Jérémy Moulard : “Ils vont gagner de l’argent sur les frais de maintenance qui sont souvent plus hauts, qui posent aussi problème à Bordeaux”

    Sur France Bleu Gironde, dans l’émission 100% Girondins, Jérémy Moulard, de l’institut des sciences et du sport, à la question ‘Est-ce que c’est un hasard que dans les 5 stades les plus chères construits pour l’Euro 2016 (Lyon, Bordeaux, Nice, Marseille, Lille), quatre soient issus de partenariats public/privé (PPP) ?’ a répondu :

    “Non ce n’est pas un hasard. Il s’explique de deux manières : La première c’est que sur les stades que vous venez de citer on a construit, un petit peu comme le Stade de France à l’époque, à la va-vite. En 98 on se disait : il y a la Coupe du Monde donc il faut vite un stade, donc on va vite signer un contrat. C’est exactement ce qui s’est passé avec les quatre stades que vous venez de citer. Les partenariats public/privé sont un moyen de répondre de manière relativement rapide au déficit de stades de grandes capacités qu’on pouvait avoir en France. C’était assez simple de se dire qu’il y avait un acteur qui avançait l’argent, qui pensait à la conception du stade, qui le construisait, qui gérait la maintenance et qui gérait l’exploitation. En fait on s’est dit qu’avec des finances publiques qui étaient quand même relativement limites, presque critiques, que c’était la bonne solution à court terme pour pouvoir accueillir l’évènement. Sauf qu’un stade ça dure 30 à 40 ans sur un territoire, et si à court terme ça a permis de pouvoir accueillir l’Euro 2016, quatre matchs plus tard, notamment à Bordeaux, Nice ou Lille, on se rend compte que pour les clubs, derrière c’est un héritage qui n’existe pas du tout. Ce sont aussi des charges d’exploitation pour les clubs mais également pour les collectivités, qui sont très importantes. Quand on parle de coût de construction, il y a aussi des coûts d’exploitation de presque 13 millions d’euros par an à Lille ou à Marseille, qui doivent être pris en charge par la collectivité. On a des hausses d’impôts locaux au Mans qui ont dépassé les 207%,notamment sur la taxe de redevance. C’est en grande partie lié à la disparition du club et à l’arrivée du nouveau stade à l’époque. Le constat c’est que ces stades coûtent beaucoup plus chers et le deuxième constat c’est que derrière, le but de l’investisseur, notamment des PPistes, c’est de gagner de l’argent. Ils vont gagner de l’argent notamment sur les coûts de constructions. Il faut savoir que c’est à peu près 40% de marge, ils vont gagner de l’argent sur l’avance des frais financiers, c’est à peu près 26% de marge et puis ils vont gagner de l’argent sur les frais de maintenance qui sont souvent plus hauts, qui posent aussi problème à Bordeaux. On voit qu’il y a des conflits entre ce qui est facturé au club et à la collectivité, par les exploitants par exemple.”

    Retranscription Girondins4Ever