José Scaglia (directeur sécurité Ajaccio) : “Il y a eu une défaillance des forces de l’ordre”

    José Scaglia, le directeur de l’organisation et de la sécurité de l’AC Ajaccio, à Corse Matin, est revenu sur ce qui s’est passé hier soir en tribunes lors de la rencontre face aux Girondins de Bordeaux. Pour se défendre, il vise directement les supporters bordelais évidemment, mais surtout les forces de l’ordre qu’il accuse de défaillance.

    “Il y a eu une défaillance des forces de l’ordre qui n’ont pas fait respecter l’arrêté. Il y avait sur place des agents des renseignements territoriaux de Bordeaux qui avaient identifié les fauteurs de troubles et qui savaient très bien comment ce plan allait se dérouler. Après, comment voulez-vous distinguer à la billetterie un Bordelais d’un autre, certains s’étant même vêtu d’un maillot ajaccien pour passer justement inaperçus […] La police savait que des supporters bordelais étaient là depuis quatre jours. Plusieurs dizaines sont arrivées par Figari. C’est une action préméditée. On a frôlé la catastrophe. Est-ce qu’on attend qu’il y ait un drame dans ce stade ? Des suites de ce qui s’est passé la saison dernière l’ACA a dépensé un demi-million d’euros pour les conventions avec les forces de l’ordre. On pourrait nous sanctionner pour des faits qui ne sont pas de notre ressort”.

    Pour rappel, le communiqué des Ultramarines :

    “En nous rassemblant au stade d’Ajaccio, nous n’avions qu’une volonté : accompagner nos joueurs dans cette rencontre. En France, supporter une équipe de football ne doit pas être un délit.

    Il y a d’abord eu cet arrêté insensé, pondu quarante-huit heures avant la rencontre… Tandis que certains supporters étaient déjà en route ou même arrivés sur place, d’autres s’apprêtaient à partir après avoir engagé de lourds frais.

    Mis sur le fait accompli, nous avions le choix: céder à la peur ou assumer fièrement notre soutien à nos couleurs comme nous l’avions fait par le passé lors de déplacements interdits (Strasbourg, Sochaux…) ou hostiles avec une sécurité minimale (Turquie, Grèce, Kazakhstan…)

    Après avoir accédé tardivement au stade, nous nous sommes rassemblés le plus loin possible du kop ajaccien, comme nous l’avons fait en diverses occasions dans ce genre de contexte. Notre volonté était claire : assister au match et supporter notre équipe, sans créer de vagues.

    Dès lors, nous avons subi les assauts incessants de supporters corses, essuyé des jets de projectiles nourris ayant provoqué des blessures légères. Un déferlement qui a provoqué l’interruption du match ainsi que notre exclusion du stade.

    Nous n’avons agressé ni insulté personne: nous avons pris des coups pour ce que nous sommes : supporters des Girondins, et pour avoir chanté un instant à la gloire de notre club légendaire.

    À travers cette communication, nous n’entendons pas pleurnicher mais plutôt assumer pleinement nos actes et leur donner une dimension politique. Car notre combat va bien plus loin que la passion de notre club.

    Nous ne sommes ni irresponsables comme l’ont été les instances avec cet arrêté absurde et tardif, ni lâches comme ces supporters ajacciens qui, au lieu de se montrer solidaires de ce combat commun, ont tiré une balle dans le pied au mouvement ultra.

    Par ailleurs, nous avons amèrement pris note du communiqué du club, celui-là même que nous étions venus supporter à grands coûts et pour lequel nous avons pris des coups, qui s’est empressé de nous livrer à la vindicte populaire.

    Quant aux supporters qui s’offusquent davantage de la présence d’ultras auprès de l’équipe que de leur prise à partie, nous les laissons à leurs tergiversations et à leur raisonnement simpliste dans lequel l’agressé finit par être responsable de sa propre agression.

    Pour finir, rappelons une évidence: les fermetures de parcages visiteurs mettent en danger les supporters adverses, et aucun arrêté n’empêchera la passion de supporters prêts à tant de sacrifices pour encourager leur équipe”.