Oliver Kahn : “Il y a une vraie culture foot là-bas aux Girondins. Cela aurait été formidable… Mais à la fin, il faut prendre une décision rationnelle”

    (Photo by Oliver Hardt/Getty Images)

    Pour le « Beyong Business Cast », Oliver Kahn est revenu sur son choix de retirer son offre de rachat en ce qui concerne les Girondins de Bordeaux.

    « Après quatre ans au Bayern, il faut se secouer un peu. Alors, bien sûr, ça se termine douloureusement, mais c’est exactement ce que vous apprenez lorsque vous êtes sportif de haut niveau, et il faut l’appliquer dans de tels moments. Il faut donc se secouer et je me suis juste demandé quelle était la prochaine étape. Et puis, bien sûr, je suis très vite arrivé à ce sujet de propriété d’un club. C’est un sujet extrêmement attrayant en ce moment. Il faut rappeler que 60% des clubs en Europe appartiennent à des américains. Et là, on se demande pourquoi investissent-ils tous là-dedans ? Les raisons sont nombreuses mais l’une d’elles est que les clubs en Europe sont beaucoup moins chers qu’aux Etats-Unis. Mais c’est aussi en relation avec le fait qu’en Europe, les clubs peuvent être relégués, donc le risque d’investir est aussi plus élevé, et c’est pourquoi les clubs sont moins chers qu’une franchise américaine. Me concernant, je dois aussi m’amuser quelque part, je dois me demander si j’investis dans un club de football, ou si je profite d’une participation minoritaire. On a regardé des clubs de deuxième ou troisième division. Il y a des clubs qui nécessitent des ressources, mais ensuite une expertise, un réseau, pour les ramener en première division. Et c’est quelque chose de super excitant. C’est pourquoi nous nous sommes concentrés précisément sur ce sujet. Cette décision est désormais publique, et c’était Bordeaux. C’est un club avec un grand patrimoine, qui a connu un grand incendie dans le passé. J’ai remporté mon premier titre, la finale de Coupe UEFA en 1996 contre les Girondins de Bordeaux, ceux de Bixente Lizarazu, Zinedine Zidane, Christophe Dugarry… Il y a encore cinq ans, ils jouaient en Ligue des Champions et aujourd’hui en raison de problèmes financiers, ils sont en quatrième division. Ils étaient en deuxième mais ils ont été contraints de repasser en quatrième pour ces problèmes financiers ».

    Puis, il poursuit.

    « Notre idée était de les ramener en première division. Ce n’était pas pour faire passivement des investissements et que cela fonctionne d’une manière ou d’une autre, mais c’était pour s’impliquer activement, avec toute l’expérience de notre réseau. Ce n’est pas possible de le faire en Allemagne avec des investissements majoritaires et ainsi d’avoir une influence, avec la règle du 50+1 […] Finalement, nous sommes sortis de Bordeaux plus tôt. C’était très compliqué, très compliqué. C’est une procédure de faillite. Nous étions sur le dossier depuis plus de six mois. Il a fallu se montrer à un moment donné parce qu’il y avait une date limite. Nous avons donc pris cette décision. Nous n’avons pas non plus toutes les données à 100%. Aujourd’hui, il est facile de calculer ce que l’on peut faire pour des équipes de troisième ou deuxième division afin de revenir en première division. Si vous le faites efficacement, il y a moins d’investissement. Il existe des chiffres valides qui augmentent la probabilité que vous y arriviez, sinon vous pouvez brûler une somme d’argent incroyable. Nous avions tout calculé, les plans d’affaires étaient là. En fin de compte, vous avez une responsabilité, et vous devez prendre une décision à un moment donné. Il y avait un point où nous n’avions pas une totale sécurité. Si vous achetez un club français dans ce processus, il se peut que la Fédération Française de Football dise d’accord, mais il faut quand même redescendre d’une division… C’est compréhensible dans le sens où si un club veut se débarrasser de ses dettes dit simplement ‘Allez, on se met en faillite’. Donc ce club doit être entre guillemets puni. Bon, je trouve que c’est stupide, mais pas la Fédération qui aurait pu faire redescendre le club en cinquième division, et peut-être même plus, la sixième… Là, vous avez besoin de dix ou douze ans et ça ce n’est pas possible ».

    Désormais, continue t’il de rechercher une opportunité ?

    « Encore une fois, regardez les Girondins… C’est fortement dommage car j’ai une certaine connexion avec ce club. C’est une super marque, il y a un stade de 41000 spectateurs. Ils ont déjà eu 17000 spectateurs en quatrième division… C’est comme ça que vous pouvez imaginer qu’il y a une vraie culture foot là-bas. Cela aurait été formidable… Mais à la fin, il faut prendre une décision rationnelle. Nous avons eu de nombreuses négociations avec le propriétaire Gérard Lopez, mais nous ne pouvions pas nous mettre d’accord ».

    Retranscription Girondins4Ever