Benoît Trémoulinas : « Quand j’étais poussin aux Girondins à 8 ans, on s’entraînait avec le maillot de Milan, on arrivait, on rigolait, on mangeait le quatre quart après… »
Dans L’Equipe de Greg, Benoît Trémoulinas, ancien défenseur des Girondins de Bordeaux et aujourd’hui consultant, s’est exprimé suite à des incidents survenus dans le monde amateur. La semaine passée à Colomiers, deux éducateurs du club ont eu leur voiture incendiée devant leur domicile, à 45 minutes d’intervalle, dans deux communes distantes de 30 kilomètres. Il se pourrait que ce soit l’œuvre de parents de jeunes de moins de 11 ans, dont leurs enfants avaient été écartés avant un tournoi de foot. Le club a suspendu ses activités jusqu’au 11 Novembre.
Ce n’est pas la première fois que des dérapages se produisent dans des clubs ces derniers mois, notamment des agressions sur des éducateurs dans des catégories jeunes. Ce phénomène porte le nom de parents avec un “Projet Mbappé”, parents aveuglés par la réussite de Kylian Mbappé et sa famille, souhaitant reproduire le même schéma avec leur enfant dans un but lucratif.
Le sujet était : “Projet Mbappé” : Le nouveau fléau
« Le problème c’est qu’aujourd’hui il y a trop d’enjeux économiques. On est gangréné par l’argent aujourd’hui, parce que les jeunes voient quoi ? Je parle de quand j’étais en poussin. Quand j’étais en poussin, il n’y avait pas les réseaux, il n’y avait pas tout ça donc on n’était pas amenés à voir un peu l’envers du décor. Aujourd’hui on voit Mbappé sur toutes les affiches dans Paris. On sait maintenant les montants qu’ils gagnent puisque dès la signature à Madrid, le lendemain on sait exactement le salaire qu’il va prendre, on sait exactement ce qu’il vend, ce qu’il va prendre à côté aussi. C’est quasiment le double voire le triple de son salaire. Tous les petits sont au courant aujourd’hui. Il y a une réalité, c’est qu’aujourd’hui, les jeunes qui sont dans un centre de formation gagnent beaucoup plus d’argent que nous à 20 ans ! C’est ça l’enjeu du problème aujourd’hui, c’est juste une question d’oseille. Aujourd’hui c’est l’oseille qui gangrène le football quand ils sont petits. […] A mon époque, pour faire court, de temps en temps il y avait des parents qui se chamaillaient un peu parce qu’il n’avait pas sifflé le hors-jeu, etc, mais il n’y avait pas tout ça. Pour petit exemple, nous avant on était loin de tout ça. Quand j’étais poussin aux Girondins à 8 ans, on s’entraînait avec le maillot de Milan, on arrivait, on rigolait, on mangeait le quatre quart après… Aujourd’hui tout est programmé, c’est-à-dire que les petits ont deux-trois entraînements par semaine alors qu’ils n’ont que 7 ans. Nous on n’en avait qu’un et le deuxième était facultatif. »
Retranscription Girondins4Ever