Bixente Lizarazu : « Les supporters étaient en transe, et ça nous a mis en transe. C’est un exploit historique pour les Girondins de Bordeaux, on en parle comme si on avait gagné la Coupe de l’UEFA »
Bixente Lizarazu, après de premiers propos retranscrits par le journal L’Equipe, est longuement revenu sur les rencontres des Girondins de Bordeaux (1996) face au Milan AC et au Bayern.
« Le 3-0 contre le Milan AC, c’était un match de fou. Un match où on pleurait à la reconnaissance du terrain d’émotion, tellement c’était électrique. J’ai rarement vécu un truc pareil sur un match de foot, c’était fou. On était habités. Il y avait des drapeaux partout. Les supporters étaient en transe, et ça nous a mis en transe. On a fait un match parfait, il fallait marquer dans le premier quart d’heure et c’est ce qu’on a fait. Il fallait en mettre trois et on en a mis trois. On a battu une équipe qui était, je pense, la meilleure équipe du monde. C’était dingue, c’était une équipe vraiment expérimentée, avec de très très grands joueurs. C’est un match extraordinaire. C’était une saison hyper bizarre, on n’était pas bons en championnat. De toute façon, on ne pouvait pas tout faire, on avait fait le Coupe Intertoto ; une saison marathon. En championnat on était cuits et en plus de ça, après chaque match de Coupe d’Europe, on le fêtait ambiance rugby. En même temps, ça nous aidait à souder un peu le truc. Avec Gernot Rohr, on partait au Cap Ferret, on allait s’y entrainer, sur la plage, à midi on mangeait des huîtres, du poisson… Il y avait un truc extraordinaire, une vie de groupe extraordinaire. Je pense que ça nous a unis, et c’est grâce à ça qu’on a été capables de faire cet exploit. C’est un exploit historique pour les Girondins de Bordeaux, on en parle comme si on avait gagné la Coupe de l’UEFA. On parle de ce match comme si c’était la finale alors que la finale était contre le Bayern. J’ai revu le match il n’y a pas longtemps, on s’est mis de ces tampons… Ça me fait rigoler, il aurait dû y avoir 3-4 rouges. On s’est découpés… J’étais capitaine de cette équipe, et j’étais fier de faire partie de cette équipe […] Il y a des moments comme ça sur des matches, de communion avec le public, des moments d’action où tu as l’impression d’être au ralenti. Je sais que sur ce match-là, Richard me met une transversale côté droit de 300m… Il était tellement loin de là, j’avais l’impression qu’elle venait de 300m (sourire). J’ai vu arriver ce ballon au ralenti. J’ai eu le temps de voir mon adversaire et de sentir le bon timing pour y aller. Il y a des moments dans certains matches où l’action se passe au ralenti, ce qui fait que toi, tu es hyper lucide. Tu sens bien la chose, et tu vois ce qu’il faut faire. Sur ce match-là, c’était juste complètement incroyable, Duga était en transe aussi. On était des jeunes talents en devenir, avec Zizou aussi, puis après on est partis à l’étranger avec la réussite qu’on a pu avoir. Mais cette épopée était le début de quelque chose de fort pour le trio bordelais ».