Joseph-Antoine Bell : “Il faut arrêter les incantations et les slogans faussement révolutionnaires qui consistent à dire qu’on n’a rien à envier aux autres”

    Dans Le Point Afrique, l’ancien gardien des Girondins de Bordeaux et international camerounais, Joseph-Antoine Bell, s’est exprimé sur le parcours du Maroc lors de la Coupe du Monde au Qatar, ainsi que sur le football africain.

    “Le Maroc est loin d’être parvenu à ce résultat par hasard et ce n’est pas une surprise. Les Marocains ont travaillé, ils ont organisé leur chance, si je peux dire, d’autres s’en sont moqués, mais pas eux. Depuis des années, les Marocains ont construit leur football, ils se sont dotés de stades, d’un centre de formation top niveau, autant d’éléments qui ont permis à leur championnat de devenir l’un des plus compétitifs du continent, si ce n’est le meilleur, de même leurs équipes sont au sommet du football africain. Et aujourd’hui cela se traduit par deux choses : premièrement, les footballeurs marocains passent aisément de leur championnat au championnat étranger. On peut recruter un footballeur marocain pour jouer dans un championnat étranger et il va s’adapter. Deuxièmement : l’équipe que nous voyons est composée de joueurs qui jouent au pays, de sorte que l’on ne peut pas distinguer ceux qui viennent des plus grands clubs du monde des autres. On les croirait tous venus des plus grands clubs et c’est ce qui leur permet de réussir plus facilement, parce qu’ils ne sont pas impressionnés. Ils ont pour eux la qualité, le talent et le niveau. Comment je juge le parcours de l’Afrique dans cette Coupe du monde ? Justement, tout ce que je viens de dire sur le Maroc n’existe pas chez tous les autres. Il n’y a pas un pays africain, en dehors du Maroc, dont le club serait champion d’Afrique, dont les clubs seraient en finale de la coupe d’Afrique chaque année et qui auraient le même état d’esprit. Autre point fort pour les joueurs marocains, ils n’arrivent pas en Coupe du monde, en traînant dans leur sillage une actualité faites de faits divers. Au Maroc, on ne parle que de football et de rien d’autre. L’équipe n’est donc pas lestée par des histoires qui n’ont rien à voir le sport. Il faut arrêter les incantations et les slogans faussement révolutionnaires qui consistent à dire qu’on n’a rien à envier aux autres. Ce n’est pas vrai, nous sommes plus petits que les autres et si on rassemble tous les résultats africains, ils sont moins bons que ceux des autres. Aujourd’hui, nous fêtons une équipe du Maroc qui arrive en demi-finale, mais si nous avions un peu d’humilité, un peu d’honnêteté, nous reconnaîtrions que l’Asie, notamment la Corée du Sud, a déjà été en demi-finale d’une Coupe du monde. Or, en Afrique on se pensait plus fort que les Asiatiques. En faisant, une analyse honnête nous dirions que toutes les équipes africaines sont rentrées en ayant marqué des points et c’est encourageant. À nous, maintenant d’analyser ces résultats, de comprendre ce qui a manqué, etc”