Laurent Crocis : « Vous avez un modèle économique qui n’est pas viable. Vous avez un déficit structurel régulier »
Laurent Crocis, co-auteur du dossier sur les Girondins de Bordeaux dans France Football, a réexpliqué depuis le rachat ce qui s’était passé au niveau financier, jusqu’à aujourd’hui.
« Depuis le début, on sait que le montage est bancale. Il l’est dès le départ. Pour être simple et clair, sachez que ce montage financier est classique. Le modèle économique, c’est celui de Manchester United en 2005 quand ils sont rachetés. On monte un tour de table et c’est le club qui va payer les intérêts et d’autres choses. C’est un modèle économique qui fonctionne si vous avez des produits dérivés, un montant de droits télé, des recettes billetterie importantes et hospitalités c’est-à-dire les loges, etc… Dans le cas de Bordeaux, quand GACP veut se lancer dans l’affaire, ils font un tour de table. Ils ont du mal à le réunir. C’est pour cela que ça a traîné. En septembre, il y a les premiers contacts mais ça traîne. Fin juillet ils viennent, M6 via Nicolas de Tavernost annonce les négociations exclusives. Pourquoi ça a trainé ? Parce que GACP dans le projet initial devait apporter 20M€. Finalement, ils n’ont apporté que 2M€ et c’est King Street qui a augmenté sa participation avec des actions normales et des actions préférentielles, où c’est quasiment automatiquement des dividendes. Ce qui fait que le club paye 10M€ par an entre les dividendes à King Street et les intérêts. On rajoute à ça les 11M€ de masse salariale évoqués par Joe DaGrosa en septembre 2018, on rajoute à ça les 10M€ de manque à gagner d’une qualification en phase de poule, c’est ce qui avait rempli les caisses après le match contre la Gantoise. Ca fait quand même un sacré delta sur un budget de 65 voire 63M€ vous avez 10M€ de dividendes, 11M€ de masse salariale, 10M€ de perte de phase de poule… En fin de saison 2018, les Girondins sont 6ème ont une manne de droits télé versée par la Ligue plus importante que quand ils terminent l’an dernier dans la seconde partie. C’est un modèle économique qui n’est pas viable parce que vous n’avez pas les ressources. Vous n’êtes pas comme Manchester United ou comme Lyon, propriétaire de votre stade. Vous avez quoi comme leviers de croissance ? Vous avez ce qui a été écrit dans le business plan. Business modèle que la DNCG a bien retoqué, c’est-à-dire la billetterie, les loges, les hospitalités et les produits dérivés. Les produits dérivés, on savait tous qu’il y avait 1M€ de pertes quasiment à la fin de la saison 2018 et on a augmenté le nombre de commerciaux… Vous avez un modèle économique qui n’est pas viable. Vous avez un déficit structurel régulier. On sait très bien que M6 pendant la période où il a été propriétaire a versé 150M€ pour combler les pertes. Comment voulez-vous qu’un fonds d’investissement en l’occurrence King Street puisse s’y retrouver ? Quelle est la logique ? ».