Paul Bernardoni, le rendez-vous manqué
8 juin 2020. 19h42. Le mercato est lancé. Paul Bernardoni quitte définitivement les Girondins.
Pur produit de la formation troyenne, Paul Bernardoni signe en professionnel à l’ESTAC en juillet 2014. L’homme n’a alors que 17 ans mais en fait déjà le double. Ses débuts sont prometteurs, il intègre très vite l’équipe de France U17. Puis les mois passent, « Berni » gravit les échelons, à l’image de son équipe. Premier match en Ligue 2 en mars 2015, en Ligue 1 en août 2015. Bernardoni épate par sa précocité… capillaire mais pas seulement.
Et puis le grand départ, loin du club qui le chouchoutait depuis 3 ans, mais un choix ambitieux pour un si jeune garçon. Sur les tablettes des dirigeants bordelais depuis la terrible rupture des ligaments croisés de l’indétrônable Cédric Carrasso, Paul Bernardoni arrive au club une semaine après, alors que l’on attendait l’ancien parisien Salvatore Sirigu. Le natif d’Evry est prêté 6 mois en Gironde. 6 mois de galère pour ce jeune prodige. Arrivé pour suppléer Jérôme Prior dans les buts, Paul ne trouve pas sa place et ne rassure pas lorsqu’il est aligné. Son premier match, le 3 février 2016, au Groupama Stadium, tourne au fiasco (3-0). Une sortie ratée, une faute de main… les débuts de Bernardoni sont délicats. Il sombre une nouvelle fois 4 jours plus tard contre Saint-Etienne : 4-1. 7 buts encaissés en 2 matchs… une stat qui fait peur. Bernardoni inquiète, le jeune surdoué est moqué sur la toile et perd le peu de confiance en lui qu’il avait auparavant. L’Equipe parle même d’un joueur « surcoté ».
Et puis, contre toute attente, l’été suivant, il est transféré définitivement au club. Après cette signature, le portier passe numéro 3 dans la hiérarchie des gardiens de buts des Girondins. Une saison 2016-2017 sans jouer le moindre match. Bernardoni reste persuadé qu’il réussira à s’épanouir ici, lui qui n’a aucun regret et affirme avoir déjà beaucoup appris depuis février. Bernardoni vit le départ de Cédric Carrasso en fin de saison comme une aubaine. Il va enfin pouvoir s’épanouir dans ce grand club. Mais, le 24 mai, l’arrivée de l’ancien Rennais, Benoît Costil, le pousse à vouloir s’en aller. Il est franc : il ne jouera pas aux Girondins en doublure. Une solide saison à Clermont lui permet de rebondir et de rejoindre, en prêt toujours, le promu nîmois. Là-bas, il redécolle enfin et prouve au football français que c’est bien lui le successeur d’Hugo Loris, et personne d’autre.
Deux saisons sont passées, « Berni » n’a pas changé, il reste le même compétiteur qu’auparavant, caractérisé par une exigence hors norme le poussant à sans cesse rêver plus grand. Parce qu’il n’a jamais grillé les étapes, lui. C’est donc un crève-cœur de voir partir cette jeune pépite, encore une… En espérant que les dirigeants des Girondins ne s’en mordent pas les doigts dans quelques années, quand le roc bordelais, Benoît Costil, dira stop, et que celui qui représente l’avenir du football français flambera au sommet des plus grands clubs européens.
Bonne route champion !
Sa déclaration sur son départ de Girondins (RMC, 10 juin 2020) :
« Je n’ai pas eu l’opportunité déjà de m’imposer, et ensuite parce que je cherchais vraiment un poste de numéro 1, qu’on me fasse confiance. Angers est arrivé avec tous ces éléments. Bordeaux ne pouvait pas me les donner. Donc voilà. Et je pense aussi que ça arrangeait tout le monde. Moi, ça m’arrangeait parce que je voulais continuer à jouer, progresser. Et Bordeaux avait besoin de me vendre. Bordeaux m’avait acheté 3 millions. […] Si le climat à Bordeaux a refroidi mes attentes ? Honnêtement, non. Mine de rien, cela fait trois ans que je suis prêté. Je suis quand même assez loin de tout ça. J’apprends dans la presse ce qui se passe, mais je suis à fond dans le club où je suis, tout en étant prêté. Ce n’est pas que ça m’a refroidi, non. De toute façon, j’avais bien compris que dans tous les cas je ne repartais pas numéro, 1, et je voulais continuer à jouer. C’est pour ça que je suis content que Bordeaux ait très vite compris en me transférant, que je veux continuer à jouer et à évoluer. C’était surtout ça qui a fait que mon choix était de m’en aller ».
Faut-il laisser encore du temps aux Girondins de Bordeaux ?
- Non, cela fait 14 journées, c'est bon, ils ont eu trois mois pour construire (47%, 2 633 Votes)
- J'attends la mi-saison pour me prononcer et vraiment m'alarmer ou au contraire, positiver (35%, 1 968 Votes)
- Oui, il y a eu beaucoup de circonstances qui font qu'on est en retard, et on n'est pas épargné par les blessures non plus (17%, 964 Votes)
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