Mercato réussi pour les arrivées. Nouvelle politique validée. Merci.
On n’avait plus vu ça depuis des années, du moins aussi
intensément. Voici les Girondins de Bordeaux anticiper dans leur recrutement,
alors qu’ils sont souvent dans l’obligation de faire les choses
vite (et plus ou moins de manière hasardeuse) en fin de mercato,
voire de rectifier et ajuster au mercato hivernal ensuite… Ceci est
une révolution. Voici notre premier article sur le mercato
estival 2017, avant un second sur les départs.
Même si cela s’est fait dans la douleur avec le départ au dernier moment de Cédric Carrasso – et maladroitement dans la communication avec le joueur lui-même et les supporters – l’arrivée d’un gardien international, à moindre coût (libre) et dans la fleur de l’âge (avec aussi une éventuelle valeur marchande), ne pouvait pas être manquée. Et dans ce milieu, l’affectif et la crainte de la performance (liée pour ce cas précis aux blessures de ‘Carrass’) ont fait pencher la balance du côté du joueur du Stade Rennais, Benoit Costil. C‘est aussi peut-être l’un des changements de la nouvelle politique d’M6, plus ambitieuse, mais aussi et surtout bien décidée à optimiser le côté financier d’un club qui est depuis maintenant plusieurs années en déficit. Il paraîtrait même que Benoit Costil était d’accord dès le mois de mars avec le FCGB. Si ça, ce n’est pas anticiper…
Lukas Lerager. Des contacts établis depuis le mois d’octobre avec le joueur, une première grosse volonté de le faire venir – avec Younousse Sankharé qui n’était finalement pas un second choix, mais aussi un premier choix, comme l’avait expliqué Jocelyn Gourvennec – et voici donc le premier transfert des Girondins de la saison 2017-2018. International danois prometteur, le joueur a fait plus que confirmer en ce début de saison, en étant l’un des meilleurs joueurs, capable d’évoluer partout au milieu de terrain (et plus si affinités). Le transfert, pas anodin de 3.5 millions d’euros, s’annonce également comme une future plus-value. Le combo rêvé : plus-value financière dans le futur, élément essentiel dans le sportif. A ce moment de la préparation, l’on sentait clairement la volonté du club d’avoir son groupe complet le plus tôt possible pour préparer au mieux la saison et se donner toutes les chances pour l’Europe.
Alexandre Mendy, l’opportunité. Le joueur, qui avait signé en faveur de Guingamp la saison dernière pour Jocelyn Gourvennec, n’avait pas eu le privilège de jouer sous ses ordres, celui-ci s’engageant en faveur des Girondins de Bordeaux. Contre un petit billet, Bordeaux décida de l’engager, celui-ci présentant un autre profil d’attaquant, celui qui joue dos au but et dans la conservation. Il possède également encore une marge de progression et tout le monde sait qu’avec la confiance d’un coach, un joueur peut faire de belles choses. Un investissement avec peu de risques de pertes pour notre club, les 600000€ dépensés n’étant jamais insurmontables.
Puis vint le « chantier » d’un milieu de terrain de renom, et celui du latéral gauche. Pour le premier, Bordeaux voulait « frapper fort » (sur le plan médiatique aussi) selon son Président, et a jeté son dévolu sur Javi Garcia. Le dossier, vraisemblablement complexe – et pas validé par tous les décisionnaires – a été traité en parallèle avec celui de Nampalys Mendy. Devant la lenteur des négociations, pendant ce temps, Bordeaux ne chôme pas et souhaite recruter deux joueurs qui étaient déjà dans son effectif, mais qui n’étaient que prêtés : Vukasin Jovanovic et Youssouf Sabaly. Le premier est alors, après sa compétition ratée avec l’équipe de Serbie Espoir, obstiné par rejoindre les Girondins de Bordeaux qui feront ce qu’il faut pour le faire venir, en déboursant 3 millions d’euros (tout en concédant un petit pourcentage à la revente). Youssouf Sabaly, lui, pour qui le PSG ne voulait pas entendre parler d’un transfert dans un premier temps, a été aperçu par notre équipe le jour de la reprise… Un bon signe. Et effectivement, quelques jours plus tard il s‘engagea avec le club au scapulaire pour les quatre prochaines saisons, lui qui voulait aussi « enfin se stabiliser », et ce malgré quelques intérêts de la Turquie ou de l’Angleterre. C’est aussi un point très important, qu’il ne faut surtout pas sous-estimer : la volonté des joueurs de s’inscrire dans le projet des Girondins de Bordeaux. Élément essentiel et rédhibitoire pour l’entraîneur Jocelyn Gourvennec.
Le club va également connaitre un événement assez rare dans le milieu : recaler un joueur à la visite médicale. Si le club ne donna pas les raisons du refus du transfert de Wellington Silva, c’est son agent qui les donna, rendant ainsi le « secret médical » accessible et légal pour tous (car il s’agit bien sûr de rassurer les clubs sur l’état de santé de son client, et c’est certainement le principal intéressé qui donna l’aval à son conseiller pour dévoiler ces raisons). Des suites donc d’une crainte de pubalgie – et avec un passif du joueur au niveau de ses adducteurs peu reluisant – les Girondins ne prirent en aucun cas le risque de le faire signer. Le risque, mais mesuré, dans l’intérêt du club.
Alors, le club revient sur le dossier du milieu de terrain défensif. Nous avons avons d’ailleurs fait suivre le déroulement du dossier Nampalys Mendy, et contre vents et marées, nos informations se sont révélées exactes. Malgré un intérêt prononcé du joueur de rejoindre les Girondins de Bordeaux et Jocelyn Gourvennec, Leicester se montre intransigeant et ne veut entendre parler que d’un transfert. Pourtant, en ce dernier jour de mercato, et devant le manque d’offres correspondant à leur souhait, le club anglais décide de céder Nampalys à Nice, avec un prêt accompagné d’une option d’achat. Retour à l’envoyeur. Le dossier Javi Garcia n’avance toujours pas. Alors, Bordeaux joue sa carte brésilienne, avec un joueur suivi depuis près d’un an par la cellule de recrutement et Jocelyn Gourvennec lui-même : Otávio. Il s’agit là encore d’un investissement pour l’avenir puisqu’il s’agit d’un des meilleurs « volante » du championnat brésilien, qui possède l’avantage d’être jeune mais également mature : le compromis que le club et son coach apprécient. Là aussi, son début de saison, même si nous avons peu de matches pour en avoir la certitude, s’est montré très enthousiasmant pour l’avenir. Il s’agit tout bonnement d’un joueur aux mêmes caractéristiques que Jérémy Toulalan et cela tombe bien, il vient pour le remplacer, lui qui est descendu en défense centrale.
Mais il faut encore compenser la non-venue de Wellington Silva. Ainsi, Jonathan Cafú représente une opportunité, mais qui n’est pas des moins chères. Près de 7,5 millions d’euros dépensés pour ce joueur brésilien, qui a l’avantage d’avoir un passeport bulgare et donc de ne pas figurer dans la liste des extra-communautaires. Il s‘agit probablement du joueur qui colle le moins à la nouvelle politique entreprise par le club et M6, de par son coût, mais aussi par l’incertitude d’un joueur brésilien, sorti sur le tard, et évoluant dans un championnat d’un niveau moindre que la Ligue 1. Mais des Wellington Silva à 5 millions d’euros, il n’y en a pas des tonnes… D’autant que club souhaitait se garder la possibilité d’avoir un joueur communautaire en cas de bonne opportunité à saisir en fin de mercato.
Restait alors encore deux postes à pourvoir. Celui de latéral gauche et celui de l’attaquant. Pour ce premier, Natanael, lui aussi de Ludogorets, a finalement prolongé. L’on ne sentait pas non plus un grand intérêt du club bordelais de s’attacher ses services. D’autres noms ont été évoqués ici et là, mais ce qui empêcha surtout le club de passer réellement à l’action pour ce poste, est le nombre de latéraux gauches au sein de son effectif : Diego Contento, Maxime Poundjé et Théo Pellenard, les deux premiers ne trouvant pas de porte de sortie.
Nous revenons donc au poste d’attaquant, des suites de l’accord trouvé avec Malaga pour le prêt avec option quasi obligatoire de Diego Rolan. C’est un dernier coup de collier que les dirigeants bordelais vont donner avec les négociations ardues avec le LOSC, pour Nicolas de Préville, suivi depuis ses années rémoises par le club. L’affaire est bouclée la veille de la fin du mercato contre la coquette somme de 9 millions d’euros (+ bonus). Là aussi, cela faisait bien longtemps que Bordeaux n’avait pas misé autant d’argent sur un joueur expérimenté en Ligue 1, en recrutant chez un concurrent direct. Preuve d’ambition ? Assurément. Au moins, les Girondins s’en seront donnés les moyens.
Restait un coup à faire avec la volonté de départ de Thomas Touré, qui souhaitait du temps de jeu après une saison noire, entachée d’une blessure. Bordeaux tardera à donner son aval quant à ce départ (au 31 août, il y eut tout d’abord un échec des négociations en milieu de journée, avant qu’un accord soit finalement trouvé en fin d’après-midi avec le SCO d’Angers). Là encore, le FCGB avait pris les devants en misant sur le prêt d’un jeune (encore inconnu) Matheus Pereira, qui vient de la Juventus Turin sous forme de prêt, avec option d’achat. Un jeune joueur qui n’a pas réussi à s’imposer en Italie mais pour lequel la Juventus, qui a selon les médias italiens inclut une clause de rachat, pense qu’il peut démontrer tout son talent dans un environnement plus propice. Cela peut surprendre (malgré les qualités décrites du joueur) car l’on avait en notre possession un joueur acclimaté au championnat et qui avait l’envie de prouver, mais là encore cela correspond à un investissement potentiel sur un joueur qui a démontré des qualités « banquables ». Bon, il possède le même agent que Malcom, avec qui il a d’ailleurs joué aux Corinthians, mais ça, c’est probablement un hasard.
Au total, Bordeaux aura dépensé 32.6 millions d’euros pour le transfert de sept joueurs (si l’on se fit aux chiffres de la presse et nos informations, ce qui dans les deux cas n’est jamais malheureusement une science exacte). Un joueur est arrivé libre (Benoit Costil), un joueur a signé professionnel (Olivier Verdon), et un joueur arrive sous forme de prêt avec option d’achat Matheus Pereira. N’oublions pas non plus les deux « stagiaires pros », assurés d’avoir un contrat professionnel dans les années à venir : Gaëtan Poussin et Aurélien Tchouaméni. Bien sûr, il n’y a pas que l’argent qui compte et ce n’est absolument pas un gage de réussite, mais l’on ne pourra pas reprocher à M6 de ne pas avoir mis les moyens – intelligemment – pour constituer le groupe que Jocelyn Gourvennec souhaitait. « Un bon mercato, c’est déjà de garder son ossature » et là encore, Bordeaux et Stéphane Martin ont réussi leur pari. Mis à part Jonathan Cafú pour qui il existe une inconnue sur une éventuelle plus-value lors de la revente, Bordeaux s’est assuré des revenus confortables pour les années à venir, en espérant que ces joueurs grandissent et prennent de la valeur avec les bons résultats. Et certainement dans les quatre prochaines années puisqu’il s’agit, pour tous, mis à part le prêt avec option d’achat, de la durée signée par les joueurs arrivants dans notre club.
Un seul échec : le poste de latéral gauche
Les négociations pour Guilherme Arana ont été aussi cocasses que celles de Pablo Castro. Et pour cause, les Corinthians sont en grande difficulté financière, rendant les négociations extrêmement difficiles. Parallèlement à cela, le club brésilien souhaite jouer ses chances à fond dans la course au titre du championnat brésilien et se voir acheter le meilleur latéral du championnat en pleine saison, a été un frein incontestable dans les négociations. Bordeaux le voulait immédiatement, Corinthians ne voulait pas s’en séparer avant la fin de la saison. Si parfois les deux parties se sont sensiblement rapprochées sur ce dossier, il y eut de nombreux rebondissements qui ont fait que cela ne s’est pas fait. Il s’agit peut-être de la plus grande déception et du seul échec de la direction bordelaise pendant ce mercato car pour Guilherme Arana, si un accord avait été conclu pour un transfert en janvier – avant que d’autres clubs ne montrent un intérêt – les Corinthians ne se seraient pas vu trop « beaux » en demandant au fil du temps des sommes folles pour le transfert de leur jeune joueur. Et au final, Bordeaux n’y aurait rien perdu car l’on se retrouve dans le même cas de figure à l’issue de ce mercato : sans recrue au poste de latéral gauche.
D’autres pistes ont été explorées en parallèle comme Ferland Mendy (parti à Lyon sous d’étranges circonstances après s’être mis d’accord avec notre club), ou encore Natanael qui s’est peut-être servi de Bordeaux pour prolonger son contrat à Ludogorets… Mais dans la stratégie de notre club, aussi bien financière que sportive, c’était Guilherme Arana l’élu.
L’entraîneur bordelais Jocelyn Gourvennec dispose donc de l’effectif qu’il souhaitait – mis à part ce poste de latéral gauche – et désormais plus personne n’a d’excuses pour ne pas glaner de bons résultats, et réussir une saison où tout le monde a mis du sien pour que l’institution des Girondins de Bordeaux revienne sur le devant de la scène. Pour cela, les supporters peuvent dire merci à Nicolas de Tavernost, Stéphane Martin, Ulrich Ramé, la cellule de recrutement et Alain Deveseleer.
A Jocelyn Gourvennec et aux joueurs de finir le travail.
Le récap’
Benoît Costil : libre
Lukas Lerager : 3,5 millions d’€
Alexandre Mendy : 600 000€
Olivier Verdon : contrat pro
Youssouf Sabaly : 4 millions d’€
Vukasin Jovanovic : 3 millions (+% à la revente)
Otávio : 6 millions d’€
Jonathan Cafú : 7,5 millions d’€
Nicolas De Préville : 9 millions (+ bonus)
Matheus Pereira : prêt avec option d’achat