Jérôme Latta : « De plus en plus de clubs ont attiré des investisseurs, des fonds d’investissement qui eux, ne viennent pas pour l’amour du club »
Sur France Bleu Gironde, dans l’émission 100% Girondins, Jérôme Latta, cofondateur et rédacteur en chef des cahiers du football, journaliste indépendant collaborant au journal Le Monde, s’est notamment exprimé sur le trading de joueurs. Il a cité Daniel Cohen, économiste qui disait “Le football est le seul cas où des jeunes souvent issus des milieux populaires, raquettent des milliardaires avec le consentement de ceux-ci”
« Si c’est ça un transfert ? C’est un peu ça. Tout l’argent va dans les joueurs, ce qui fait que l’économie du football n’est pas très rentable en soi. Mais de plus en plus de clubs ont attiré des investisseurs, des fonds d’investissement qui eux, ne viennent pas pour l’amour du club, comme certains milliardaires qui peuvent venir pour quêter un peu de notoriété ou par amour pour le football ou certains clubs. Les fonds d’investissement c’est pour avoir de la rentabilité. Comment avoir de la rentabilité ? Ce n’est pas évident. Soit on fait comme GACP avec les Girondins de Bordeaux, qui n’avait pas caché qu’en rachetant le club, il visait une revente à 5 ou 10 ans, avec plus-value. Donc en misant sur la croissance, la poursuite de la croissance des droits de télévision, puis l’économie du football en général. Puis il y en a d’autres qui se nourrissent sur la bête. On a vu ça, y compris à Manchester United, qui a été racheté avec une procédure qui consiste à contracter un emprunt et à se rembourser sur les revenus du club. Ce qui explique un peu pourquoi Manchester United n’a pas des performances et des résultats à la hauteur de sa richesse. Mais en tout cas, une des pistes de rentabilité c’est évidemment les plus-values et espérer sur la formation, la valorisation et la revente de joueurs. Ce qu’on a fini par appeler de façon assez cynique, le ‘trading joueurs’, qui décrit le fait que les joueurs deviennent des actifs spéculatifs qu’on forme et sur lesquels on espère des plus-values. C’est particulièrement vrai pour le football français, qui est un football qui a une formation très puissante. Le problème qui est apparu très tôt car dans les années 90 on parlait du pillage des centres de formation parce qu’il y avait des vides juridiques. Arsenal venait prendre Vieira et d’autres joueurs sans payer d’indemnités, aujourd’hui c’est un peu corrigé. En tout cas, un club formateur ne pouvait espérer profiter 2 ou 3 saisons du jeune espoir qu’il a formé et qui était déjà performant. Ce joueur laissait une trace et quand il partait c’était un peu aux bénéfices de tout le monde. »
Retranscription Girondins4Ever
Du lundi au vendredi, sur France Bleu Gironde, retrouvez l’émission 100% Girondins, animée et présentée par Dominique Bourdot à partir de 18h30. Vous pouvez retrouver le podcast de l’émission quelques minutes après la fin de celle-ci : ICI.