InterviewG4E. Laurent Pionnier : « Malcom devant, c’est une pépite, pétri de talent, et qui ne demande qu’à s’exprimer »

    Montpellier’s French goalkeeper Laurent Pionnier gestures during the French L1 football match between Bordeaux (FCGB) and Montpellier on March 18, 2017 at the Matmut Atlantique stadium in Bordeaux, southwestern France. / AFP PHOTO / NICOLAS TUCAT

    Il a 35 ans, et près de 200 matchs avec Montpellier. Laurent Pionnier, gardien à la Paillade depuis 21 ans, a accordé une interview exclusive à Girondins4ever, à quelques jours du match qui opposera le club héraultais aux Girondins de Bordeaux. Confessions.

     

    Laurent Pionnier Crédit photo mhscfoot

     

    Salut Laurent, Montpellier pointe à une jolie 6ème place au classement de Ligue 1, comment se passe ta saison avec le club héraultais, sur les plans individuel et collectif ?

    Sur le plan individuel, mon rôle est redevenu un rôle de doublure. J’ai eu pas mal de choses à faire en début d’année. On a recruté Benjamin Lecomte comme nouveau gardien, il a fallu évidemment que je sois au plus près de lui pour qu’il puisse s’intégrer et être le plus performant possible. À mon niveau, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour l’aider. Il y a également le jeune gardien (Dimitry Bertaud), et donc derrière, moi aussi. On essaie de travailler sereinement pour que le poste de gardien de but soit performant. Et vu la saison de Benjamin, il exprime tout le talent qui est le sien. Ça, c’est plus personnel. Et collectivement, on fait une belle saison. C’était compliqué au tout début, tout le monde a souligné le décès de notre président (Louis Nicollin), qui nous a beaucoup affecté. Il y avait beaucoup d’inconnus sur la suite de notre saison collective. Malgré cela, on fait quelque chose de remarquable. On est dans une perspective où, à Montpellier, il y a un projet de nouveau stade, et donc d’agrandissement de ce club donc c’est important pour nous, que sportivement, on puisse accrocher une place européenne, pour valider tout ce projet d’ensemble.

     

    Montpellier n’a plus perdu en Ligue 1 depuis fin janvier. Quels sont les points forts de cette équipe ? Ses points faibles ?

    On a une assise défensive qui n’est pas mal depuis le début de saison. On a des automatismes, avec un schéma de jeu que les joueurs se sont appropriés. Nos performances font que l’on prend très peu de buts. À partir de ce moment là, quand tu te déplaces ou que tu joues à domicile, tu sais que tu prends très peu de buts, il te suffit après d’être performant offensivement. Et si on l’est aussi sur ce secteur-là, on peut ramener des points, même si on a que très peu d’occasions. C’est ce qui nous a fait du bien depuis le début de saison. Avant tout, je pense que notre état d’esprit cette année collectivement est remarquable. C’est là-dessus que l’on a pu forger le groupe et les performances en ressortent.
    Les points faibles, c’est compliqué d’en parler avant ce match ! (rires) Nous les travaillons au quotidien pour essayer de les gommer. Comme toutes les équipes, on en a, et c’est ce qui fait aussi la beauté de ce métier : on remet tout d’une semaine sur l’autre mais on est toujours dans la recherche de la perfection, et même si ce sont des détails, il faut au maximum les travailler pour être le plus performant possible.

     

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    AFP PHOTO / PASCAL GUYOT

    D’après toi, quels sont les principaux dangers de cette équipe bordelaise ?

    Bordeaux, c’est quand même une belle équipe. Bordeaux a eu une période creuse assez longue et ils ont perdu pas mal de points en chemin. Mais cela reste une très belle équipe ! Avec énormément d’individualités et je pense que le potentiel est énorme pour cette équipe ! Que ce soit offensivement ou défensivement, c’est une équipe qui, quand elle trouvera son rythme de croisière, et ses réglages, sera redoutable. Maintenant, à nous de la faire déjouer et d’essayer d’être le plus hermétique possible pour les atteindre sur le côté mental et leur faire mal le moment venu, le moment opportun pour nous.

     

    Tu es coach, et tu dois choisir un joueur de Bordeaux, par ligne, pour composer ton équipe. Qui prends-tu ?

    Ma base, c’est Benoît Costil, que je laisse capitaine. Je ne connais pas tous les joueurs, mais je mets Paul Baysse en défense. Au milieu, Jaroslav Plasil, par rapport à tout ce qu’il a apporté à Bordeaux et ce qu’il apporte encore, car je n’aime pas utiliser le passé. C’est un grand joueur, qui apporte beaucoup. Et Malcom devant, car c’est une pépite, pétri de talent, et qui ne demande qu’à s’exprimer. Je prends cette colonne vertébrale, mais je ne suis pas encore entraîneur, donc je peux me tromper.

     

    Tu fais partie de la famille des gardiens expérimentés de Ligue 1. Que penses-tu du portier bordelais Benoît Costil ?

    C’est évidemment un très très bon gardien. C’est peu de dire ça… Avant tout, c’est un homme extraordinaire en dehors. Tu sais, j’ai toujours insisté sur le côté humain de la profession, que ce soit les joueurs ou les dirigeants. Comme nous, avec Loulou qui, depuis de longues années, nous a demandé de ne pas oublier ce côté-là. Je suis content du gardien qu’il est, et des performances qu’il fait, car c’est avant tout un homme extraordinaire, donc il le mérite. Il fait partie des meilleurs gardiens français.

     

    Benoit Costil fait partie des meilleurs gardiens français.

     

    Au milieu de terrain de Montpellier, il y a un joueur qui a été formé aux Girondins, Paul Lasne, qui s’impose au haut niveau.

    Paul, cette année, il fait une belle saison. Il s’est imposé au milieu, à son poste, et a une bonne relation avec Skhiri. Ils sont complémentaires : les deux apportent beaucoup à l’autre. Et cette année, il montre toute l’importance qu’il a dans l’effectif. Sa présence régulière sur la feuille de match, d’entrée, atteste de sa saison, tout simplement. Il fait une très belle saison et a prolongé à Montpellier, donc c’est une très bonne chose pour nous, qu’on puisse le garder. Après, s’il est parti de Bordeaux, c’est qu’à un moment donné, ils n’ont pas su le garder. Mais on est ravi d’avoir pu l’accueillir avec nous ! Il est assez jeune, il a une marge de progression, c’est au club de pouvoir profiter de toute son expérience et de ce qu’il sait faire.

     

    Tu as passé toute ta carrière professionnelle à La Paillade, hormis une saison en prêt à Libourne Saint-Seurin, en 2008-2009. Que retiens-tu de cette expérience en Gironde ?

    J’y ai passé de très bons moments. J’y ai connu des gens extraordinaires. Pour certains, j’ai encore gardé contact. Avant que j’y aille, j’avais pu me renseigner sur des joueurs qui avaient joué à Montpellier et aussi passé par Bordeaux, comme Jean-Christophe Rouvière. Il m’avait dit du bien de la région et des gens. C’est vrai que j’ai pu m’en apercevoir. J’ai vraiment connu des gens extraordinaires et j’ai gardé beaucoup de contacts là-bas. Comme je t’ai dit, j’ai toujours porté beaucoup d’importance au côté humain de tout le monde, et j’ai vraiment retrouvé ça quand je suis parti à Libourne, même si je ne suis resté que très peu de temps. Mais ce fut vraiment 4 mois vraiment bons là-bas, ça m’a marqué en positif. Je jouais le vendredi avec Libourne, et le samedi, j’allais voir Bordeaux jouer. J’étais venu seul, car ma femme bossait ici (à Montpellier), je n’avais pas d’enfants encore à l’époque, c’était week-ends « foot » quoi. Mais je ne garde vraiment que de bons souvenirs ! J’ai toujours plaisir, quand je vais à Bordeaux, à donner des invitations aux gens que je connais là-bas. C’est le moment où je peux être tranquille avec eux car j’arrive la veille, ils viennent me voir à l’hôtel, et on passe de bons moments en se remémorant nos souvenirs. Même si ce n’était que 4 mois, c’est une période que je n’oublierai pas dans ma carrière, d’homme, et de joueur.

     

    Avant que j’y aille, j’avais pu me renseigner sur des joueurs qui avaient joué à Montpellier et aussi passé par Bordeaux, comme Jean-Christophe Rouvière. Il m’avait dit du bien de la région et des gens. C’est vrai que j’ai pu m’en apercevoir. J’ai vraiment connu des gens extraordinaires et j’ai gardé beaucoup de contacts là-bas.

     

    Quel est le secret d’une si belle longévité en première division ?

    Il y a 2 côtés : le côté sportif. Si tu veux durer, il n’y a pas de secret, il faut une hygiène de vie irréprochable. Quand tu es jeune, ça va encore, mais quand tu vieillis, si tu veux être performant, c’est une bonne hygiène de vie. Si tu veux durer… Après, si je suis resté aussi longtemps, c’est qu’on m’a voulu aussi. Ce n’est pas qu’unilatéral, il y a 2 partis. À un moment donné, j’ai fait aussi ce que l’on attendait de moi, et je recevais autant que ce que je donnais. C’est pour cela que ça dure encore et que ça durera encore longtemps.

     

    Penses-tu à ton après-carrière ?

    Je ne sais pas du tout. J’ai la chance d’être intéressé par beaucoup de choses, c’est à la fois bien et moins bien. Si tu n’es intéressé que par une seule chose, tu te focalises dessus. Ce n’est pas mon cas, plein de choses m’intéressent. J’aime croquer à la vie. Après, est-ce que j’ai pensé à l’après-carrière ? Pas spécialement parce que je suis encore monopolisé à 100% pour le métier que je fais, pour le poste que j’ai, pour le rôle que j’ai, dans le vestiaire et dans le club. Et cela me prend énormément de temps et d’énergie, pour pouvoir commencer une quelconque autre réflexion. La question se posera un jour, j’ai quelques idées, mais je ne m’y suis pas encore penché à fond dessus. Pour moi, le terrain est encore important et c’est ce que j’ai envie de faire.