Yannick Stopyra : « J’ai fait 500 mètres, j’ai trouvé un coin où il y avait des arbres, je me suis arrêté et j’ai pleuré. C’est la seule fois de ma vie où j’ai eu honte »
Pour Bordeaux Le Mag, l’ancien avant-centre des Girondins de Bordeaux désormais responsable du recrutement du centre de formation du FCGB, Yannick Stopyra, a raconté comment il prit la décision de Claude Bez de ne pas le conserver après une première année moyenne.
« Le football, c’est fait de joies, de déceptions, de malheurs… J’ai pleuré une fois dans ma vie, c’est ici. Pratiquement en fin de saison, on doit terminer 111, 12, 13èmes. On n’est pas européens. Il me reste deux ans de contrat. Et puis le journal local dit que des têtes vont tomber. Bien sûr, il y en avait plein qui étaient dehors, et qui attendaient les têtes qui allaient tomber… Moi, j’étais convoqué, et le premier de la liste à passer, c’était moi. Je m’en doutais… Je me gare pour y aller, et c’était au milieu des gens. J’étais arrivé avant, et les gens se sont mis devant le Château, ils attendaient. J’ai le Président Bez qui me dit ‘trop cher pour la saison que t’as faite. Tu ne fais plus partie des Girondins de Bordeaux’. Vous prenez un coup de massue parce que vous avez beaucoup d’égo, on vit par l’égo. Quand vous êtes sur un terrain vous voulez être le meilleur et gagner les matches. Sachant qu’on dit que des têtes vont tomber et que c’est la mienne qui tombe… Je sors du Château, et je vois un paquet de monde autour de ma voiture. Ils ont compris. Je suis arrivé, ils se sont écartés, et je suis parti. J’ai fait celui qui était à l’aise…
Il revient sur ce moment difficile, seul, sur le retour après avoir encaissé cette nouvelle:
J’ai fait 500 mètres, j’ai trouvé un coin où il y avait des arbres, je me suis arrêté et j’ai pleuré. C’est la seule fois de ma vie où j’ai eu honte. Je n’étais pas bien. J’ai eu du mal à m’en remettre. Surtout qu’il fallait qu’on parte… On s’entrainait et on était un peu mis à l’écart. Je m’entrainais avec Enzo Scifo, Philippe Sence, et Bernard Genghini. On était quatre. J’ai quand même fait un match, parce qu’il manquait un joueur, et il n’y avait plus d’argent pour les transferts. Claude Bez a dit à l’entraineur qu’il faisait avec ce qu’il avait. Je me suis entrainé, je suis rentré quelques minutes. Donc l’année du titre, j’ai eu quelques minutes, c’est ma petite satisfaction… Après avoir pleuré dans la voiture, c’était la satisfaction de me dire que j’avais réussi, en forçant le destin. Puis j’ai eu cette chance de transfert ensuite, mon salaire a énormément diminué, mais je voulais jouer »
Retranscription Girondins4Ever / Source: Pour Bordeaux Le Mag