Loïc Ravenel (CIES) : « Il y a trente ans… Bordeaux recrutait dans l’Aquitaine, le grand ouest, etc… Donc on avait cette stratégie »

    Sur France Bleu Gironde, dans l’émission 100% Girondins, Loïc Ravenel, conseillé scientifique de l’observatoire du football CIES, s’est exprimé sur la formation dans les clubs.

    Que dites vous aux supporters qui s’énervent de voir des équipes pros ne pas avoir suffisamment de joueurs du sérail ? Ceux qui rêvent de voir une équipe des Girondins avec des jeunes joueurs de Nouvelle-Aquitaine. Sont-ils naïfs ?

    « Malheureusement c’est une autre époque. C’est vrai qu’il y a trente ans, on regardait des équipes où déjà, il y avait des joueurs nationaux, c’était une première chose. Vous aviez dans le championnat de France, des français, dans le championnat d’Angleterre, des anglais, en Allemagne, des allemands etc… Il y avait une proportion un peu plus importante de joueurs formés au club, souvent formés dans la région parce qu’on avait les systèmes de recrutement qui étaient quand même, assez régionalisés en France. Chaque club avait un petit peu ses zones, sauf certains. Il y a trente ans, Auxerre recrutait dans toute la France, le FC Sochaux-Montbéliard avait aussi cette logique-là. Mais sinon à côté, effectivement Bordeaux recrutait dans l’Aquitaine, le grand ouest, etc… Donc on avait cette stratégie et aujourd’hui, même s’il reste des zones prioritaires, la stratégie s’est faite aux échelles nationales et internationales. Même en termes de recrutement de jeunes, on a des scouts qui couvrent tout le pays, voire au-delà. Puis suite à l’arrêt Bosman et à l’évolution et la mondialisation du football, la question n’est plus aujourd’hui du joueur local, mais du joueur national dans son équipe. Vous avez des équipes qui démarrent sans aucun joueur national. Est-ce que ça pose un problème au public ? J’oserais dire que non, tant que l’équipe gagne. On est très contents si l’équipe gagne avec des joueurs, peu importe qu’ils viennent du coin ou du pays. La problématique revient dès qu’elle perd où il faut trouver un bouc émissaire en disant qu’il y a trop de joueurs non nationaux, ou pas assez de joueurs locaux qui ont la fibre locale. Je dirais que c’est un faux débat de la réussite. En revanche, ça peut être très intéressant comme stratégie pour un club, d’avoir cet ancrage local avec des figures de proue, avec une identité. Il faut aussi faire une différence par rapport aux autres, attirer un public, lui donner une image et ça peut être un élément très intéressant. Mais ça nécessite beaucoup plus d’efforts, notamment de se concentrer sur sa zone de chalandise. On parle souvent du FC Barcelone ou surtout des clubs basques de l’autre côté de la frontière, mais c’est vrai que ces clubs ont toute une culture, tout un passé, toute une tradition, tout un système de recrutement. Aucun jeunes de leurs zones n’échappent à leur vigilance, et arrivent avec un coup supplémentaire par rapport à d’autres équipes, à construire des équipes constituées de joueurs régionaux. C’est un choix stratégique. »

    Retranscription Girondins4Ever

    Du lundi au vendredi, sur France Bleu Gironde, retrouvez l’émission 100% Girondins, animée et présentée par Dominique Bourdot à partir de 18h30. Vous pouvez retrouver le podcast de l’émission quelques minutes après la fin de celle-ci : ICI.