Rio Mavuba : “Tu n’es pas pris parce que tu n’as pas de carte d’identité, tu n’es pas français”

    Dans l’émission “Dans les yeux d’Olivier” sur France2, Rio Mavuba, l’ancien milieu de terrain et actuel dirigeant au centre de formation des Girondins de Bordeaux, s’est exprimé sur son passé. Il a évoqué la période où il n’avait pas de papiers et ne pouvait aller en sélection.

    Cela m’est arrivé après des sélections régionales. J’ai intégré des sélections jusqu’à 14-15 ans, là où tu commences à avoir les sélections jeunes pour  aller peut-être derrière en Equipe de France. La première ça a été puis la deuxième on m’a dit : tu n’es pas pris parce que tu n’as pas de carte d’identité, tu n’es pas français. C’est là où tout te revient à la gueule parce que j’avais grandi comme tout le monde. Comme tous les enfants j’allais à l’école, je faisais mon sport et là tu découvres un peu tout ça. C’était un moment qui m’a marqué aussi dans ma vie au centre de formation. Je me rends compte que je n’ai pas la vie des autres gamins avec qui j’ai grandi, avec qui j’ai joué, des footballeurs qui allaient en sélection avec moi, mes copains des Girondins. Je me dis que je suis différent. Je me sens un petit peu exclu. Si j’ai eu peur à ce moment-là ? Oui la peur parce que tu ne sais pas ce qui va se passer, est-ce que je vais continuer aux Girondins ? Au bout des premières sélections ils se sont dit : ça ne sert à rien qu’on le garde puisqu’il ne pourra pas aller aux tournois. Du coup j’ai fait une première sélection et après stop. C’était compliqué parce qu’on me prive d’aller en sélection, d’aller avec mes copains. Je me sentais français, c’est là où le sentiment d’injustice se crée, un peu d’incompréhension aussi mais j’avais mon quotidien aux Girondins qui m’aidait à passer à autre chose. Mais ce n’est pas facile à 14-15 ans quand tu vois un peu tous les meilleurs joueurs partir et que toi tu ne peux pas y aller. Ce n’est pas facile.”

    Puis il a réussir à obtenir sa carte d’identité et sa naturalisation française, notamment grâce à un gros travail des Girondins de Bordeaux.

    De recevoir ma carte d’identité et ma naturalisation, ça a été un soulagement je dirais. Un soulagement parce que c’est bon, je suis comme tout le monde, reconnu, et on n’a plus de soucis avec ça, on avance. Si j’ai pensé à mon père lors de ma première marseillaise ? Bien sûr que j’y pense parce que, Stade de France, à Paris, Equipe de France, match officiel, bien sûr que j’y pense. Pendant l’hymne il y a tout qui remonte.”

    Retranscription Girondins4Ever