Bordeaux se bat : la lutte des Girondins pour survivre en National 2

    Photo Pierrick Chassine

    Les Girondins de Bordeaux, club historique du football français, traversent une période tumultueuse, marquée par des défis financiers et sportifs sans précédent. Relégués en Championnat National 2, le quatrième échelon du football français, pour la saison 2024-2025, les Marine et Blanc luttent pour retrouver leur gloire passée. Cet article explore leur performance actuelle dans la ligue, leurs perspectives de retour en Ligue 1, et les enjeux cruciaux liés à leur stabilité financière.

    Une descente brutale en National 2

    La saison 2024-2025 marque un tournant dramatique pour les Girondins. Après une relégation administrative de la Ligue 2 vers le Championnat National, puis une nouvelle sanction vers la National 2 en août 2024, Bordeaux se retrouve pour la première fois depuis 1936 hors des deux premières divisions françaises. Cette descente, conséquence de graves difficultés financières, a contraint le club à abandonner son statut professionnel et à déclarer faillite, mettant fin aux contrats de nombreux joueurs et fermant temporairement son centre de formation, l’un des plus prestigieux de France.

    Le début de saison en National 2 a été difficile. Lors de la première journée, l’équipe, encore en reconstruction, n’a pu aligner que trois remplaçants face à Poitiers, arrachant un match nul grâce à un but tardif du gardien Lassana Diabaté. Cependant, l’arrivée de joueurs comme Andy Carroll a insufflé un nouvel élan, permettant à Bordeaux de enchaîner six victoires consécutives à partir de septembre, prenant temporairement la tête du classement à la 18e journée. Malheureusement, une série de cinq défaites consécutives a suivi, reléguant les Girondins à la quatrième place à la fin de la saison 2024-2025.

    Les ambitions pour la montée

    Pour la saison 2025-2026, qui débute ce samedi contre Avranches, l’entraîneur Bruno Irles affiche des ambitions claires : la montée en National est un objectif assumé. « L’an dernier, la montée aurait été un rêve. Cette saison, c’est un objectif affirmé », a-t-il déclaré. L’effectif a été renouvelé à 80 %, avec des recrues comme le gardien néerlandais Jan Hoeskstra et des joueurs expérimentés en National et National 2, capables de s’adapter au contexte exigeant d’un club comme Bordeaux, où les matchs à domicile attirent encore 10 000 spectateurs au Stade Atlantique.

    Dans le groupe A de National 2, la concurrence est rude. Des équipes comme Saint-Malo, qui a terminé troisième l’an dernier, ou Saint-Brieuc, vainqueur du groupe en 2024, sont des adversaires sérieux pour la première place, seule synonyme de montée. Le pronostic foot pour Bordeaux reste optimiste mais prudent : leur expérience et leur effectif renouvelé les placent parmi les favoris, mais la régularité sera essentielle pour devancer ces rivaux ambitieux.

    Stabilité financière : un défi majeur

    La situation financière des Girondins reste précaire. Avec une dette estimée à plus de 110 millions d’euros en 2024, le club est en redressement judiciaire depuis juillet 2024. Le tribunal de commerce a validé la poursuite de cette procédure jusqu’au 30 janvier 2025, grâce à un engagement de 600 000 euros de la part du propriétaire Gérard Lopez. Le plan de continuation, présenté en mai 2025, vise à réduire la dette à environ 30 millions d’euros, étalée sur dix ans, avec des remboursements progressifs. Cependant, les supporters et observateurs restent sceptiques, beaucoup réclamant le départ de Lopez, accusé de mauvaise gestion.

    Le fiasco des négociations avec Fenway Sports Group (FSG), propriétaire de Liverpool, a exacerbé les tensions. FSG s’est retiré en juillet 2024, invoquant un paysage financier trop instable et des coûts élevés liés au Stade Atlantique. Ce retrait a scellé la relégation en National 2, privant le club d’un potentiel sauvetage. De plus, un bon parcours en Coupe de France pourrait offrir une bouffée d’oxygène financière, mais les résultats du tirage au sort pour les matchs à venir restent incertains et ne garantissent pas un impact significatif.

    Vers un retour en Ligue 1 ?

    Un retour en Ligue 1 d’ici 2026 semble ambitieux mais pas impossible. Selon le plan de Gérard Lopez, le club vise « une montée tous les deux ans ». Cela impliquerait une accession en National pour 2026-2027, puis en Ligue 2 pour 2028-2029, avant d’espérer la Ligue 1. Cependant, plusieurs obstacles se dressent : la concurrence en National 2, la nécessité de maintenir un effectif compétitif avec un budget limité, et la résolution des problèmes financiers. Le Stade Atlantique, avec ses coûts d’exploitation élevés (45 000 à 51 000 euros par match), reste un fardeau, malgré un retour à une capacité réduite de 12 000 spectateurs.

    Les supporters, bien que frustrés, restent fidèles, comme en témoigne leur présence malgré les protestations contre Lopez. Leur soutien sera crucial pour galvaniser l’équipe. Si Bordeaux parvient à stabiliser ses finances et à capitaliser sur son histoire glorieuse – six titres de Ligue 1, dont le dernier en 2009 – un retour dans l’élite pourrait redevenir envisageable. Cependant, les experts estimentўque sans un changement de propriétaire ou un investisseur majeur, les ambitions sportives risquent de rester freinées par les contraintes financières.

    Conclusion

    Les Girondins de Bordeaux sont à un tournant de leur histoire. Leur quatrième place en National 2 la saison dernière reflète à la fois leur potentiel et leurs limites actuelles. Avec un effectif renouvelé et un objectif clair de montée, l’espoir renaît, mais le chemin vers la Ligue 1 est semé d’embûches. La validation du plan de continuation par le tribunal de commerce et une gestion financière plus rigoureuse seront déterminantes. En attendant, les Marine et Blanc continuent de se battre, portés par l’héritage d’un club qui a produit des légendes comme Zidane et Giresse, et par la ferveur d’une ville qui rêve de revoir son équipe au sommet.