Communiqué des Marine et Blanc Ile de France
Face à la situation très compliquée des Girondins de Bordeaux, le groupe de supporters des Marine et Blanc Ile de France vient de sortir un communiqué.
“C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : Jusqu’ici tout va bien. Jusqu’ici tout va bien. Jusqu’ici tout va bien. Mais l’important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.”
L’atterrissage, c’est maintenant : la direction des Girondins de Bordeaux a décidé de ne pas faire appel de la sanction de la DNCG, qui condamne le club a évoluer en N1 (au mieux). Elle a choisi de solliciter le tribunal de commerce pour se placer en redressement judiciaire. Elle a également choisi de renoncer au statut professionnel, acquis en 1937, condamnant de facto le centre de formation. Et c’est toujours cette même direction qui choisit de tirer un trait sur la section féminine.
Ce n’est pas un atterrissage, c’est un énorme crash. Et ce n’est pas la chute d’un homme, mais une catastrophe pour des centaines de salariés et prestataires liés au club.
Dans son communiqué du 23 juillet 2024, “le Club et son actionnaire assurent les supporters, et l’ensemble des parties prenantes, de leur volonté de protéger les intérêts du Club”. Ces décisions seraient donc dans l’intérêt du club. Oui, mais…
… En renonçant au statut professionnel, la direction se libère de tous les joueurs sous contrat. Elle s’exonère ainsi totalement de sa responsabilité quant à la masse salariale totalement délirante pour un club de Ligue 2. Sans jamais reconnaître que le problème vient des contrats qu’elle a elle-même initiés.
… En fermant le centre de formation, elle se coupe de la seule source d’actifs du club. Lors de son arrivée, c’est l’éclosion de Sékou Mara qui sauve le club une première fois. Ce sont ensuite Dilane Bakwa, Junior Mwanga, Malcom Bokele et toute la bande de jeunes qui lancent le début de saison en Ligue 2 quand le club se trouve sanctionné d’une interdiction de recrutement. C’est la vente des deux premiers nommés qui apporte une entrée d’argent in extremis lorsque la direction est aux abois l’été dernier. Et que dire des pourcentages associés aux transferts de Jules Koundé et Aurélien Tchouameni lorsqu’ils arrivent au FC Barcelone et au Real Madrid ? Aujourd’hui la direction voudrait parier sur une reconstruction et un avenir en détruisant le centre de formation ?
… En tirant un trait sur la section féminine, cette direction pousse le cynisme un peu plus loin : cette section est rattachée à l’association, et non pas à la structure professionnelle. D’ailleurs, un club amateur comme le FC Fleury 01 montre très bien qu’une section féminine peut évoluer au plus haut niveau national sans pour autant avoir un club professionnel. Et peu importe si cette même direction clamait le 19 mars 2024 dans son communiqué consécutif au renvoi de Patrice Lair que “la formation et l’ancrage local étant désormais au cœur de la stratégie de développement du football féminin du Club”. Des promesses, encore et toujours…
Aujourd’hui, comme tous les amoureux des Girondins, nous avons le coeur meurtri. Et même doublement meurtri : nous voyons notre club disparaître, et nous voyons surtout une direction incapable de reconnaître ses échecs, et qui voudrait en plus que la collectivité publique sauve ses erreurs, sans même l’once d’un début de mea culpa.
Le club va devoir affronter quelque chose de totalement inédit dans son histoire. Un processus de reconstruction qui pourrait être extrêmement long, et que la direction propose de faire sur un champ de ruines qu’elle a provoqué. Il nous semble totalement inconcevable d’envisager ce processus de reconstruction avec la direction qui a sciemment choisi d’enterrer les derniers espoirs du club. Qui a plusieurs fois repoussé les opportunités de faire entrer de nouveaux partenaires au capital. Qui expliquait en janvier 2023 par la voix de Gérard Lopez :
“Le club est dans une situation financière qu’il n’a pas connue depuis cinq ou six ans. Ça donne le luxe de pouvoir voir venir. Ce n’est ni dépendant d’une remontée en Ligue 1, ni quelque chose qui doit obligatoirement s’opérer. Les personnes avec qui on parle ont de vraies capacités. Ce serait pour devenir des partenaires au niveau capitalistique, mais on est ouvert. On peut aussi rester comme ça car on a créé beaucoup de valeurs, on peut refuser des offres à deux chiffres pour nos joueurs contrairement à l’été dernier, et on n’est plus obligé de vendre.”
source : Sud Ouest, 15 janvier 2023
Il faut croire que 18 mois suffisent pour faire voler en éclat cette situation idyllique.
Pour nous, il est donc essentiel de très vite tourner cette page sinistre de l’histoire du club, et de faire en sorte que la direction actuelle ne soit en aucun cas impliquée dans le processus de reconstruction. Notre position est claire : Gérard Lopez et la direction actuelle doivent partir, afin que le FCGB qui nous est cher puisse réellement renaître de ses cendres. Une reconstruction saine est indispensable.
Enfin, malgré la frustration qui nous habite, et tout en regardant vers le futur, nous tenons à nous tourner vers ceux qui nous accompagnent dans notre passion pour les Girondins, et depuis 21 ans pour certains d’entre eux :
- Nos adhérents et sympathisants, passés ou actuels, avec qui nous avons pris tant de plaisir à nous déplacer en France et en Europe, et à jouer au foot les week-ends : merci pour votre confiance et votre investissement qui a été réel même pendant ces deux années de Ligue 2 où nous avons pu être présents en nombre.
- Les joueurs et membres du staff que nous avons connus, ceux qui ont mouillé le maillot en tout cas. S’ils ont un pincement au coeur aujourd’hui, ils se reconnaîtront.
- Toutes les joueuses de l’équipe féminine, présentes et passées, et tous les membres du staff qui les ont accompagnées. Le football féminin à Bordeaux mérite mieux, et surtout mérite d’exister ! C’est un cri du coeur pour nous ! Courage ! Nous avons une forte pensée pour Andréa notre ancienne marraine, notamment.
- Les jeunes du centre de formation, qui nous ont rendu si fiers, victimes collatérales et qui vont devoir rebondir sportivement et scolairement. Ces classes au Haillan devaient vous aider à faire de vous des joueurs mais aussi et surtout vous accompagner dans votre passage à l’âge adulte : nous espérons sincèrement que vous saurez traverser cette épreuve.
- Les salariés du FCGB, souvent travailleurs de l’ombre. Nous avons une pensée forte et émue pour vous. Pour une grande majorité, vous étiez des fans des Girondins avant d’être des salariés, et nous ne pouvons qu’imaginer à quel point votre souffrance est double aujourd’hui.
- Les associations amies, ainsi que les supporters d’autres clubs qui nous ont adressé leurs messages de solidarité ces derniers jours. Même si vous pensez que ce ne sont que des mots, ils nous ont vraiment fait du bien.
- Et enfin, tous les supporters des Girondins. Ceux que nous avons côtoyés en tribunes déplacements après déplacements. A nos camarades Ultramarines notamment, grâce à qui durant ces 21 ans, nous avons vécu des ambiances fabuleuses comme Adieu Lescure, des déplacements mémorables jusqu’au fin fond de l’Europe. Et à toutes les associations que nous avons fréquentées de près ou de loin ainsi que de manière générale tous les supporters des Girondins pour qui les temps sont durs.
Pour nous aussi, le challenge est totalement inédit : le risque d’évoluer dans une division qui verrait la majorité des matchs avoir lieu dans le Sud-Ouest existe, et pour notre association basée en Île de France, le défi serait colossal. Mais fidèle à nos principes, nous continuerons évidemment à suivre les Girondins au stade. Nous ferons de notre mieux, et essayerons d’être présents presque partout, presque toujours. Nous avons l’histoire d’un club mythique à honorer, et elle, elle ne disparaîtra
Allez Bordeaux !
Marine et Blanc Île de France