Vincent Hardy raconte ses souvenirs aux Girondins de Bordeaux, de Claude Bez à l’épopée de 1996…
Via Bordeaux Le Mag, Vincent Hardy, ancien journaliste de TF1, qui a suivi les Girondins de Bordeaux pendant des années, a évoqué ses souvenirs concernant le club au scapulaire.
« Il y a l’enfance devant la télé, et ce match contre la Juve avec la frappe de Patrick Battiston. Sinon, ce sont des souvenirs incroyables. Je suis jeune journaliste, je démarre en 90 à TF1, et rapidement j’ai une bonne relation avec Claude Bez qui était assez particulier, qui accepte de me recevoir dans son bureau pour une interview qui dure une heure et demie. A l’époque, je n’ai pas tout pu diffuser, car il m’avait dit de ne pas dire certaines choses. Il parlait notamment de la façon dont, selon lui, il a été évincé politiquement par Michel Charasse (ministre du budget, ndlr), lequel était sous l’influence de Bernard Tapie. En tout cas, c’est ce qu’il me dit. Il me dit même qu’Adidas, c’est un délit d’initié. Je suis jeune journaliste, quand je raconte ça à Jean-Claude Dassier qui est notre patron à l’époque, il me dit que j’ai ramené du lourd. Mais évidemment, on ne peut pas le diffuser… ça démarre avec une relation assez forte avec Claude Bez, lui qui était assez virulent avec les journalistes. Sinon, il y a aussi les jeunes du centre de formation, Bixente, etc, la Ligue 2, la remontée, l’arrivée de Zizou, et cette génération avec Duga et Liza, qui va nous permettre de vivre de grands moments. Parallèlement, tous ces gens sont sélectionnés en Equipe de France, et ça va jusqu’à la magnifique épopée qui a suivi ».
Ces moments, c’est notamment 1996…
« Milan, j’ai deux images. Le match aller à San Siro. Je suis avec un journaliste de la Gazzetta, et je lui dis de bien regarder le numéro 7 (Zinedine Zidane, ndlr), et ‘tu m’en diras des nouvelles’. Et puis, il y a la fracture de la jambe de Franck Histilloles. Il ne s’en remettra d’ailleurs jamais. Bordeaux est dominé et perd 2-0. Puis, il y a ce match retour incroyable qui est diffusé sur Canal+. A Lescure, le public était très présent, c’était bouillant, et Bordeaux renverse le match parce que Milan les a pris un peu de haut. Bordeaux surfait sur l’euphorie du moment. Je m’en rappelle, dans les vestiaires, je vais voir Duga, et je lui dis ‘je t’embrasse ?’. Il est surpris (rires). C’était un grand moment. Derrière ça explose un peu parce que pas mal de joueurs partent à l’étranger, et rapidement Bordeaux se remet en selle avec Elie Baup et le titre de 99 qui était aussi un autre très beau moment car on les attendait tous à Lescure. Il y a eu une formidable communion ».
Une autre époque également de par la proximité qu’il pouvait y avoir : un club ouvert. Chose qui ne peut plus exister aujourd’hui avec les réseaux sociaux par exemple.
« Ce qui était toujours agréable avec les Girondins de l’époque, c’était ces rencontres au Haillan, les déjeuners au Château avec le Président ou un joueur, avec tout ce personnel super sympa. J’ai l’impression qu’on est dans une autre époque aujourd’hui où tout ça n’est plus possible. De la même façon que Thierry Roland me disait, quand il allait à Nancy et qu’il dormait parfois chez Platini ou un autre joueur, que ça avait vraiment changé. J’ai l’impression qu’on a vécu une autre époque que la sienne, mais qu’aujourd’hui on est encore dans une autre époque ».