Alain Giresse : « Les Girondins étaient idolâtrés dans la région. Je ne pense pas qu’aujourd’hui les jeunes de la région ont un tel attachement pour les Girondins par rapport à l’équipe première, au club, à l’image »
Alain Giresse, dans NousLesGirondins sur GirondinsAnalyse, a évoqué ce qui a changé au niveau du centre de formation des Girondins de Bordeaux, entre son époque – où ce n’était pas réellement un centre de formation d’ailleurs – et aujourd’hui.
« Ça ne recrutait que dans le Sud Ouest, dans l’Aquitaine. Les joueurs venaient du Pays Basque, des Landes, etc… Ce qui a changé c’est que tout d’un coup, tous les clubs ont eu un centre de formation, c’est devenu obligatoire, et les précurseurs étaient Saint-Etienne, puis Auxerre. Mais il y a commencé à avoir du recrutement chez les jeunes. Tout d’un coup, la concurrence est devenue dure pour pouvoir conserver des jeunes de la région. Maintenant, la différence, c’est qu’on va très bas dans les âges, 12 ans, 13 ans, 14 ans… Il y a déjà du recrutement, de la détection, pour les centres de formation. Maintenant, on les prend en charge sur l’hébergement, au niveau scolaire, ils sont à demeure. Ils vivent déjà comme des petits sportifs de haut niveau. On met tout à leur disposition, on s’occupe d’eux, ce qui quelque fois fait qu’on est toujours dans le confort. Et il n’est pas forcément évident quand tu es confronté à la compétition, avec de la difficulté, de pouvoir faire face à la difficulté sur le plan mental. Moi, il fallait que je vienne de mon village à l’entrainement, le bus, etc… Il y avait une part de connaissance de la vie active, de la vie de tout le monde. Eux, c’est fini, ils ne connaissent pas ça. Ils sont dans un espèce de cocon, une espèce de bulle, qui les amène là. Ceux qui réussissent, ce sont ceux qui ont conservé une passion, une ambition sportive, la vraie. Ceux qui ne se laissent pas bercer par une espèce d’attitude qui les fait dévier. Bordeaux est une tour d’ivoire dans la région. Maintenant il y a Pau qui est en seconde division, mais autrement, on est dans le vide, on n’a pas d’autres clubs à proximité. Malgré ça, il y a un vivier, et ce vivier, il faut le faire revivre aux Girondins. La principale source pour notre centre de formation, c’est d’abord un relationnel avec la région, pour pouvoir faire en sorte que les joueurs viennent. Ce qui me gêne un peu, c’est que les Girondins étaient idolâtrés dans la région. On était vraiment… Hier, j’étais encore avec Bixente Lizarazu, et il me parle et me dit : ‘tu es mon idole’. Il y a ce lien. Je ne pense pas qu’aujourd’hui les jeunes de la région ont un tel attachement pour les Girondins par rapport à l’équipe première, au club, à l’image que le club donne. Ça, ça me dérange parce que c’était une force des Girondins, notamment sur le chapitre de la formation ».