Gernot Rohr : “Mon grand-oncle a été envoyé au Front de l’Est après avoir passé quelques semaines en camp de concentration…”

    Sur Aquitélé, l’ancien joueur et entraineur des Girondins de Bordeaux, Gernot Rohr, a expliqué, lui le franco-allemand, quelle a été son enfance, au moment de l’après-guerre.

    « On a grandi dans les années 50 en Allemagne, c’était l’époque de la reconstruction, surtout dans les grandes villes, détruites parfois à 90%. J’ai eu beaucoup d’admiration pour mes parents qui ont réussi à se faire une petite maison dans ces conditions-là, avec sept enfants. Ce n’était pas simple, on n’a pas tous les jours mangé de la viande, mais on a quand même eu une belle jeunesse avec un pays qui s’est reconstruit, qui est reparti de l’avant, où il y avait un challenge, celui de retrouver la joie de vivre dans un pays défait et détruit. Et puis après, il y a eu quand même les années 60-70, avec la réconciliation, avec le fameux traité de l’Elysée. On a eu cette amitié franco-allemande dont mon père m’a toujours parlé, mon grand-oncle aussi, car ils ont connu des périodes de la vie dans les deux pays ».

    Puis, il se remémora d’Oscar Rohr, son grand-oncle, qui a connu période nazi, et qui a été professionnel dans les années 30 au Bayern.

    « Il a gagné le premier titre de Champion avec le Bayern en 1932. Il a même marqué un but sur pénalty, qui est historique. Ensuite, il a été victime du nazisme dans la mesure où son club était un club de juifs, et que son entraineur et son président ont dû s’enfuir. L’entraineur a voulu l’emmener, parce qu’il voulait jouer au football dans des bonnes conditions. Du coup, ils sont partis en Suisse d’abord et de là, en 1934, il est parti seul dans le coffre d’une voiture. Il a passé la frontière clandestinement pour aller signer au Racing Club de Strasbourg. La prime à la signature c’était une traction avant en 1934… Il a été meilleur buteur en 1937. Toutes ces années-là étaient magnifiques, mais à la fin il y a eu la guerre, et il a dû vraiment beaucoup souffrir de cette situation, lui qui était considéré comme un traitre en ayant quitté l’Allemagne nazie pour la France, pour devenir professionnel. Il est devenu après membre de la légion étrangère et a connu des difficultés évidemment lorsqu’il a été pris par les allemands… Il a été envoyé au Front de l’Est après avoir passé quelques semaines en camp de concentration. Et puis, il a risqué sa vie dans ces circonstances. Il a été sauvé in extrémis parce que le pilote de l’avion qui l’a sorti de la zone encerclée, lui qui était blessé, parce qu’il était en fait un fan du Bayern… C’est le football qui lui a sauvé sa vie ».

    Retranscription Girondins4Ever