#Interview. Vincent Candela : « C’est toujours dommage de laisser un patrimoine du football, une ville comme Bordeaux, qui est importante dans le Monde entier, à un étranger »
Un champion du Monde sur Girondins4ever. À quelques jours du match de Ligue 1 entre Guingamp et les Girondins de Bordeaux, nous avons interviewé l’ancien latéral de l’Equipe de France, Vincent Candela.
Bonjour Vincent, que devenez-vous depuis votre fin de carrière à Messine en 2007 ?
Je suis toujours un peu dans le monde du football ; je fais un peu de radio, un peu de télévision sur Rome. Vu que ça fait 22 ans que j’habite à Rome. Et je m’occupe de mes deux restaurants sur Rome, voilà. Je ne m’ennuie pas, et en plus de ça, j’ai quatre enfants.
Beaucoup d’anciens joueurs, comme Zinédine Zidane, Didier Deschamps, sont devenus entraîneurs. C’est une fonction qui vous plairez ?
Ce n’est pas facile. Didier Deschamps, Laurent Blanc, on voyait déjà qu’ils seraient entraîneurs, déjà sur le terrain. On savait comme ils étaient, comme ils pensaient, les valeurs qu’ils avaient. Zinédine a aussi pris cette direction, et a fait des choses extraordinaires. Gagner deux fois la Ligue des Champions… C’est bien de les voir, mais pour moi, c’est un peu trop de boulot ! J’ai ce côté italien, d’être tranquille tous les jours. Parce que repartir dans les voyages, repartir dans le stress… Joueur de foot, ce n’était pas trop stressant. On me dit qu’entraîneur, c’est déjà plus stressant. S’occuper des joueurs, ceux qui jouent, ceux qui ne jouent pas, l’équipe adverse… Donc, je n’y ai jamais pensé. Après, il faut voir, il y a toujours des solutions. Mais je suis bien à Rome, je n’ai pas l’intention de bouger.
Vous déclariez en 2014, sur RMC, déconseiller à Zinédine Zidane justement, de ne pas commencer sa carrière d’entraîneur aux Girondins de Bordeaux. Pour quelles raisons ?
Je l’ai dit, et je me rappelle qu’en 2014, il n’avait jamais entraîné. Commencer avec Bordeaux ? C’était peut-être mieux de commencer avec Madrid. Il est bien à Madrid, il a fait son expérience avec la réserve. Avec une réserve, on peut se tromper, tout le monde peut se tromper. Si tu commences avec Bordeaux, où c’est plus difficile… Les équipes comme Bordeaux, tu te retrouves dans la bataille du championnat français, il aurait été attendu de tous les côtés. C’est ce que tu attends de Zidane, un des meilleurs joueurs au Monde. Je pensais que c’était mieux de commencer avec la réserve de Madrid et attendre le moment juste pour prendre le Real Madrid (La première). C’est passé, il a pris sa chance, et il a gagné deux Champion’s League. Donc ça n’a pas été mal pour lui. C’est donc dans ce sens-là que je pensais que, commencer à Bordeaux, dans une équipe pas facile, car elle ne gagne pas tous les championnats, on aurait attendu de suite la victoire, comme on a l’habitude avec Zidane.
Beaucoup d’anciens joueurs finissent leurs carrières en France. Vous avez fini la vôtre en Italie. Aviez-vous eu des contacts à l’époque pour revenir dans l’hexagone ?
Ça dépend des choix. Moi, j’ai fait, on va dire, « ma plus belle » carrière en Italie, le championnat que je connaissais le mieux. J’ai arrêté assez jeune, à 33 ans, et j’avais autre chose à faire. Revenir à 32-33 ans, quand on est presque sur la fin, où l’envie est moins forte que quand on a 20 ans, cela n’aurait pas été bien pour moi. Parce que justement, j’ai fait ma plus belle carrière en Italie et revenir en France sur la fin, je ne trouve pas que cela aurait été un bon choix. À moins que ce soit pour moi, mais je n’ai jamais joué pour l’argent. Sinon, je serais parti à l’époque à Dubaï ou en Chine. Mais non, je préférais arrêter et vivre ma liberté.
Cela évoque Christophe Dugarry, mon ami. Bixente Lizarazu et Zinédine Zidane […] Une des plus belles villes de France
Vous aviez eu des contacts en France malgré tout ?
J’ai eu quelques opportunités. Oui. J’ai eu quelques opportunités pour revenir dans le championnat français. À un moment, on parlait justement de Marseille. Et dans la ville où j’ai commencé, à Toulouse, où j’ai joué quelques saisons. Mais ce n’était pas le bon moment.
Quel regard portez-vous sur Guingamp, dont vous avez porté les couleurs pendant deux saisons ?
Guingamp, c’est un très bon souvenir. J’étais jeune, on a fait la Coupe Intertoto. On a joué contre l’Inter Milan. C’était magnifique ce stade du Roudourou. J’ai un très très bon souvenir. Même s’il pleuvait beaucoup mais, ce n’était pas grave car c’était tellement magique. J’ai revu des joueurs. Guingamp reste un trèc bon souvenir.
Quel regard portez-vous maintenant sur les Girondins de Bordeaux ?
Cela évoque Christophe Dugarry, mon ami. Bixente Lizarazu et Zinédine Zidane. C’était beau quand ils ont joué contre Milan, cela me fait penser à ça. Je pense aussi à Laurent Blanc qui a gagné le championnat avec Bordeaux. C’est une très belle région, que je connais. Le Cap Ferret, les grands vins bien sûr, c’est banal de le dire. Une des plus belles villes de France. Au niveau football, qui a eu des hauts et des bas, mais ça reste toujours une bonne équipe. C’est ce qui me vient à l’esprit en parlant de Bordeaux.
Que pensez-vous de l’arrivée de potentiels investisseurs américains à Bordeaux ?
Si ça fait du bien pour le football français, c’est toujours dommage de laisser un patrimoine du football, une ville comme Bordeaux, qui est importante dans le Monde entier, à un étranger. Mais, malheureusement, c’est la loi du marché. Mais c’est bien pour le football, il n’y a pas que le Paris-Saint-Germain ou Monaco. Si à Bordeaux il y a des sous, cela peut faire du bien au championnat français, donc pourquoi pas.
Comment expliquez-vous qu’il n’y ait plus autant de joueurs français expatriés en Italie, qu’il y a 10 ans par exemple ?
Il y a 20 ans, quand je suis arrivé en 1997, le championnat italien était le plus beau, le plus riche, le plus dur du Monde entier. Je me rappelle de l’Equipe de France championne du Monde, on était un paquet à jouer en Italie. Aujourd’hui, le championnat italien a beaucoup baissé, il y a beaucoup de joueurs qui vont en Angleterre. D’après moi, c’est le championnat le plus beau et le plus dur aujourd’hui. C’est pour cela que les meilleurs français qui partent à l’étranger, préfèrent aller en Espagne ou en Angleterre qu’en Italie.
On vous sait très ami avec un ancien bordelais, Christophe Dugarry. Comment êtes-vous devenu si proche ?
Quand on a les mêmes valeurs, en tant qu’hommes, où on est en harmonie… On a les mêmes valeurs, à la longue, ça reste. Les vraies amitiés, c’est rare. Et quand on trouve quelqu’un de bien, d’honnête et qui essaie de rester pour l’amitié, c’est encore aujourd’hui, un énorme plaisir, quand on se voit avec Christophe Dugarry. On a tellement d’anecdotes. On a vécu tellement de bons moments pendant la Coupe du Monde, sur le terrain, en dehors du terrain… Manger et boire un coup entre amis, c’est extraordinaire.
Merci à Vincent pour ce moment, et bon séjour 😉