Triaud : « Je le regrette pour Francis »
Deuxième partie de l’interview L’Equipe, de Jean-Louis Triaud. Le Président bordelais ne s’attendait pas à une telle première partie de saison et le regrette pour son entraineur. Il n’hésite pas non plus à dire que la réaction des supporters est sans importance pour lui, du moins qu’il n’accorde pas plus d’intérêt à ce genre de chose, ne pensant pas que cela en vaille la peine. Sympa.
«Jean-Louis Triaud, en faisant venir Francis Gillot, cet
été, aviez-vous imaginé que Bordeaux connaîtrait un début de saison
aussi compliqué ?
Honnêtement, non. Et je le regrette pour Francis parce que
j’imagine ce qu’il doit ressentir. Il savait que le club sortait
d’une période compliquée. Je ne sais pas s’il pensait que ce serait
aussi compliqué… Mais la difficulté, le combat, il connaît.
Comment expliquer, alors, ces difficultés ?
Quand on est champion, il y a toujours un facteur chance : un but
sur un tir dévié, un poteau rentrant,… Quand on sort d’une saison
et demi compliquée, qu’on entame la nouvelle par deux matches
plutôt pas mauvais mais qui se terminent par un nul ou une défaite,
ça ne facilite pas l’euphorie dans une équipe. Au contraire. Ça ne
fait qu’entretenir un stress avec des effets forcément négatifs qui
ne font qu’aggraver les problèmes… Il y a un facteur psychologique
important dans les résultats.
La thèse de l’affaiblissement de l’effectif, avancée par
Guy Roux, est-elle également recevable ?
On peut le penser. Mais lors de notre deuxième partie de saison
assez catastrophique, les Gourcuff, Diarra, Chamakh, Wendel et
Fernando -dont on signale le départ aujourd’hui- étaient là.
L’affaiblissement en qualité sportive ne peut pas tout expliquer.
Il n’explique pas, par exemple, que l’on ait pu se retrouver 18e
alors que je suis persuadé que beaucoup d’équipes qui nous
précédaient nous étaient globalement inférieures.
Aujourd’hui, potentiellement, à quel niveau situez-vous
votre équipe ?
Quand treize équipes vous précèdent, c’est extrêmement compliqué de
faire un pronostic sur le classement. Pour l’instant, on pense
d’abord à s’extraire définitivement de la zone à risque. Même si
quand on est 18e, on ne peut pas ne pas en tenir compte, dans
l’absolu, je n’ai pas d’inquiétude majeure quant à notre maintien
en L1.
Francis Gillot a pourtant mis ses joueurs en garde
contre cette éventualité…
Parce que tout est possible. Il n’y a qu’à voir Lens, Nantes et
Monaco en L2, Strasbourg qui a pratiquement disparu du paysage
professionnel… D’ailleurs, ça existe partout. Qui aurait dit que
River Plate jouerait en deuxième division argentine ? La décision
se fera sur le terrain. Pas par rapport à l’histoire du club.
A titre personnel, comment avez-vous vécu la grogne des
supporters, mais aussi le fait que votre gestion soit remise en
question ?
Moi, ce qui m’intéresse, c’est le club. Le reste… Ça fait 16 ans
que je suis dirigeant, ça fait longtemps que j’ai appris à ne pas
accorder aux choses plus d’importance qu’elles n’en méritent.
L’idée de passer la main ne vous a jamais traversé l’esprit
?
Non, et la question ne se pose pas. Je suis associé à Nicolas de
Tavernost et M6 dans la vie du club. Sauf à ce qu’il me dise un
jour que ce serait mieux de me remplacer, mon devoir est de les
accompagner. Et puis, de toute façon, je n’ai pas le droit d’avoir
d’états d’,me. Je ne vais pas rajouter un problème à des problèmes
en décidant de baisser les bras. Ce n’est pas dans ma nature».
L’Equipe