Henri Saivet : « Je lui en veux d’avoir menti »
Pour 90 Football, Henri Saivet est longuement revenu sur son expérience à Newcastle, après avoir quitté les Girondins de Bordeaux. Une expérience qui ne s’est pas bien passée, puisqu’il n’eut que peu de temps de jeu. Il démarra par ses débuts.
« Je vais six premiers mois et c’était vraiment très compliqué car on était mal classés. On descend en Championship. Je suis prêté l’année d’après à Saint-Etienne. Je fais une saison correcte. Je ne vais pas dire une bonne saison, mais une saison correcte. Entre les deux, il y a aussi la Coupe d’Afrique, où là c’est une très bonne CAN pour moi. Après Saint-Etienne, je n’ai pas eu de continuité pour pouvoir… On le sait, il faut jouer, engranger de la confiance et du temps de jeu. C’est ce qui m’a manqué à un moment donné et forcément, on commence à douter, on commence à dire qu’on est moins bon. On va dire que ça a affecté mes performances. Quand je suis retourné à Newcastle (2017), je me suis dit que bon, j’avais fait une bonne CAN, une saison complète avec Saint-Etienne… Avec une bonne préparation, je pensais qu’il y avait moyen de montrer que je pouvais jouer dans l’équipe. Au début ça se passe bien, je joue les amicaux, et arrive le championnat où je ne joue pas, bien que dans le groupe »
C’est Rafael Benitez qui ne lui donna pas de temps de jeu, ni forcément d’explications.
« J’ai une discussion avec l’entraineur qui me dit ‘ne t’inquiète pas, tu es un bon joueur, ça va venir, ne lâche pas’. Je ne comptais pas lâcher, mais je voulais savoir où on allait. L’équipe perdait, et je ne pensais pas que mes coéquipiers étaient meilleurs que moi… Il me dit qu’il compte sur moi. Au final, il ne m’a jamais fait jouer. Et dès que le mercato s’est fermé, je n’étais même plus dans le groupe, plus rien. Je lui en veux d’avoir menti. Les choix, on peut les comprendre et les accepter. Dans ce milieu, il faut faire des choses, et c’est quelque chose de compliqué pour un entraineur. Mais je pense qu’il faut être transparent. C’était ça qui était frustrant, ne pas avoir eu de transparence au niveau du coaching […] Je ne vais aucun match et arrivé novembre-décembre, je sais que je vais partir parce que je veux jouer… On va jouer un match à West Ham, le coach me met dans le groupe, on est 19. Je sais que je vais être 19ème parce qu’à l’entrainement j’étais arrière droit, défenseur central… Je n’étais jamais milieu de terrain, je ne jouais jamais à mon poste. A la causerie d’avant match, je ne suis même pas concentré parce que je sais que je ne vais pas jouer. Il lève la feuille du paperboard, et je sens des regards vers moi… Je regarde le tableau, et je vois qu’il y a mon nom. Je me dis que ce n’est pas possible, parce qu’il ne me parle pas, il ne m’a rien dit, même pas préparé la veille… J’aurais vraiment aimé qu’il me dise ‘il y a des chances que tu joues’. Mais heureusement, je me suis bien préparé, et la chance que j’ai eue c’est que je faisais plein de matches avec la réserve, donc j’avais un peu de rythme. J’ai des débuts difficiles dans le match, je perds un ballon et on prend un but. Je me dis que je donne l’occasion au coach de m’enlever définitivement du club… Et je me suis dit que ce n’était pas grave, que ce n’était que du foot, et qu’il fallait que je prenne du plaisir. Au final, derrière, je marque, et à partir de là mon match est lancé, je fais un gros match, et on gagne 3-2 à West Ham. La presse locale est dithyrambique sur mon niveau, sur ma performance… Benitez, lui, continue de dire que je suis un excellent joueur, que j’ai une bonne mentalité, que je suis un professionnel. Trois jours après, on a un match, et je ne suis même pas dans le groupe. Tout le monde pensait qu’on avait une petite embrouille alors qu’il n’y avait absolument rien du tout. Je n’ai jamais mal parlé de lui, et on n’a jamais eu de conflit, en fait […] Deux semaines plus tard, ils n’ont toujours pas de résultats, ils retournent leurs vestes et Benitez vient me voir ‘J’ai fait une grosse erreur, j’aurais dû te mettre. Je vois les entrainements que tu fais et tu es un excellent joueur’. Et ça a continué… Après ça, je suis parti, et au moment où je suis parti, il ne voulait même pas que je parte…. C’était incompréhensible. Quand je suis parti en Turquie, à chaque fois que je jouais, que j’étais dans l’équipe type de la journée, il m’envoyait des messages : ‘j’ai vu tes performances, c’est bien, continue’. Quand je marquais ou je faisais des passes décisives, il m’envoyait des messages, tout le temps… En fait, j’avais l’impression que c’était une blague, que ce n’était pas son numéro… ».