sa construction et poser le pied sur le ballon grâce à leurs facilités techniques : Yacine Adli et Yassine Benrahou. Deux jeunes sans expérience en Ligue 1 qui détiennent les clés du jeu Girondins pendant toute la saison, un peu léger peut-être…
Yacine Adli, une pépite à polir
Première année complète en Ligue 1 pour l’ancien parisien, dans la lignée d’un Zinédine Zidane ou d’un Yoann Gourcuff, le talent et l’élégance de ce joueur est indéniable. Sa première mi-temps à Marseille, son récital face à Nîmes ou à Amiens, démontre que ce joueur doit devenir une des pierres angulaires du projet bordelais.
Attention, la pépite est encore à polir, il est parfois complètement absent des débats, un manque de concentration et il multiplie les mauvaises passes. Comme pour beaucoup de joueurs, sous l’ère Paulo Sousa, il n’enchaîne pas les matchs et manque souvent de rythme. Malgré tout, la deuxième saison doit être pour lui celle de la confirmation.
Pour Yassine Benrahou, on pouvait penser que le manque de concurrence à son poste lui permettrait d’avoir sa chance. Une tournée américaine prometteuse et puis plus rien jusqu’au mercato d’hiver où les décideurs bordelais ont choisi de le prêter et de le brader. Quel gâchis ! Surtout qu’on aurait aimé le voir au côté de Yacine Adli.
Pour le prochain mercato, un joueur supplémentaire à ce poste, avec de l’expérience et du caractère, serait appréciable afin d’avoir une assise plus consistante sur le jeu et de profiter d’une meilleure conservation de balle, cette fameuse respiration indispensable quand le ballon brûle les pieds de ces joueurs moins fins techniquement dans les temps faibles.
Trop de milieux défensifs ? Pas assez de créatifs et trop de joueurs défensifs avec des caractéristiques similaires
Aurélien Tchouaméni puis Toma Basic ont connu des performances en dents de scie, Aït Bennasser est arrivé en méforme et en surpoids et il semble être resté toute l’année en méforme et en surpoids.
Les dernières semaines du Croate Toma Basic (qui a profité du départ d’Aurélien Tchouaméni) sont malgré tout porteuses d’espoirs, sa patte gauche utilisée en alternance jeu court – jeu long est difficile à lire pour ses adversaires. Cette qualité permet de casser des lignes et d’avoir à côté de l’indéboulonnable Otávio, un joueur de transition et non un second milieu défensif.
Otávio, l’homme de base de Paulo Sousa, est la
grande satisfaction du milieu de terrain.
Infatigable, il harcèle sans cesse et repart toujours au combat.
Dans les points à améliorer, un jeu vers l’avant encore trop
timide, mais qui s’est tout de même grandement amélioré.
Comme pour Raoul Bellanova et après un été de préparation où il a démontré de grandes qualités, Albert Lottin a disparu complètement des radars après le naufrage à Angers de la 1ère journée. Attention, la jurisprudence Mauro Arambarri et Grzegorz Krychowiack ne se semblent pas avoir servi de leçons. Si Paulo Sousa ne compte pas sur lui pour la prochaine saison, on peut juste espérer qu’il sera prêté sans option d’achat afin qu’il engrange l’expérience nécessaire et revienne pour étaler la maturité et l’insouciance perçue (rare pour un jeune de 18 ans) lors de ces quelques apparitions.