Alain Giresse : « En démarrant jeune, on se dit qu’on va en gagner des titres, et on voit que c’est difficile. Il a fallu que je me fasse secouer par le public pour comprendre »
Alain Giresse a été invité à ressortir un entraineur parmi ceux qu’il a côtoyés aux Girondins de Bordeaux. Le Petit Prince de Lescure expliqua qu’il avait tiré quelque chose de chacun d’entre eux.
« J’étais capitaine à ce moment-là, et j’ai eu de très fortes relations avec Aimé Jacquet en tant que capitaine. Il y a eu Luis Carniglia, qui est arrivé en 1978. C’était un entraineur qui avait coaché le Real Madrid, le Milan AC, etc… Il avait été Champion d’Europe et rien qu’avec sa stature et son standing, cela m’a boosté. Il y avait aussi Raymond Goethals qui connaissait parfaitement bien le football. Là aussi, André Gérard était le premier… Il m’a fait jouer à à peine 18 ans en équipe première, et il m’a mis sur les rails… on se souvient toujours de ça, du premier instituteur. C’est vraiment de l’affection… Je n’avais pas de voiture pour aller à l’entrainement, il me prenait et m’y amenait. Il s’occupait de moi comme un fils. Ça marque. Après, les autres entraineurs, j’étais un professionnel, et avec Aimé Jacquet on était vraiment dans du grand professionnalisme avec des Girondins de Bordeaux qui étaient au sommet. Il y a eu aussi Christian Montes avec qui je jouais : à ce moment-là c’était des périodes difficiles, Bordeaux jouait plus souvent pour éviter la descente que pour jouer le titre. J’ai connu tout ça dans mon histoire avec Bordeaux. André Menaut a été novateur, il a personnalisé les entrainements physiques, il a amené les étirements, chose qui ne se pratiquait pas à l’époque. Au début j’étais un peu comme un jeune qui savait tout… En démarrant jeune, on se dit qu’on va en gagner des titres, et on voit que c’est difficile. Il a fallu que je me fasse secouer par le public pour comprendre. Il fallait que je me reprenne main, que je comprenne que l’entraineur était là pour apporter quelque chose, de pouvoir moi-même en tirer le maximum pour ma progression… Raymond Goethals, j’étais capitaine aussi, et quand il est parti pour des raisons personnelles, il m’a écrit une lettre pour me remercier de la collaboration qu’on avait eue. Cet entraineur venait dans cette région, et quand j’étais capitaine de Bordeaux – et même pour les nouveaux joueurs – j’étais le joueur du cru, je leur faisais découvrir la région, les vignobles, l’océan, Bordeaux… C’était mon devoir de créer quelque chose, celui d’un girondin qui était heureux d’accueillir dans son club, dans mon club, des joueurs comme eux qui venaient de l’Equipe de France. Ils allaient donner cette dimension aux Girondins de Bordeaux. Cela a créé un collectif fort, un état d’esprit, avec une mentalité exceptionnelle. Le Bordeaux de cette époque, c’était la qualité des joueurs, mais la qualité professionnelle aussi. C’est pour ça qu’à ce moment-là, on était les meilleurs en France ».