Alain Roche : “A un moment, il faut être fier de son club, fier de son équipe. C’est ça la fierté. Ce n’est pas que des titres non plus, c’est l’image qu’on renvoie”

Incité à fait part des changements depuis son passage aux Girondins de Bordeaux en tant que joueur, Alain Roche, le directeur sportif du FCGB, a dit de ne pas aimer faire de comparaison ou encore être nostalgique. Cependant, le bordelais explique que pour les supporters, il y a d’autres moyens d’apprécier les moments avec son club que les titres.
« Je n’ai aucune nostalgie, il ne faut surtout pas comparer les périodes. La période Claude Bez, j’ai gagné quelques titres, on avait les meilleurs joueurs français qui étaient dans cette équipe, tous des internationaux, c’était l’équipe phare, qui avait le plus de moyens en France après Saint-Etienne. Puis Marseille est arrivé, est venu concurrencer Bordeaux. On a vu que Bordeaux a survolé le championnat pendant trois-quatre ans, mais les concurrents sont arrivés, ont mis de l’argent aussi, ont récupéré les internationaux. Je n’essaye pas de comparer, mais c’est vrai que j’ai vécu une période faste de cette équipe-là, où on luttait constamment pour le titre. Après, il y a eu une évolution dans les années 90, et l’air de rien l’arrêt Bosman, le fait que les meilleurs joueurs français puissent partir à l’étranger, a eu une incidence importante sur les clubs français, dont les Girondins. Mais je n’oublie pas qu’aux les Girondins, à partir des années 99, on a eu des titres. Puis ils ont gagné le Championnat alors que Lyon dominait. Ils ont gagné des Coupes, de France et de la Ligue. L’époque est peut-être moins faste que celle des années 80-85, mais elle est toujours présente. L’histoire est là, il y a des titres encore, davantage d’homogénéité aussi. Il y a des clubs qui ont pris du pouvoir financier, sportif. Les Girondins n’ont pas pu suivre ce rythme-là, qui était intense. Cela demandait des moyens. Quand on voit les budgets de Paris, Lyon, Monaco, et maintenant Rennes qui a énormément investi parce qu’ils jouent la Ligue des Champions… On a pris du retard, à nous de le compenser. Dire que d’ici quelques années on va lutter pour le titre, je ne m’engagerai pas là-dedans comme ont pu le faire certaines personnes il y a encore un an et demi. Les moyens manquent, c’est tout, c’est comme ça. Après, il faut savoir attirer les joueurs. Je constate actuellement avec l’exemple d’Hatem Ben Arfa que ce club a une histoire. Le fait d’avoir des entraineurs comme Jean-Louis Gasset permet aussi de faire venir ces joueurs-là. Le fait d’avoir une équipe stable amène la possibilité de faire venir des joueurs. Je crois que le dernier classement sur les dix dernières années, Bordeaux est sixième. Cela veut dire qu’il y a une certaine régularité. De là à dire qu’on va gagner le titre d’ici quelques années, je ne m’engagerai pas là-dessus. Ça ne me semble pas imaginable à l’instant. Mais prenons conscience que le club devra se positionner dans la partie haute du classement de Ligue 1 le plus régulièrement possible. Et j’ai envie de dire que ce sera pas mal, c’est bien. A un moment, il faut être fier de son club, fier de son équipe, fier de ce qui est fait sur les jeunes, fier des coups qu’on peut réaliser de temps en temps, comme gagner une Coupe de France. C’est ça la fierté. Ce n’est pas que des titres non plus, c’est l’image qu’on renvoie aux gens ».