René Girard : « Je l’ai attrapé par les oreilles, lui disant qu’on discutera après, mais pas maintenant. On s’est fait baiser une fois, pas deux (rires) »

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    Sur France Bleu Gironde, René Girard s’est exprimé longuement sur le match de Coupe d’Europe retour, à Bordeaux, le 24 avril 1985, face à la Juventus (2-0). A commencer par la mise au vert à Belin-Beliet.

    « C’était notre petite tanière. Ce n’était pas un six étoiles, mais c’était mieux que ça pour nous… C’était le côté paisible, se préparer… Aimé (Jacquet) nous préparait les matches avec des photos des joueurs adverses dans une grange. Un contexte assez exceptionnel. On s’y retrouvait toujours pour les matches de Coupe d’Europe. C’était un coin magique pour préparer des rencontres comme ça. Sur ce moment-là, et d’autres, ça a été signe d’aller se ressourcer. On demandait presque d’aller là-bas pour préparer ces grandes rencontres qui pour nous étaient primordiales »

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    Malgré tout, Bordeaux a perdu cette rencontre retour. L’ancien milieu de terrain se souvint de l’atmosphère de fin du match.

    « Les regrets qu’on peut avoir, c’est au match aller. C’était une équipe monstrueuse cette équipe de la Juve, qui était capable de tenir un résultat, qui dominait son championnat. C’était vraiment une équipe extraordinaire, en plus renforcée par des étrangers. Je pense que le 3-0 était un obstacle compliqué à rattraper et refaire par rapport à la qualité de cette équipe. On avait, à la fin, été un peu surpris. L’Europe, c’est l’habitude de la jouer et de répéter les matches. Je crois qu’on devient une équipe compétitive à ce niveau-là, en répétant ce genre de rencontre. Avant le match, Michel (Platini) habitué à ces grandes confrontations, est venu dans notre vestiaire… Mais tout à fait normalement, ‘comment ça va les gars ?’. Ça enlève un degré d’agressivité qui peut te manquer par la suite. Et au match retour, c’est l’inverse qui s’est passé. On sort dans le tunnel, et Gigi discutait avec Michel. Je l’ai attrapé par les oreilles, lui disant qu’on discutera après, mais pas maintenant. On s’est fait baiser une fois, pas deux (rires). Un peu à l’ancienne, mais c’était comme ça. Pour remonter au score comme ça, il fallait qu’on mette autre chose. La qualité de l’équipe et notre envie ne pouvaient pas suffire, il fallait qu’on mette le feu, et dépassant par moment les limites… Comme Cabrini m’avait fait à la Juve […] Mais oui, à la fin du match on s’en est un peu mordu les lèvres. Juste avant la fin du match, Jeannot Tigana a une occasion de mettre le 3-0 et nous pousser jusqu’aux prolongations, ce qui aurait peut-être été encore une autre paire de manches… Mais il aurait fallu tout casser, mettre le feu, contre cependant une équipe qui avait cette habitude d’être bousculée et de jouer des grands matches comme ça ».

    C’est ce qu’il aurait fallu faire à l’aller (3-0).

    « On en avait parlé avec Aimé (Jacquet) et sur le premier match, on n’avait pas voulu trop se focaliser sur Platoche, et au lieu de faire ce qu’on avait fait au match retour où Gernot avait pris Michel en individuel… Ce n’était pas un après-midi de tout plaisir (rires). Et peut-être que si on avait fait ça là-bas… En plus, je suis sorti assez rapidement ».

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