Jean-Marc Furlan : « C’est une réputation qui me suit partout mais sans déconner, je m’en bats les couilles. Je n’ai pas de nom, je m’appelle Furlan, donc il faut que je trouve une méthodologie »

    (Photo by Sebastien Bozon/Icon Sport)

    Jean-Marc Furlan est souvent décri, voire caractérisé, comme un entraîneur faisant un football spectaculaire. L’ancien joueur des Girondins de Bordeaux, désormais coach à Auxerre, revient sur cette notion qui lui est chère.

    « Au fond de mes tripes… C’est le sens que je donne, sinon je ne serais pas devenu entraineur. J’étais entraineur à Libourne, j’étais heureux, et je voulais rester là-bas. Quand j’ai vu tous mes entraineurs souffrir, je me disais avec la mentalité que j’ai, et la façon dont je voyais les choses, ‘ne va pas en professionnel’. Ayant fait 20 ans de professionnalisme en tant que joueur, je me disais que j’allais me faire défoncer, que ce n’était pas du tout l’état d’esprit frenchy. Je veux tout gagner, bien sûr, mais… C’est Aimé Jacquet qui m’a forcé. Mais c’est au fond de mes tripes. Que ce soit très clair, le projet, c’est de gagner. Mais au-delà de l’esthétique, c’est comment tu donnes de l’émotion aux gens ?! Moi, au fond de mes tripes… j’ai été profondément marqué par l’Ajax d’Amsterdam de Johan Cruyff, et en plus comme j’étais un joueur ultra destructeur, j’étais un stoppeur… J’ai pris ce contre-pied […] S’il y a une différence de jugement ou d’exigence, qu’on est beaucoup plus dur avec les entraîneurs qui prônent un football offensif ? Oui, bien sûr. Surtout en France. Quand le professionnalisme a commencé en France, le seul pays qui n’a pas mis d’entraineur, c’est la France. On mettait le capitaine comme coach en 1933-1934, et après on s’est mis à copier les autres, ce qu’on fait souvent. Le regard du sport en France, on a beaucoup plus l’idée que le seul bonheur c’est de gagner. On est beaucoup plus exigeants. Et en plus, ce qu’on dit souvent, c’est que des mecs comme moi, ‘eux, ils ne vont pas en Ligue 1, ce n’est pas le football de la Ligue 1’. C’est une réputation qui me suit partout mais sans déconner, je m’en bats les couilles. Je suis très heureux de ce que je vis. Je n’ai pas de nom, je m’appelle Furlan, donc il faut que je trouve une méthodologie. Quand Lucien Favre est parti de Nice, j’étais très malheureux pour le football français […] Les Présidents qui veulent Furlan, il n’y en a pas beaucoup, il n’y en a pas. A chaque fois que j’ouvre la bouche, je fais peur à tous les Présidents. C’est culturel chez nous. On va arriver à des générations, et une exigence médiatique, visuelle, télévisuelle, qui va faire qu’on ne va pas pouvoir se contenter de… C’est comment tu transmets des émotions par l’audace et la prise de risque, c’est ça notre style. C’est notre philosophie ».

    Est-ce qu’on pourrait caractériser l’ancien bordelais avec les deux mots, émotion et spectacle ?

    « Emotion et spectacle, oui, c’est bien. Mais c’est le sens que tu donnes à partager avec autrui, avec les joueurs, le public. Le sens que tu donnes à ta vie. C’est comment le mec qui vient au stade, qui veut partager avec sa famille ou ses copains, comment tu leur donnes du sens, parce qu’ils ont envie de boire des bières ensemble. Bien sûr qu’on aime gagner, mais cela va au-delà du résultat en ce qui me concerne. Plus qu’un spectacle, c’est l’esthétique que tu donnes ».

    Retranscription Girondins4Ever