Chalmé “On a retrouvé du plaisir”

    Assistant à la dernière rencontre face à EvianTG depuis le banc de touche, le latéral droit Matthieu Chalmé revient sur cette rencontre vécue en tant que spectateur. Il évoque également les conséquences de ce résultat, et plus particulièrement les propos de son entraîneur, Francis Gillot.

     

     

     

     

    Matthieu, Francis Gillot a dressé un constat d’impuissance après le nul face à Evian (0-0). N’est-ce pas inquiétant après seulement 5 journées ?

    Si, ça peut l’être. Quand vous n’avez que 6 points et que derrière, vous rencontrez les 4 premiers du championnat, on peut se poser la question. Mais il n’y a pas que du négatif depuis le début de la saison. Il n’y a pas que du positif non plus. On reste ambitieux, déterminé et on va essayer de rattraper les points perdus lors des prochains matches.

     

    On sent quand même un entraîneur désabusé alors qu’il vient juste d’arriver…

    Non, il n’est pas désabusé. Il n’était juste pas content de la prestation de ses joueurs contre Evian. Il est inquiet aussi parce qu’il sait que si on continue comme ça, on peut vivre une saison compliquée. Et il n’est pas venu à Bordeaux pour vivre une saison compliquée. Donc, il attend plus de ses joueurs. Il l’a fait savoir, il l’a dit.

     

    Depuis un an et demi, ça ne tourne pas très rond à Bordeaux. Les Girondins sont-ils malades ?

    Bordeaux est touché, forcément. Mais le point positif, c’est que Bordeaux a repris goût à jouer au football depuis la reprise. C’est vrai que l’année dernière, Bordeaux était pauvre au niveau du jeu. Il n’y avait aucun plaisir pour les spectateurs. Et pas beaucoup pour les joueurs. En étant très moyens, on a terminé à une 7e place qui n’était pas du tout méritée. Donc, il y a des motifs d’espoir pour l’année à venir. Bordeaux est touché mais pas coulé. On est tous déterminé à remettre Bordeaux à sa place. Il y a un groupe et un staff de qualité. Je pense qu’on peut faire de belles choses mais il faut retrouver cette confiance en gagnant des matches.

     

    Quel est le remède miracle, s’il y en a un ?

    Ça passe toujours pas le travail et par l’état d’esprit et la détermination des joueurs. Ce sont les joueurs qui ont les clés. A nous de nous remettre à notre niveau, moi le premier. Et j’espère fortement que l’on va tous réussir ensemble à faire une saison digne de Bordeaux.

     

    Que vous apporte Francis Gillot par rapport à la saison dernière ?

    L’année dernière, je vous avoue qu’il n’y avait plus de plaisir. Ça ne marchait pas, on n’avait pas de jeu, on ne prenait plus de plaisir à l’entraînement. On a retrouvé du plaisir, des phases de jeu qu’on n’avait plus l’habitude de faire. Mais tout n’est pas guéri parce qu’on a vu que contre Evian, on est retombé dans nos travers. Mais depuis le début de saison, on a fait des choses qu’on ne savait plus faire. Maintenant, il faut le prouver sur la durée. Il ne manque que les résultats. Et aujourd’hui, les points sont déterminants dans les prestations, dans la confiance et dans les discours.

     

    Gillot a quand même tendance à utiliser un discours très dur envers les joueurs. N’est-ce pas risqué à la longue ?

    Non, ce n’est pas risqué parce qu’on a un entraîneur qui dit la vérité, qui est dans la réalité. Forcément, c’est intéressant pour nous. Si on a envie de se mentir, on n’écoute pas le coach. Je pense que le coach a 100% raison aujourd’hui.

     

    Donc, ça fait du bien de se faire recadrer constamment…

    Ça fait du bien, oui. Mais j’espère que les joueurs avaient conscience de la situation avant que Francis Gillot intervienne. Je pense que c’est le cas pour la plupart. Il y a toujours des cas particuliers mais… Et puis ça fait du bien d’entendre de la part du nouveau staff que Bordeaux est en difficulté et qu’on peut vivre une saison galère si on n’arrive pas à redresser la barre rapidement.

     

    Il y a également eu cet épisode avec les séances d’entraînements imposés le week-end après la défaite à Saint-Etienne en Coupe de la Ligue…

    Il n’y a aucun souci, c’est normal. Vous jouez mal, pourquoi avoir deux jours et demi de repos ? Il y avait beaucoup de carences dans notre jeu, de défauts techniques. Donc le coach a trouvé nécessaire de ne pas nous accorder notre week-end pour aborder le match suivant du mieux possible. Il a eu un discours sévère mais réaliste, juste. Il a crevé l’abcès. Ce n’était pas une punition. C’était juste pour travailler nos erreurs et nos défaillances.

     

    Depuis le début de la saison, Gillot a changé pas mal de joueurs, ça ne fonctionne pas. Ne faut-il tout bonnement être moins ambitieux dans le jeu pour se rassurer ?

    S’il change pas mal de joueurs, c’est qu’il n’y en a pas beaucoup qui ont donné satisfaction à 100%. Moi le premier. Je n’ai pas joué tous les matches donc c’est que je ne l’ai pas convaincu à 100%. On n’a pas non plus un effectif conséquent. A nous de continuer à travailler. La solution peut être de moins jouer. Mais on n’est pas le Bordeaux d’il y a deux ans et demi. On ne peut pas dire qu’on a tout le temps la possession de balle, que c’est nous qui faisons le jeu. Ce n’est pas vrai. Moins jouer, ce serait ne plus jouer du tout.

     

    Êtes-vous nostalgique de cette période dorée où tout vous réussissait ?

    Forcément ! Qui ne le serait pas ? Demandez à Lyon s’ils ne sont pas nostalgiques d’avoir gagné 7 titres d’affilée. Mais est-ce qu’on fait tout aujourd’hui pour redevenir ce Bordeaux-là ? Je n’en suis pas sûr. On a des joueurs différents. On ne redeviendra jamais ce Bordeaux-là. Commençons déjà à gagner de nouveau des matches.

     

    Il ne reste plus grand monde aujourd’hui de cette équipe championne de France suite aux départs de Diarra, Wendel, Fernando… cet été. Avez-vous songé à partir vous aussi ?

    J’y ai pensé. Je me suis posé la question. Mais je ne me sentais pas de laisser le club dans cette position. J’avais envie de faire redémarrer le club, de faire partie du groupe qui va remettre Bordeaux à sa place. Ça a été évoqué mais je ne me voyais pas partir dans ces conditions.

     

    Le mercato de Bordeaux n’a-t-il pas été trop minimaliste pour que Bordeaux puisse enfin passer à autre chose ?

    Ils (les dirigeants) ont fait deux très bonnes recrues (Ndlr : Maurice-Belay et N’Guemo). Je pense qu’il aurait fallu un ou deux joueurs de plus. Mais je laisse les dirigeants faire ce qu’ils ont à faire et moi je m’occupe du terrain. Ils pourraient très bien m’attaquer sur mon niveau de jeu que ce soit la saison dernière ou actuellement donc je vais laisser de côté le mercato (sourire). Comme ça, chacun fera du bon boulot, à sa place. C’est comme ça qu’on arrivera à retrouver le grand Bordeaux.

     

    Pour revenir au terrain, vous affrontez Toulouse pour le derby de la Garonne ce week-end, un match toujours particulier…

    Oui, c’est vrai mais ça reste un match à trois points qu’il faut remporter. Toulouse réussit souvent son début de saison donc ça ne m’étonne pas de les voir là où ils sont. On va essayer de les contrer un maximum parce qu’ils ne nous réussissent pas beaucoup. Il faudra retrouver un certain état d’esprit qui nous fait défaut et peut-être débloquer la situation sur coups de pied arrêtés parce qu’on était performant lors des matches amicaux dans ce domaine. Et là, on ne l’est plus. Et éviter de se faire contrer parce que c’est le jeu de Toulouse.

     

    Une victoire à Toulouse permettrait-elle de lancer votre saison ?

    Je ne peux pas dire que ça lancerait notre saison mais en tout cas, ça nous ferait du bien. Il faut ramener quelque chose de Toulouse pour engranger un peu de confiance et montrer que le match contre Evian n’était qu’un accident.

     

     

    Source: Sport 24