InterviewG4E. Paul Bernardoni : « M’imposer sur la durée aux Girondins, ce serait magnifique »

    À quelques semaines de la reprise du championnat avec sa nouvelle équipe du Nîmes Olympique, Paul Bernardoni s’est confié pour Girondins4Ever, sur son histoire avec les Girondins de Bordeaux, son challenge avec les Crocos Nîmois, Gustavo Poyet, Cédric Carrasso et l’Equipe de France, entre autres. Gros plan.

     

    Paul Bernardoni

     

    Salut Paul, comment te sens-tu quelques jours après l’officialisation de ton prêt au Nîmes Olympique, et tes premiers pas sous le maillot des Crocos ? 

    Très heureux ! Très heureux pour commencer, car je continue dans ma progression, je continue à jouer. Si j’y suis allé, c’est que le projet m’intéressait. Très heureux, j’ai été très bien accueilli, on a déjà commencé les entraînements, c’est assez intensif. Donc on se prépare bien pour le début du championnat.

     

    Quel a été le discours de Bernard Blaquart à ton arrivée ? (Bernard Blaquart, girondin de 1976 à 1981, avec une pige d’un an à Toulouse)

    Avec le coach, ça a été très simple. J’ai eu le coach, le directeur sportif et l’entraîneur des gardiens au téléphone et les 3 ont eu le même discours. Je viens pour être numéro un, pour jouer, pour progresser. On a tout de suite élaboré une ligne de mire et on travaille tous dans le même sens.

     

    Hormis Nîmes, avais-tu d’autres propositions sérieuses ?

    Il y en a eu mais, Nîmes était la plus concrète et c’est aussi celle qui m’intéressait le plus. À vrai dire, à partir du moment où Nîmes est arrivé, même s’il y en avait peut-être une autre (offre), je me suis concentré sur celle-ci, et on a tout fait pour que ça passe.

     

    Tu as été élu meilleur gardien de Ligue 2 l’année dernière. Quels sont les points positifs de ce prêt à Clermont ?

    Il n’y a que des points positifs ! Il fallait absolument que je rejoue parce que je sortais d’une saison et demie blanche. Je suis arrivé dans un groupe EXTRAORDINAIRE ! C’était une bande de copains ! Aujourd’hui, on a encore un groupe WhatsApp où on discute tous ensemble. C’est vraiment une équipe sublime. Après, pour un but, on n’est pas allé en play-offs donc c’est dommage mais en toute sincérité, vraiment très très heureux de ce prêt à Clermont qui m’a vraiment permis de me relancer, ou de me lancer… Vraiment, cela a été un prêt magnifique !

     

    D’un point de vue extérieur, c’est vraiment ce que l’on ressentait…

    Oui oui, c’est beaucoup de plaisir ! Je descendais en Ligue 2, donc je reculais d’une division mais, comme on dit, c’est reculer pour mieux sauter. Puis même, cela m’a permis de découvrir un autre championnat aussi. Très sincèrement, cela a été bénéfique pour moi et je pense, pour tout le monde aussi.

     

    Paul Bernardoni
    Photo Clermont

     

    Tu signes ton premier contrat professionnel en juillet 2014 à Troyes, avec Jean-Marc Furlan, alors entraîneur de l’équipe. Que retiens-tu de ce technicien, vrai formateur de talents, qui disait alors le plus grand bien de toi ? (« Quand tu as un international dans ton club, c’est une référence. On ne voudrait pas se le faire voler par des clubs étrangers »)

    J’en retiens beaucoup de choses parce que c’est quand même le coach qui m’a lancé. En général, on se souvient toujours du coach qui nous lance… Je pense que sa réputation, on n’a pas à la refaire, c’est un coach qui fait jouer ses équipes, qui sait bien les faire jouer. Et je pense que si l’ESTAC est remonté, a peut-être fait le yo-yo pendant quelques années, c’est quand même lui qui a fait que l’ESTAC est devenu un club qu’on respecte un petit peu en Ligue 1 ! Au moins, l’ESTAC a une identité de jeu et ça, c’est grâce à lui. Je pense qu’en termes technique et tactique, c’est un des meilleurs. Très sincèrement, avec Pascal Gastien, que j’ai eu à Clermont, ils aiment le foot, ils aiment le beau jeu. C’est un passionné, donc c’est vachement agréable quand tu es joueur.

     

    Tu as connu Cédric Carrasso à ton arrivée aux Girondins, lui qui était alors gardien depuis 10 ans. Quelle était votre relation ? Quel rôle avait-il auprès de toi ?

    Il n’avait pas spécialement de rôle. Après, moi, quand je suis arrivé, lui, malheureusement, était blessé. Donc il n’était pas là au début puis, après, moi, je suis parti à l’Euro, et après c’était lui le numéro un. J’ai beaucoup de respect, parce que c’est un grand gardien, et il a fait de grandes choses aux Girondins de Bordeaux. On a été comme 2 gardiens qui travaillent ensemble. Cela a été très enrichissant d’être à ses côtés. On apprend de tout le monde comme avec Benoit Costil aujourd’hui. Même si je n’ai passé qu’une petite semaine avec lui, c’est toujours intéressant d’échanger avec des gardiens qui ont été internationaux, c’est vraiment très intéressant.

     

    Bordeaux était dans une situation où il comptait 4 gardiens pros à l’intersaison, en plus de Gaëtan Poussin, très souvent appelé avec les pros l’an dernier. Comment as-tu vécu cela à ton retour de prêt ?

    En fait, c’était clair et net : j’avais eu le coach et le président plusieurs fois au téléphone, je voulais jouer et je savais bien que Bordeaux voulait me garder en numéro 2. Moi je ne voulais pas refaire une saison sur le banc, parce qu’il faut jouer, surtout quand on est jeune. Bon, dans une carrière, c’est toujours mieux de jouer, mais avec moi c’était assez clair. Après, je me suis dit que ça allait se faire, mais que ce n’était qu’une question de temps. Comme à mon habitude, il faut attirer le prochain, il ne faut pas de signe négatif. Parce que déjà, il ne doit pas y en avoir, on fait le plus beau métier du monde. Puis, cela m’a permis de découvrir Benoit, car je connaissais déjà Jérôme, Gaëtan et Over.

     

    Cet été, tu signes en prêt à Nîmes : Est-ce que Gustavo Poyet a tenté de te faire rester ou a-t-il compris le fait que tu souhaitais être numéro un ? 

    On a eu plusieurs discussions avec le coach. Au début, le coach m’a clairement dit qu’il voulait que je reste, il voulait être sûr et certain d’avoir 2 gardiens avec Benoit et moi. Mais après, le coach a tout-à-fait compris que j’avais envie de jouer. Lui aussi a été joueur, donc il l’a très vite compris. Et c’est pour cela, qu’à un moment, ils m’ont laissé partir.

     

    Paul Bernardoni
    Photo Nimes Olympique

     

    Quels arguments a-t-il mis en avant pour que tu restes aux Girondins ?

    Comme quoi on allait bien travailler, on allait progresser. Il n’a pas nécessairement essayé de trouver des arguments, parce qu’il a vu que je suis resté droit dans mes baskets. Je n’ai pas changé de discours donc il a aussi vu que cela ne servait pas à grand-chose de vouloir insister parce que même lui, à un moment, il m’a dit « Je comprends que tu aies envie de jouer ». Il n’y a pas eu spécialement d’arguments mais en tout cas, et ça je l’ai bien vu, que l’on travaillait très bien.

     

    Il y avait-il une chance que tu restes cette saison aux Girondins ? 

    Tu sais, dans le foot, il y a toujours des chances. Mais après, vu que j’avais tellement cette envie de jouer que, ça allait être compliqué. Mais c’est aussi pour ça, je pense, que les Girondins ont voulu me faire prolonger.

     

    Puis Benoit Costil a 31 ans, il ne restera peut-être pas encore 10 ans au club…

    Après, on ne sait jamais. En tout cas moi, de ce que j’ai vu pendant la semaine et demie, c’est vrai que c’est un SUPER mec. On allait manger au restaurant ensemble, c’est quelqu’un de très gentil. Puis moi, il fait partie des grands gardiens français, il faut être honnête. Il faut quand même respecter la personne.

     

    Tu es très apprécié aux Girondins, espères-tu t’y imposer sur la durée ? Quel est ton lien avec ce club ?

    Pourquoi pas ? Ce serait magnifique, évidemment. Mais on verra aussi, en fonction de ce que le club veut, et de ce que je veux aussi, si on est sur la même longueur d’onde. Moi je suis très heureux qu’ils me laissent encore l’opportunité de jouer, de progresser. Là aussi, on a le même objectif.

     

    De ta jeune carrière, as-tu un choix que tu regrettes d’avoir fait ?

    Beaucoup de gens m’ont dit « Est-ce que tu ne regrettes pas d’être parti à Bordeaux ? ». Pas du tout ! Au début, c’est ce que les gens m’ont dit, et je me l’étais mis dans la tête. Et puis, au final, quand j’ai vu la saison que j’ai faite à Clermont, je me suis dit que si je n’avais pas vécu cette année très compliquée, où je n’avais pas joué. Je pense que mentalement, je n’aurais pas fait la saison que j’ai faite. Cela m’a permis de regarder les choses différemment, de me rendre aussi que les désillusions, cela fait partie du sport. Il faut dire ce qui est : à Troyes, j’étais sur un truc linéaire. Depuis tout jeune, j’ai toujours eu une ascension linéaire, où tout se passait très bien, même très vite. Du coup, cela a été le premier gros échec. Mais honnêtement, je n’ai aucun regret. L’année dernière, j’ai beaucoup profité de ma dernière soirée avec les copains du Clermont Foot, car c’était la dernière fois que je les voyais. Mais je n’ai aucun regret non.

     

    Benoit Costil et Paul Bernardoni

     

    Tu es le genre de garçon à t’enrichir de toutes les expériences…

    Exactement, il faut prendre tout ce qu’il y a à prendre. Si tout était linéaire, ce serait génial. Même un garçon comme Kylian Mbappé, je ne pense pas que tout soit linéaire depuis le début de sa jeune carrière, alors qu’il fait des choses extraordinaires.

     

    As-tu, un championnat, des équipes où tu aimerais évoluer un jour ?

    Depuis tout petit, j’ai toujours espéré évoluer en Ligue 1 un jour. Je pense que l’on a quand même un très bon championnat. Après, j’aime bien les championnats du style Italie, Espagne, Angleterre. J’aime bien ces 3 championnats là. Même les 5 gros, avec l’Allemagne et la France. Je n’en ai pas un que je préfère spécialement, mais c’est clair et net que, aujourd’hui, jouer en Ligue 1, c’est une grosse fierté !

     

    Qui est ta référence au poste de gardien de but ?

    Ma référence, c’est Grégory Coupet. L’ancien gardien de l’Olympique Lyonnais, dont j’étais vraiment fan. Je n’ai pas honte de le dire, c’était mon idole ! Il faut dire aussi ce qui est : le PSG nous donne aujourd’hui le privilège d’avoir un gardien comme Gianluigi Buffon dans le championnat. À part les remercier, je ne vois pas ce qu’on peut faire. Comme gardien, c’est une légende. Après, j’aimais beaucoup les gardiens comme Edwin Van der Saar, à l’époque. Mais aujourd’hui, des Thibaut Courtois, des Hugo Lloris, c’est juste génial.

     

    J’imagine que le jour où tu vas jouer contre le PSG, ça va être incroyable…

    Je mettrai les émotions de côté, mais à la fin, j’irai le saluer et surtout le remercier pour ce qu’il fait pour ce poste de gardien de but. À 40 ans, jouer au PSG, c’est juste incroyable. C’est un génie.

     

    Paul Bernardoni
    Photo UEFA

     

    Quand on voit ton nombre élevé de capes dans les équipes de France de jeunes, est-ce que l’on pense à la Coupe du Monde 2022 ?

    Non, honnêtement, non. Je suis quelqu’un qui a vraiment du mal à se projeter. Il s’est passé tellement de choses pour moi dans ma carrière que cela ne sert à rien d’essayer de se fixer des étapes parce que cela se fait au jour le jour. Bien sûr, on l’espère tous un jour mais honnêtement, ce n’est vraiment pas à l’ordre du jour. La vérité, c’est que j’espère faire de tout cœur l’Euro espoir, jouer, et essayer de le remporter, que regarder vers 2022. On verra où est-ce que j’en serai à ce moment-là, mais d’abord le championnat d’Europe 2019.

     

    Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter collectivement et individuellement pour cette saison ?

    Individuellement, de réaliser une grosse saison, de rester sur les mêmes bases qu’à Clermont. Bien progresser, franchir des capes, encore et toujours. Réaliser une grosse saison. Pour le Nîmes Olympique, faire une énorme saison, essayer de se maintenir, faire un peu comme on fait Amiens, Strasbourg.

     

    Joueras-tu contre les Girondins de Bordeaux cette saison ?

    Oui, il n’y a pas de clause, donc je devrais jouer oui.

     

    Un petit message pour les supporters bordelais ?

    Merci pour le soutien de l’année dernière. J’avoue que je ne m’y attendais vraiment pas puis j’ai vachement été soutenu, et regardé, mine de rien. Même, à un moment, le community manager de Clermont est venu me voir et m’a dit « Il n’y a que Bordeaux qui commente mes publications ». Je lui ai dit « C’est ça, ils aiment leur club, ils aiment les joueurs de leur club ». Continuez à soutenir Bordeaux, continuez à les aider, même dans les mauvais moments, parce que cela arrive malheureusement. Comme on l’a vu, l’année dernière, ils ont eu une saison compliquée mais au final, ils sont quand même 6èmes et vont jouer les barrages. Dans le sport, tout est possible, continuez à les aimer, parce qu’ils le méritent.

     

    Paul Bernardoni, douceur et maturité. Un plaisir de t’avoir interviewé, bonne saison avec Nîmes !