Jean-Christophe Thouvenel : “Je regarde mon palmarès – il n’y a que moi qui le regarde – je me dis ‘putain, tu as quand même déchiré quoi, tu as quand même fait des choses'”
Dans Le Podcast des Légendes, l’ancien latéral des Girondins de Bordeaux, Jean-Christophe Thouvenel, a été invité à donner ce dont il est de plus fier dans sa carrière de joueur professionnel.
« On vient tous un peu de nulle part. Je ne dis pas que j’étais programmé pour ça parce que ce n’est pas vrai, malgré que mon père ait bataillé pour que je fasse autre chose. Mais ma carrière, ‘well done’, bien joué gars, ce que tu as fait, c’est bien. Si on fait le décompte, que je regarde mon palmarès – il n’y a que moi qui le regarde – je me dis ‘putain, tu as quand même déchiré quoi, tu as quand même fait des choses, c’est super. Tu aurais pu faire mieux, probablement…’. Parce que j’ai été trois fois vice-champion de Suisse, et trois fois vice-champion en France, et j’aurais peut-être pu gagner plus. J’aurais peut-être plus joué en équipe nationale… Mais je suis vraiment heureux de ce que j’ai fait, et ce que j’ai fait, on ne peut pas me l’enlever ».
Invité également à rapporter le meilleure conseil qu’il a reçu lors de sa carrière, il répondit un peu autrement.
« Je ne sais pas si on peut dire que c’est un conseil, mais je vais dire que la chose qui m’a le plus marqué, c’est quand le boulanger de Saint-Genis-Pouilly allait me chercher avec sa voiture, et faisait trois fois par semaine des tours pour venir me chercher et me ramener, en sachant qu’il n’était que boulanger, et qu’il se levait à 2h30 du matin pour faire le pain, mais malgré ça, à chaque fois que je montais dans sa 2CV break, il avait un sourire jusque-là, parce qu’il était heureux de me voir. Il était heureux que l’on partage un moment ensemble. Quand je suis parti et que j’ai signé au Servette de Genève, c’était grâce à lui… Je suis retourné le voir jusqu’à sa mort, parce que quelque part, vis-à-vis de lui, j’avais une dette, même si je ne sais pas si c’est le mot. Mais je lui devais quelque chose et je pense qu’on a tendance, souvent, que l’on ait fait des choses extraordinaires ou pas… Il y a des gens importants dans chaque vie, des gens qui comptent, et lui, André de son prénom, a toujours été là. Il m’a toujours encouragé. Parfois, je prenais un peu ce qu’il disait à la rigolade parce que j’étais jeune, mais je pense à lui, et c’est pour ça que je suis toujours retourné le voir à chaque fois que je suis remonté dans le Jura. J’allais à la boulangerie et je demandais André. Il venait, et il était presque intimidé par ce que j’avais fait, alors que j’étais juste un enfant qui était né de sa gentillesse. Les sportifs professionnels, il y a toujours quelqu’un qui a compté, et c’est sa gentillesse qui a compté. Plus que les conseils que l’on peut donner. Le cœur, ce que l’on te donne… Des gens gentils. La générosité gratuite, pas de calculs. Je faisais un peu partie de la famille. Il a beaucoup compté pour moi. Quand il est mort, il y avait une part de moi qui était partie ».


