Nicolas Le Gardien : “Ils ne veulent plus remettre d’argent. Leur seule solution pour ne plus remettre d’argent, ce serait de revendre le club. Maintenant, ils ne veulent pas non plus le vendre à grosse perte”

    Dans le dernier Sportcast de Sud Ouest, Nicolas Le Gardien a parlé de la situation de King Street quant aux Girondins de Bordeaux.

    « Pour comprendre un peu la situation d’aujourd’hui pour King Street, il faut refaire un peu l’historique. King Street est arrivé dans ce projet parce que GACP a été les chercher. On leur a présenté un business model en leur disant ‘vous allez voir, dans 4-5 ans, on va gagner de l’argent parce que le foot français va être valorisé, que les droits TV vont augmenter’. Ils sont venus pour ça. Ils ont amené une somme de départ qui était de 68M€, qu’ils ont donnée à GACP pour le rachat du club, en ayant bien sûr un droit de regard sur la gestion, mais en leur laissant gérer et en leur faisant confiance. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, c’est-à-dire qu’ils se sont rendus compte au bout de huit mois que le business plan que leur a proposé GACP n’était pas du tout tenu et n’était pas viable. Les relations se sont détériorées, et ils se sont retrouvés finalement à devoir récupérer le club malgré eux, parce qu’ils se sont dit qu’ils allaient perdre l’intégralité de leur mise. Ils ont récupéré le club avec une situation financière et sportive qui s’est dégradée. L’été dernier, est arrivée la crise du Covid, et est arrivé ce projet présenté par Pascal Rigo. Et d’autre part, Jérôme De Bontin a également sollicité King Street et d’une société de capital investissement qui s’appelle Peak6. Derrière cette société, il s’agit d’une famille riche, qui tourne depuis un petit moment autour de la Ligue 1. Ils ont contacté King Street de la même façon que Pascal Rigo. Eux, le but était de racheter totalement le club. Des discussions ont été menées, mais finalement King Street a dit non, ils n’ont pas trouvé d’accord. King Street avait fixé un prix de vente aux alentours de 120M€, comprenant le remboursement du prêt à Fortress de 40M€. C’est ce qu’ils attendaient, sauf que Pascal Rigo voulait une rentrée progressive dans le club, et pour Peak6 le prix était trop élevé. King Street s’est alors dit qu’ils allaient continuer, tout en essayant de restructurer le club, pour pouvoir le vendre au prix voulu. Pour ça, ils se sont engagés, ils ont couvert les dettes, et ils ont réengagé 30M€ supplémentaires cet été par rapport à leur mise initiale, et par rapport à la saison dernière où ils avaient mis de l’argent dans la trésorerie. L’idée de départ était de restructurer ce club, de le revaloriser, pour avoir le prix qu’ils espéraient, et ainsi retrouver un peu leur mise de départ. Sauf que depuis est arrivée la prolongation de la crise du Covid, qui n’était pas forcément attendue… Est arrivée la crise avec Mediapro qui remet en cause l’augmentation des droits TV. Aujourd’hui, ils ont un club où ils ont mis déjà plus d’argent qu’ils avaient pensé mettre au départ, ils ont un club qui perd de l’argent puisque le déficit hors vente de joueurs est estimé entre 40 et 50M€ pour la fin de saison, et que si les ventes de joueurs ne couvrent pas ce déficit, ce qui est quand même très probable, ce sera à eux de garantir ces pertes et donc de remettre de l’argent. Or, ils ne veulent plus remettre d’argent. Leur seule solution pour ne plus remettre d’argent, ce serait de revendre le club. Maintenant, ils ne veulent pas non plus le vendre à grosse perte. L’enjeu est de trouver à quelle hauteur est la vente du club, est-ce qu’il vaut mieux attendre et remettre un peu d’argent en fin de saison pour boucher les pertes parce que l’année prochaine il n’y aura plus le Covid, et il y aura plus de visibilité par rapport aux droits TV… Il y aura aussi beaucoup de joueurs en fin de contrat, la masse salariale va baisser, des jeunes vont apparaitre dans l’équipe première : ce qui pourrait revaloriser la valeur du club, et ils pourraient ainsi vendre plus cher l’année prochaine que cette année où la situation est très difficile. Les acquéreurs ne veulent pas mettre de l’argent dans un club qui va perdre 50M€ à la fin de l’année, qui sportivement est un peu bancal, et sans visibilité. Pour eux, il y a ce calcul. Mais aujourd’hui, s’ils ont un acquéreur avec un prix qui les intéresse, ils vont forcément vendre. Mais la question sera le prix ».

    Retranscription Girondins4Ever

    https://player.acast.com/le-sportcast/episodes/girondins-de-bordeaux-une-offre-de-reprise-sur-la-table-de-k