Pierre Ménès : “J’ai une histoire extrêmement particulière avec Bernard Lacombe, car j’ai été fâché de longues années avec lui”

Pierre Ménès a pris la parole sur la disparition de l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux, Bernard Lacombe, à l’âge de 72 ans.
« C’était une légende du football français, un des plus grands buteurs de tous les temps du championnat de France, une icône à Bordeaux dans la grande équipe entrainée par Aimé Jacquet, et bien évidemment dans son club chéri de l’Olympique Lyonnais, où il a été presque plus qu’une légende. Une icône, un symbole, et derrière un dirigeant avisé, dans un style très particulier. C’était quelqu’un qui avait un franc parler tout à fait original. Il aurait pu même faire des concours de mauvaise foi avec Jean-Michel Aulas. Les deux étaient animés par un amour inconditionnel et quasiment aveugle de leur club ».
Pourtant, tout n’a pas été si simple, même si cela s’est bien terminé…
« J’ai une histoire extrêmement particulière avec Bernard Lacombe, car j’ai été fâché de longues années avec lui. A l’époque, j’étais à L’Equipe TV, et il y a un match de l’OL à Gerland contre Monaco, où Gallardo se fait massacrer par Lyon, avec notamment Laville… Même Sonny Anderson avait été expulsé pour un attentat sur Gallardo. Il y avait clairement un contrat sur lui. Le lundi, on fait une émission là-dessus. Bernard Lacombe avait fait une sortie assez invraisemblable à la fin du match, accablant en plus Gallardo de toutes les fautes et responsabilités. Et j’avais sorti ‘les mecs se demandent pourquoi on déteste Lyon, bah voilà’. Et là, scission, réaction hyper violente de Bernard Lacombe, ce que je peux comprendre. Pendant 10-15 ans, pas de son, pas d’image, et à chaque fois qu’il parlait de moi, il m’en mettait une. Puis, Bernard prend sa retraite et organise un dimanche un déjeuner au Groupama Stadium. Quatre ou cinq jours avant ça, il m’appelle pour m’inviter. Je suis stupéfait… Il me dit ‘tu aimes le foot, j’aime le foot, on a été cons, ça me ferait très plaisir que tu viennes’. Il se trouve que je n’ai pas pu m’y rendre parce qu’il y avait des grèves de train, et que le dimanche soir j’avais le CFC. Mais c’est une démarche qui m’a profondément touché, et à partir de là on a commencé à échanger par messages. On se passait des coups de fil, on parlait foot, attaquants, déplacements, appels, contre-appels, jeux de corps… Des tas de choses qui me passionnent. Et j’ai appris il y a déjà un petit moment qu’il déclinait sérieusement et qu’il était de plus en plus malade. Il était hospitalisé depuis janvier, et était en soins palliatifs il y a quelques jours. C’est un vide immense pour ce club et les membres de ce club. C’est jeune 72 ans pour mourir. Il faut faire attention à soi, à sa santé. C’est une grande perte pour ce club. J’imagine qu’il ne devait pas aimer ce que l’OL était devenu depuis la prise de pouvoir de John Textor, et malgré tout cette perte d’identité lyonnaise… J’espère que le nouvel OL aura l’élégance de lui rendre l’hommage qu’il mérite. J’espère qu’une des tribunes du stade lui sera dédiée, et même qu’elle portera son nom. Cela me paraitrait le moindre des respects pour un homme qui a tellement compté dans la vie et la réussite de l’OL ».