Gillot « Je préfère rejouer vite »

    A peine remis de la défaite concédée au Stadium de Toulouse, l’entraîneur bordelais Francis Gillot était présent en conférence de presse dimanche pour évoquer cette rencontre, mais surtout la préparation de l’affrontement face au champion en titre : Lille.

     

     

     

     

    Bonjour Francis, vous disiez samedi soir que tout n’était pas négatif, vous allez vous appuyer sur cette 1ère mi-temps face à Toulouse…

    Nous sommes obligés de faire un constat aujourd’hui. 50% des choses ont été bien faites face à Toulouse. Il s’agit de la 1ère mi-temps. La 2ème a été mauvaise. Nous sommes aujourd’hui dans une spirale négative. Il faut que nous nous raccrochions à certaines choses. Nous pouvons nous raccrocher à cette 1ère mi-temps. Autant contre Evian nous avons été plus que moyens tout le match, autant nous pouvons dire que nous avons vu des choses très intéressantes lors de cette 1ère mi-temps face à Toulouse. Il faut le faire sur 90 minutes. La raison pour laquelle nous avons changé de comportement en 2ème mi-temps est inexplicable. Nous n’avons ni changé de système ni de joueurs. Nous étions conscients de ne pas avoir fait le plus dur. Nous savons très bien qu’en Ligue 1, il est possible de mener 2-0 et de se faire rejoindre au score. Il n’y a pas eu d’excès de confiance. Il y a parfois des choses que nous avons du mal à expliquer.

     

     

    S’agit-il d’une spirale négative, ou le mal est-il plus profond que cela ?

    C’est pareil, non ? Il s’agit d’une spirale négative depuis presque 2 ans aujourd’hui. Il faut se raccrocher à quelque chose de positif. Sur les 6 matches, nous en avons fait 3-4 de bons, même si nous n’avons pas obtenu de résultats au bout. Nous ne sommes que mi-septembre. Il n’y a qu’un sixième ou un septième du championnat de joué. Il nous reste 8 mois de compétition. Nous n’allons pas commencer à baisser la tête. Nous allons évidemment nous accrocher. Je peux vous dire, qu’avec le staff, nous sommes habitués. Nous avons connu des situations encore plus difficiles à Sochaux. Nous n’allons rien lâcher. Nous avons besoin des joueurs. Il faut qu’ils croient encore en eux. Il est vrai qu’il n’y a plus beaucoup de monde qui croit en nous aujourd’hui. Nous nous devons d’y croire et de travailler pour rectifier le tir. Il nous faut 2-3 résultats positifs pour revenir dans des eaux un peu plus calmes et pour retrouver la confiance. Peut-être que jouer les gros du championnat sera un déclic. C’est tout ou rien. Soit nous perdons les 2 prochains matches et la situation sera compliquée, soit nous les gagnons et cela nous donne un coup de fouet pour la suite.

     

    Pour vous, s’agit-il déjà d’un tournant important ?

    Sur un plan mental, oui. Je vous dis, il n’y a que 6 matches de disputés aujourd’hui. Le bilan au bout d’1 mois et demi est loin d’être positif. Cependant, il ne s’agit que de 6 matches. Il ne faut pas commencer à baisser la tête aujourd’hui. Je peux vous dire que nous ne le ferons pas. La situation est compliquée pour les joueurs, car ils sont dans cette spirale depuis un moment. Avec le staff, nous étions ailleurs auparavant. Il faut que nous apportions de l’énergie et que nous y croyions. Il faut que nous restions soudés pour pouvoir donner de la confiance, qui manque encore, et renverser la situation.

     

    Après la défaite face à Saint-Etienne, vous faisiez du rentre-dedans. Aujourd’hui, faut-il tenir un discours plus positif ?

    Ce n’est pas parce que nous sommes positifs, qu’il ne faut pas dire les choses de temps en temps. Il y a des choses à rectifier. Je ne vais pas dire que c’est bien si ce n’est pas le cas. Mais, contre Toulouse, j’ai trouvé des choses positives. Si nous avions fait un match complètement bidon, j’aurais dit que nous n’avions pas été bons. Je dis ce que je vois. Cela a parfois l’air de vous étonner.

     

    Nous avons vu une image surprenante à la pause. Nous avons cru que cela était un peu tendu…

    Non, pas du tout. Au contraire, les joueurs disaient « allez, on continue, les duels comme on a fait ». Pourquoi tendu ? Cela avait peut-être l’air, mais ce n’était pas du tout le cas.

     

    En 1ère mi-temps, le couloir gauche a très bien fonctionné. Sans comprendre pourquoi, cela n’a pas été le cas en 2ème mi-temps et Bordeaux n’a plus été dangereux…

    Il faudrait que nous soyons dangereux à gauche et à droite, où nous ne le sommes pas encore assez. Il est vrai que, sur le flanc gauche, le duo a bien marché sur ce 1er mois de compétition. Nous avons été moins présents en 2ème période. Je voudrais que le couloir droit s’y mette un peu lorsque le côté gauche baisse en intensité. Il est vrai que nous avons un petit déficit couloir droit, par rapport au couloir gauche.

     

    Vous n’avez pas trouvé la doublette à droite…

    Pas encore.

     

    Il s’agit d’un des problèmes de l’équipe…

    Entre autres, oui. Mais, nous allons trouver.

     

    Y aura-t-il des changements pour la venue de Lille ? Au poste de gardien notamment…

    Kevin (Olimpa, ndlr) était blessé et n’a pas pu jouer en CFA. Nous verrons par rapport à sa blessure.

     

    Lille et Lyon sont 2 équipes qui aiment avoir le ballon. Ce n’est pas souvent le cas en Ligue 1. Cela va-t-il changer votre approche ?

    Nous allons devoir courir plus pour le récupérer. Il va falloir presser et avoir beaucoup d’énergie, beaucoup de force. Ils ont aussi fait pas mal de matches en quelques jours, avec 2 résultats moyens pour eux, en Coupe d’Europe et contre Sochaux. Ils ont beaucoup de matches dans les jambes depuis le début de saison. Ils auront peut-être un petit peu moins d’énergie. Il faut que nous en profitions. Cependant, c’est sûr qu’il ne faut pas compter sur eux pour nous faire des cadeaux.

     

     

     

     

    Est-ce une équipe qu’il faut attaquer ?

    Il faut presser les bons joueurs, pour les empêcher de dribbler ou de donner des bons ballons. Les mauvais, il fait les presser aussi. Dans tous les cas, il faut les presser.

     

    Lille prend pas mal de buts, plus que par le passé…

    Nous aussi (sourires, ndlr).

     

    Est-il bien de jouer un gros tout de suite après, pour la motivation ?

    Je vous le dirai mardi à 21h. De toute façon, il faut y passer. Je ne me pose pas cette question. Peu importe l’adversaire, il faut que nous réagissions. Personnellement, je préfère jouer tout de suite après ce match contre Toulouse, pour essayer d’inverser la tendance. Autrement, nous passerions une semaine difficile au niveau mental. Je préfère rejouer vite.

     

     

    Que faut-il faire pour éviter de voir un double visage ? Le problème est-il lié à la qualité des joueurs ?

    En 1ère mi-temps, la qualité des joueurs était présente. Le problème est là. Vous mettez quelqu’un qui regarde la 1ère mi-temps, puis qui regarde la 2ème, il se demande si c’est la même équipe. Je pense que la cause est ce but que nous prenons très vite en 2ème mi-temps. Je leur ai dit qu’à 1-2, nous gagnons encore à l’extérieur. Nous ne gagnons jamais 4 ou 5-0 à la mi-temps. Cela n’existe pas, ou très rarement. Même avec 1 but d’avance à une demi-heure de la fin, nous devons faire autre chose. Nous devons leur poser plus de problème. Ils étaient fébriles derrière, leur gardien aussi. Nous avons été spectateurs en 2ème période.

     

    Bordeaux doit-il se dire qu’il joue le maintien ?

    Nous jouons pour prendre des points. Que ce soit le maintien, la Coupe d’Europe, ou le milieu de tableau, cela se décidera dans les 5 derniers matches. Je vous l’ai dit, l’année dernière, nous étions 13ème au mois de mars avec Sochaux. En mai, nous finissons 5ème.

     

    Il est parfois bien de regarder derrière pour ne pas se faire d’illusions…

    Ce n’est pas parce que nous regardons derrière que nous sommes plus sûrs de prendre des points.

     

    A Bordeaux, nous avons l’habitude de regarder plutôt en haut…

    Ce sont des paroles. Personnellement, je ne regarde plus le classement. Ce n’est pas cela qui fait gagner des matches. Peu importe que nous soyons 12ème, 15ème, 18ème, 1er, nous ne pensons pas comme cela quand nous sommes entraîneurs. Nous pensons à gagner le prochain match. Je vous dis, cela se décide souvent lors des 5-6 derniers matches du championnat. Nous ne savons pas encore où nous serons. Il reste 6 mois de compétition avant d’arriver dans les derniers matches.

     

    Il y a des joueurs qui disaient vouloir montrer au coach qu’il a tord, dans le bon sens du terme. Y a-t-il des joueurs qui vous ont donné satisfaction face à Toulouse ? Notamment, Cheick Diabaté, a-t-il répondu à vos attentes ?

    Oui, bien sûr. Il s’agissait d’une satisfaction. Cela était une petite bouffée d’oxygène dans cette soirée. Il a montré qu’il était capable de bien garder les ballons devant et qu’il pouvait marquer surtout. Il faut confirmer.

     

    Avec 1 pointe, vous marquez plus de buts qu’avec 2…

    Non, je ne suis pas d’accord. J’ai lu un papier à propos de cela. Je n’ai pas joué avec 1 pointe. J’ai aligné Jussiê. Toulouse ne jouait qu’avec 1 attaquant. Ils ont un milieu en V, mais inversé. Ils ont un milieu défensif, et 2 milieux devant. Pour moi, Jussiê est un attaquant et non pas un milieu. Ce sont des détails.

     

    C’est peut-être parce que nous le voyons plus au milieu que devant, que nous jugeons qu’il a plus une position médiane…

    Est-ce que vous voyez Jussiê devant la défense, en milieu de terrain ? Non, donc ce n’est pas un milieu. Jaroslav Plasil n’est pas un milieu récupérateur. En quelle formation joue Lyon, avec Bastos et Briand ? 4-2-3-1 ou 4-3-3 ? Pour moi, c’est pareil. Il ne faut pas se prendre la tête avec cela. Quand nous attaquons, nous sommes attaquants, et quand nous défendons, nous sommes défenseurs, que nous soyons attaquant ou défenseur. Je demande à mes défenseurs d’aller de l’avant et de proposer, ce que nous n’avions pas fait contre Evian, en 1ère mi-temps. Je demande à mes attaquants de défendre. Qu’il s’agisse d’un attaquant ou d’un milieu offensif, c’est un détail. Ce n’est pas cela le plus important. Barcelone gagne en 4-3-3. Ils n’ont qu’1 pointe. Quelques fois, quand vous arrêtez l’image, il n’y en a aucune. Il y a 10 défenseurs, puis 3 secondes après, il y a occasion de but. Tout cela constitue un faux-débat.

     

     

    Source: Girondins.com