FBK: « Je me fais pas mal charrier »
Bon client pour réaliser des interviews, Fahid Ben Khalfallah s’est livré à cet exercice pour So Foot. Dans cet entretien décalé, le milieu offensif bordelais revient principalement sur les derniers faits d’actualité qui se sont déroulés en Tunisie, mais également sa nomination par le journal Têtu. Le sujet du football est également évoqué, avec ce côté droit bordelais, pointé du doigt par Francis Gillot au cours des dernières semaines.
Avant la victoire de Bordeaux face à Caen samedi dernier (2-0), vous aviez déclaré que vous vous foutiez de tout ce qui ne concerne pas les Girondins. Vous allez mieux ?
Etant en position de relégable en jouant à Bordeaux, je n’avais pas à porter d’intérêt aux autres matchs. D’habitude cela ne me dérange pas de discuter, mais là j’étais en conférence de presse pour parler de Bordeaux et puis c’est tout. Je trouvais cela déplacé de parler d’autres matchs, en ce moment j’ai du mal à me concentrer sur autre chose que les Girondins.
Vous aviez également refusé de vous exprimer à propos de votre barbe, que vous auriez rasée pour protester contre l’élection d’Enahda en Tunisie…
Non, ça c’était pour rigoler. J’avais dit qu’à partir du moment où Enahda était passé, je ne voulais pas que certains pensent que… Déjà, je ne suis pas croyant. J’avais sorti cela en rigolant lorsque que quelqu’un m’avait demandé si je portais la barbe comme un signe religieux. Je lui avais répondu que je la portais parce que j’avais la chance d’exercer un métier dans lequel je ne suis pas obligé de me raser, c’est tout. Après, je ne sais pas comment cela s’est retrouvé dans la presse. Concernant Enahda, n’étant pas croyant, je ne comprends pas comment on peut baser un parti politique sur la religion. J’avoue que j’ai été déçu qu’un tel parti soit élu, même si cela s’est fait démocratiquement. Même chose lorsque je vois ce qu’il se passe au Maroc, j’ai du mal à comprendre. Tout le monde sait comment cela va se passer petit à petit. On espère une démocratie, mais voilà…
Même si Enahda se définit comme un parti islamiste modéré ?
C’est toujours ce qu’on dit pour se faire élire. Il n’y a qu’à voir ce qu’il s’est passé en Egypte : tout le monde était content du départ de Mubarak, et maintenant on voit que les militaires ne veulent pas lâcher le pouvoir. On se dit modéré pour se faire élire, et ensuite, petit à petit, on fait passer ses idées. Je ne suis pas croyant mais mes parents le sont et je respecte cela. Mais encore une fois, je ne comprends pas qu’on puisse baser un parti politique sur des fondements religieux. Je trouve cela un peu bizarre.
Vous êtes donc attachés aux principes de laïcité, présents en Tunisie depuis l’indépendance ?
Oui, parce que c’est un pays ouvert. Il y a beaucoup d’étrangers en Tunisie, dont beaucoup de Français qui sont catholiques ou des trucs comme ça, qui y vivent tout à fait normalement. Maintenant, que vont penser ces gens-là ? Il n’y a qu’à voir en Egypte les guerres qu’il y a eues entre Musulmans et Catholiques (il s’agit en fait de Coptes, qui sont d’obédiance orthodoxe, ndlr), c’est allé loin. C’est allé loin à cause de la religion. Donc voilà, j’espère qu’au niveau de la laïcité cela va rester comme avant mais j’ai des doutes parce qu’à partir du moment où on introduit la religion en politique cela devient compliqué. Mais je répète que je respecte les gens qui sont croyants, comme mon père qui est pratiquant, même si je ne le suis pas.
Vos parents vivent en France ?
Oui.
Justement, qu’avez-vous pensé de la polémique à propos des Tunisiens de France qui ont voté pour Enhada ?
Les gens qui doutent se raccrochent à la religion. Le peuple a voté, on ne peut pas y faire grand chose, il pense qu’Enhada est le parti le plus à même de remettre la Tunisie sur pieds. Il faut dire également que les gens avaient tellement de choix, il y avait tellement de partis, qu’ils ont choisi le mieux organisé, à savoir Enhada. J’observe qu’au Maroc les Islamistes sont également passés, qu’en Algérie on commence à se poser des questions… Concernant le fait que des gens vivant en France aient voté pour eux, je n’ai pas les compétences pour analyser cela.
Pour en revenir à votre barbe, si vous ne l’avez pas rasée par rapport à Enhada, cela a peut être à voir avec votre nomination parmi les footballeurs les plus sexy de L1 d’après le magazine Têtu ?
Non, non (rires). J’ai la chance d’avoir un métier dans lequel je n’ai pas de comptes à rendre à ce niveau-là. Je ne travaille pas dans une banque, je n’ai pas un boulot qui m’oblige à me raser donc j’en profite. J’aime bien l’avoir, et puis de temps en temps, quand j’ai le courage, je prends cinq minutes pour me raser. Pour ce qui est de l’élection du joueur le plus sexy, c’est toujours sympa d’être nommé. Le commentaire de Têtu à mon sujet, « We love les poils! », m’a fait marrer.
Vous avez un favori, parmi les 15 joueurs sélectionnés ?
Non, je ne suis même pas allé voir qui faisait partie de la liste, je me suis juste fait chambrer dans les vestiaires. Je me fais pas mal charrier avec ce truc-là.
Concernant le football, depuis quelques semaines vous jouez plus. Etes-vous plus à l’aise avec Chalmé ou avec Sané dans votre couloir droit ?
Il faut qu’on arrive à trouver des affinités. Le côté gauche marche bien avec Trémoulinas et Maurice-Belay.A droite, nous avons tous des qualités différentes, il n’y a pas de titulaire indiscutable, l’entraîneur change souvent. Il faut qu’on arrive à être aussi performant que notre côté gauche. Il n’y a pas de raison nous n’y arrivions pas, nous avons la qualité pour. Mais le fait de changer tout le temps ne nous aide pas. Le coach essaye de trouver la bonne combinaison, moi cela ne me dérange pas de jouer avec Sané ou Chalmé, il suffit de bien communiquer. Ce sont des joueurs intelligents, il n’y a pas de souci là-dessus.
Ils possèdent des profils bien différents…
Lamine (Sané) est beaucoup plus puissant, plus rapide. Il est plus défenseur. Matthieu (Chalmé) est plus fin techniquement, plus expérimenté aussi. Je m’entends bien avec les deux, je m’adapte. Si Lamine est derrière moi, je sais que défensivement c’est quelqu’un qui va très vite, alors que si c’est Matthieu, je sais qu’il va participer offensivement avec une bonne qualité de centre. Cela ne me dérange absolument pas de jouer avec l’un ou l’autre.
Après la défaite face à Lyon (1-3), quand Francis Gillot a demandé aux journalistes s’ils connaissaient quelqu’un capable de jouer à droite, vous avez réagi comment ?
Cela ne fait pas plaisir. L’entraîneur estime peut-être qu’il a besoin d’un joueur supplémentaire, mais nous on est là. Moi j’estime que je peux jouer, ou que d’autres peuvent jouer, mais cela ne fait jamais plaisir de se faire critiquer comme cela.
Vous avez l’impression que Bordeaux va mieux ?
Le truc c’est que ça va tellement vite… Avant le match contre Dijon on sortait de trois bons matchs, même si on n’avait pas pris autant de points qu’on pouvait l’espérer. Contre Brest (1-1), Ajaccio (2-0) et Paris (1-1) le contenu était bon, on avait montré de belles choses, on s’était créé des occasions en restant solides défensivement. Puis la défaite à Dijon (0-2) nous a remis en position de relégables et maintenant on est 14ème et on a la chance de recevoir Nancy qui est un concurrent direct pour le maintien. C’est un championnat qui a l’air d’être très bizarre, il faut qu’on le « plie » rapidement. Je suis persuadé qu’on a largement de quoi finir dans la première partie de tableau, mais l’objectif est le maintien, c’est clair et net. Il faut que nous fassions les meilleurs matchs possibles pour se maintenir le plus rapidement possible pour ne pas avoir peur. Après, on verra dans quelle partie de classement on pourra finir.