[Interview G4E] Jacques Pichard (Locminé) : “C’est notre Champions League car là on va à Bordeaux, le palmarès, le stade… J’adore Bordeaux”

    saintcolomban-locmine.fr

    Avant la rencontre entre le club des Girondins de Bordeaux et celui de Saint-Colomban Locminé, comptant pour le match de la 10ème journée du championnat de National 2, nous nous sommes entretenus avec Jacques Pichard, entraîneur de cette équipe. Un échange encore une fois très agréable avec une personne qui œuvre beaucoup pour mettre en place un vrai projet dans son club de cœur. Nous revenons sur la belle 7ème place du club la saison passée, l’intersaison, le début de saison compliqué, le match à venir contre les Girondins, la bonne dynamique et plein d’autres sujets… 

    Vous avez terminé la saison dernière à une belle 7ème place, finissant par la même occasion meilleur promu loin devant le Stade Poitevin ou encore Le Poiré qui est redescendu. Quels enseignements avez-vous pu tirer de l’exercice 2024/2025 ?

    Je dirais que c’était notre première année (en N2) donc quelque part, c’était une très, très belle saison, où effectivement on n’a jamais été relégable à part après la première journée puisqu’on n’avait pas joué (rires)(le match Bordeaux – Saint-Colomban Locminé avait été reporté, ndlr). Donc c’est la seule fois qu’on avait été relégable. Après, évidemment on avait tout de suite vu qu’effectivement c’est un autre niveau avec beaucoup plus d’impact, beaucoup plus d’intensité, où là il y a beaucoup plus de différence avec la N3. En début de saison on s’était dit qu’on avait eu chaud et en même temps on arrivait toujours à s’en sortir et à prendre des points, donc ce qui fait que la confiance est venue au fur et à mesure. Les joueurs s’étaient mis au niveau assez rapidement, même si on avait eu un petit creux. Mais honnêtement ça a été prometteur, les recrues qu’on avait fait ont complété l’effectif parce qu’on avait quand même gardé la plupart de notre effectif. C’est ce qu’on voulait, pour la récompense des joueurs qui avaient participé à la montée. Notre recrutement, après coup, a été judicieux. Les 4-5 éléments qu’on avait réalisés avaient apporté quelque chose, une complémentarité et un esprit beaucoup plus solide. Il faut reconnaître que les joueurs s’étaient quand même mis au niveau très rapidement et les points venants, c’est quand même plus facile. La saison s’est bien terminée. Pour l’intersaison, quand on fait une bonne saison, on est chahuté. Les joueurs sont sollicités…

    Cet été, il a fallu compenser les départs de plusieurs joueurs importants dont Ronaldo Freitas, Nolann Quémard, Sékou Traoré et Abdoul Bila. Est-ce que c’est compliqué pour un club comme le vôtre de perdre autant d’éléments majeurs ?

    Je dirais que d’un côté, je pense qu’il faut renouveler quand même à minima tous les ans pour garder une motivation et une fraîcheur, c’est toujours intéressant. Il faut aussi respecter le choix des joueurs, le mercato ça fait partie du jeu. Sékou nous l’avait dit très vite parce qu’il était sollicité par Bourges. Ronaldo voulait tenter sa chance dans un club où il pouvait s’entraîner le matin, et pourquoi pas plus haut. Avec Abdoul Bila on ne s’était pas mis d’accord, il faisait pas mal de route, et Nolann Quémard nous avait dit qu’il restait… C’est comme ça, c’est la vie. Ce qui fait qu’on n’avait pas du tout tablé, sur nos tablettes on n’avait pas forcément prévu le départ de Nolann parce qu’il nous avait dit qu’il restait. Ça fait partie de la vie, il y a beaucoup de sollicitations, il y a beaucoup de propositions de joueurs pour venir chez nous. Entre nous la N2 attire, surtout qu’il n’y a plus que trois groupes avec la refonte des groupes. Il y a plein de joueurs qui se proposent donc on essaye de respecter quelques critères, déjà notre ADN, nos valeurs de club qu’on ne veut pas changer, avec le respect, la convivialité et l’ambition. Des gens qui veulent s’intégrer, qui ont un état d’esprit parce que c’est quand même ça qui nous anime et qui nous caractérise, s’inscrire dans la durée c’est ça l’objectif. Donc en apportant des nouveaux chaque année pour qu’on puisse résister, exister et passer des bons moments, parce que c’est avant tout du plaisir, même si à ce niveau il y a beaucoup d’exigences aujourd’hui. Force est de constater qu’on n’a pas eu les joueurs qu’on voulait parce que nous sommes limités de par le côté financier même si on se structure et qu’on grandit chaque jour. Chaque jour qui passe on a des nouveaux partenaires, mais il faut travailler par étapes, ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain. Les contrats fédéraux, on ne peut pas en faire comme on veut répondre à des indemnités qu’on ne peut pas. Et il y a une catégorie de joueurs qui souhaite s’entraîner le matin ou le midi, mais pas le soir. Aujourd’hui on est vraiment le club amateur, on s’entraîne le soir car les joueurs travaillent, les joueurs ont une famille, donc c’est beaucoup d’engagement et d’investissement. Une fois qu’on a mis tous ces paramètres-là, le choix diminue (sourire). Le choix diminue pour exister en N2 puisque beaucoup de joueurs, quand on les a au téléphone… Je leur demande franchement “C’est quoi votre niveau ?” Ils te disent qu’ils ont tous le niveau N2 mais c’est faux, qui plus est quand on est joueur et qu’on n’a pas joué depuis quelques mois, c’est d’autant plus difficile.  

    ©La Gazette du Centre Morbihan

    Est-ce que vous aviez ciblé des joueurs des Girondins ?

    Non, non parce que tout simplement c’est un autre monde, les Girondins. Je pense que les joueurs qui ont goûté aux Girondins, gardés ou pas gardés, ils sont encore dans le monde pro dans leur tête. Passer du Matmut à Locminé (rires)… Je crois qu’il n’y aurait qu’une solution, comme on a eu, c’est quelqu’un qui veut revenir au pays. Quelqu’un qui veut revenir au pays, qui a été dans plusieurs clubs, qui a été au même niveau ou au-dessus. C’est ce qu’on fait aussi, on essaye de retrouver des joueurs qui ont un peu été à gauche, à droite, et qui ont envie de rester, de revenir vers la famille ou de s’installer. Je prends Alexandre Le Nédic il y a deux ans. Je le connaissais parce qu’il était à Vannes. Quand il était déjà à Locminé je l’avais pris à Pontivy, après il est parti à Vannes, après il est parti à Saint-Malo, après il est parti faire un petit tour en Corse et là c’était le retour au pays. Puis il me connaissait et son club de cœur, c’est ici. C’est intéressant quand ce sont des joueurs comme ça. Puis un autre cas de figure qu’on ne connaissait pas (sourire) et qui était à côté de chez nous, c’était Faussurier. Un joueur expérimenté, qui a une belle carrière. Même s’il est natif de Lyon, il est passé par Troyes, Brest, Concarneau et il vit à 10 kilomètres de Locminé, donc c’est une bonne pioche. Cette année on a essayé Alexandre Lavenant qui a fait son retour au bercail, il est du pays. Ce sont des bonnes pioches parce que ce sont des bons mecs, c’est important, et ils vont s’installer. Bon après il y a d’autres personnes qui arrivent et qui vont rester 3-4 ans. On a pris des joueurs que les gens ne connaissent pas forcément et qui arrivent. Ngassaki était passé par chez nous, c’est une bonne pioche aussi. Les aléas de la remise en conditions, les blessures qui font qu’on n’est pas au rendez-vous au niveau du classement mais c’est comme ça, c’est la vie.

    Votre début de saison est compliqué avec une dernière place actuellement au classement et vous restez sur 7 matchs sans victoire en championnat. Comment l’expliquez-vous ?

    Je dirais qu’en un il y a les départs qu’on a évoqué. Ils n’ont pas été compensés qualitativement à ce jour puisque les joueurs, avant qu’ils ne retrouvent leur forme, c’est du temps. L’intégration, les blessures, il faut le dire. Il y a eu quelques joueurs de chez nous de blessés, Belhaj, Soufaché qui avait décidé d’arrêter et qui vient de reprendre il y a un mois. Belhaj vient juste de faire son troisième match, Ngassaki est blessé, Danso blessé. Ce sont nos deux attaquants majeurs. Notre sentinelle Marvin Luciathe est blessé, ce qui fait qu’on donne du temps de jeu aux jeunes. Après tout s’engrange. On pourrait avoir cinq points de plus. Contre Granville on se fait piéger à la dernière minute, un fait de jeu, penalty. Le ballon tombe sur le corps puis sur la main et c’est la nouvelle règle. A la 89ème c’est comme ça, cela fait partie du jeu. Le 0-0 était logique, on perd donc on perd un point. On reçoit Dinan qui n’a pas vu le jour, sauf qu’on n’a pas été capable d’en mettre un. On a beau avoir les occasions, on ne les a pas mises. Une erreur d’inattention sur un coup de pied arrêté, qui revient et boum 1-0. Là ce sont vraiment trois points de perdus. Contre Bayonne on a fait une débauche d’énergie pour revenir au score, c’est ce qu’on fait en revenant à 1-1. On veut aller chercher le deuxième but alors qu’on égalise à la 87ème, erreur d’inattention on prend un penalty à la 93ème ou 94ème. Effectivement, 5+6 ça fait 11 points (rires), avec tous nos déboires que je vous ai expliqué. C’est comme ça, donc il ne faut pas baisser la tête. En Coupe de France on a passé les trois tours. Tout n’était pas forcément simple, notre situation avec des joueurs absents. Depuis une semaine je dirais qu’on retrouve notre effectif, on peut faire des choix, des choix de groupe avant ceux de la compo. Donc depuis deux semaines ça va mieux et ça va aller mieux dans les semaines qui viennent.

    Cependant vous restez sur un match nul 1-1 face à Avranches, qui est l’une des équipes favorites de cette poule A, donc c’est plutôt encourageant ?

    Oui, oui. On a fait un très bon match. On a fait un très gros match, la seule occasion, ils la mettent au fond. Ce n’est pas une erreur, c’est dans le jeu, c’est comme ça. Il y a un penalty pour nous qui n’est pas sifflé, c’est comme ça si l’arbitre ne siffle pas, il ne siffle pas. C’est sûr que quand on se dit qu’Avranches est leader et la Saint-Co dernière, il y a un écart au niveau des points, il y a un écart au niveau du jeu. Si on continue comme on a fait samedi dernier, on prendra des points. L’état d’esprit, l’agressivité, on a retrouvé une équipe qui a de l’allant, qui a de l’envie, qui va reprendre confiance. Les joueurs étaient déçus à la fin du match car on aurait pu mettre le deuxième mais on ne l’a pas mis. Mais par rapport à tout ce qu’on traverse, ça a été une victoire ! La confiance va revenir, les joueurs vont se libérer. On a quand même une superbe chance, c’est notre petite Ligue des Champions du mois de Novembre. C’est quand même sympa de vivre le mois de Novembre qu’on va vivre. Avranches est une équipe de National à l’origine, quand on voit que leur bus est toujours National 1. C’est notre Champions League car là on va à Bordeaux, le palmarès, le stade… J’adore Bordeaux (sourire). Qu’est-ce qu’on veut de mieux ? L’équipe a changé, l’équipe a des ambitions, on fera valoir ce qu’on sait faire puis on a eu cette expérience de l’an dernier. On est allés au Mans dans un grand stade, on n’a pas été timorés quand on est allés au Matmut. On sait qu’on va se faire bouger mais ce n’est pas grave, on va continuer à progresser, ça va nous servir quoi qu’il arrive. Et puis après on reçoit Guingamp (Ligue 2). On a de la chance d’être dans cette cour (sourire), c’est une opportunité pour continuer d’apprendre, progresser puis pourquoi pas… On a des joueurs d’expérience, d’autres qui reviennent, il n’y a pas à avoir peur. Au contraire, on a tout à gagner. On n’a rien à perdre, on a tout à gagner.

    Ce week-end ce sont les Girondins de Bordeaux qui arrivent au programme, une équipe en forme et qui est mieux armée que la saison passée. Est-ce que vous avez pu suivre son recrutement notamment ?

    Oui, on a regardé. Effectivement ils ont changé l’effectif. Il doit en rester trois ou quatre quand je regarde bien. Une fois qu’on a enlevé les deux latéraux et Bahassa, tout le reste a changé. Il y a un équilibre qui est plus complémentaire, il y a plus de collectif. Au niveau de l’état d’esprit ils sont en train d’avoir un groupe plus soudé je pense, enfin c’est ce que je ressens des images que je vois parce que je n’ai pas été au stade. Sachant que quand on gagne, le groupe vit mieux. Ils ont des objectifs, des ambitions, ce qui est normal. Maintenant on ira avec nos armes et on verra à l’arrivée. Je pense que de toute façon ça va nous servir pour l’après parce que l’objectif est d’aller jusqu’à Noël, grappiller un maximum de points pour ne pas être trop décroché. C’est ça l’objectif, c’est de grappiller, de grappiller, de grandir puisque la saison est très longue. Il y a des décisions qu’on a prises, avec les joueurs qu’on a, parce que c’est quand même ça qui va nous sauver. L’état d’esprit du groupe, l’identité qui nous caractérise avec nos dirigeants et nos partenaires. On est confiants mais maintenant il faut que ça se traduise sur le carré vert tranquillement.

    La saison dernière vous étiez venus battre Bordeaux au Stade Atlantique, dans un match qui avait été plutôt tendu sur le terrain et en tribunes. Est-ce un paramètre que vous prenez en compte avant de revenir ?

    Il y a une chose qu’on a appris jusqu’à aujourd’hui (rires), la gestion de nos émotions, parce que l’an dernier on était frustrés pour plein de choses. Sur des décisions d’arbitrage. Les arbitres n’arbitrent plus comme en N3, tout simplement les règles ont changé. Donc il faut savoir gérer ses émotions. A un moment donné on a pris beaucoup de cartons, beaucoup de rouges, beaucoup de deuxièmes jaunes avec des suspensions derrière. Là pour l’instant je touche du bois parce qu’on n’a pas pris de rouge. Ça veut dire que si on avait pris des rouges, on aurait plus de points ? Je ne sais pas. Je pense qu’à ce niveau-là on a franchi un palier, sur la gestion des émotions sincèrement, je pense. L’arbitre fait partie du jeu, même si on n’est pas d’accord, ça ne sert à rien… On peut s’exprimer gentiment dans les moments clé avec le capitaine etc. Aujourd’hui il faut se préoccuper du jeu, de ce que doit faire chaque personne, l’individu au service du collectif. C’est ça qu’il faut qu’on garde à notre niveau, point barre. Après on est obligés d’être à 110 ou 120%. Si on n’est pas à 120% samedi, on sait qu’on ne passera pas. On est obligés de faire beaucoup plus que les autres puisqu’on n’a pas non plus la qualité… On peut l’avoir pendant un quart d’heure ou vingt minutes, mais à un moment donné, une erreur, un mauvais contrôle, une mauvaise passe, on va se faire transpercer et derrière c’est tellement d’une justesse technique… 

    Bruno Irles semble avoir trouvé la formule puisque les Girondins sont sur une bonne dynamique. Mais c’était également le cas la saison dernière début Janvier quand vous êtes venus. Est-ce que l’approche du match sera similaire ?

    On ne va pas changer nos habitudes ça c’est sûr. On partira vendredi comme prévu, on partira vendredi midi. On va partir la veille donc on sera à l’hôtel. Ce sera l’un des seuls matchs où on partira la veille. On sera à l’hôtel tranquillement, on ne va pas changer nos habitudes. Après, on va découvrir un nouvel adversaire, mais je dirais que c’est plutôt galvanisant parce que c’est une nouvelle équipe. Il n’y en a qu’un qui va se souvenir, ou deux, trois joueurs (rires), plus le staff. Je vais être content de le revoir, Monsieur De Carli aussi. Quand ils sont venus au match retour, toutes les conditions étaient réunies. Il n’y avait plus d’enjeu, il y avait de beau temps, il y avait 2500 personnes. Je pense que si ça avait été l’hiver ce n’était pas pareil. Puis en plus on avait fait un très bon match, avec deux supers buts. Je pense que Bordeaux va être heureux de nous accueillir. Il y aura un public qu’on ne peut qu’admirer, ils seront encore 10000 ou 12000 (rires), une ambiance de feu devant et derrière nous car si j’ai bien compris les deux virages seront fermés. C’est galvanisant de se retrouver face à un public et un adversaire comme ça au contraire. On n’a pas besoin de la motivation, elle va se faire toute seule. Si on ne l’a pas là, on ne l’aura jamais. 

    Photo District de la Gironde

    Vous avez déjà rencontré plusieurs prétendants à la montée comme La Roche (3-3), Les Herbiers (0-2) et Avranches (1-1). Quelle est l’équipe qui vous a le plus impressionné même si c’était à des périodes différentes ?

    Alors il y en a une qui a de l’ambition qui est affichée, même si on n’aurait pas dû perdre, c’est Bayonne. C’est une équipe qui accroche. Les Herbiers c’est très bien huilé mais on pouvait les contrarier sincèrement. On a fait une très, très bonne première mi-temps. On n’avait pas les armes offensives. Mais Les Herbiers ne seront pas loin. Il manque peut-être quelque chose, c’est un rouleau compresseur mais il manque peut-être l’ambition affichée, c’est mon avis. C’est un super club. Honnêtement on va aux Herbiers, il y a 1500 personnes, ça vit bien, avec des bons joueurs, un bon entraîneur. La Roche c’était notre premier match, une belle machine de guerre. On était mené 2-0 à la mi-temps, on revient à 2-1, puis 3-1, 3-2 et 3-3. On peut faire le hold-up, poteau dévié par le gardien à la 92ème. Là tu te dis “Ah ouais d’accord, ok…” (rires). Après ça sera l’équipe qui sera la plus régulière. Avranches, ce n’est pas mal. Angoulême, je ne les ai pas vus mais on me dit que c’est très fort. Poitiers, je pense qu’ils démarrent en fanfare et après ils vont peut-être reculer pour moi. Saint-Malo a eu un peu de retard à l’allumage mais le championnat est très, très long. Il faut savoir qu’arrivé à ce stade (après 9 journées), il y a beaucoup moins d’écart que l’an dernier. Le dernier avait 5 points et le premier 24 points, c’était Saint-Malo. Il y en a un qui devait être à 10 points et c’est lui qui monte (Saint-Brieuc). Ce qui veut dire que les derniers ne seront peut-être pas les premiers, enfin c’est sûr (rires). Là ce serait exceptionnel, mais non, non, les derniers ne seront pas les premiers ça c’est sûr. Je dis qu’il y a deux championnats, les 6-7 premiers resteront là. Je pense que les six (premiers) actuels seront là à l’arrivée, entre La Roche, Avranches, Angoulême, Bordeaux, Bayonne et Les Herbiers. Sincèrement je pense que ce sera ça. Et c’est l’équipe qui aura l’effectif le plus conséquent et qui sera le plus régulier, je n’invente rien. La course est très longue, tout le monde peut battre tout le monde. Des fois tu fais un nul “Ah merde, fait chier”, mais un nul c’est un bon résultat, tout dépend contre qui. Pour les six derniers, ça va être l’objectif maintien. On sait dans quelle catégorie on va se battre. L’objectif c’est le maintien, de bien jouer au ballon, de faire plaisir à nos supporters et à nos joueurs, de faire un beau parcours en Coupe de France. S’il faut se sauver au dernier match, on y est préparés. 

    A quel type de match vous attendez-vous face aux Girondins ?

    J’ai vu un petit peu, je trouve qu’ils prennent moins de risques de temps en temps. Ils ne s’embêtent pas à avoir un jeu direct. Ils peuvent construire et en même temps, ils sont capables aussi s’il y a le feu, de jouer devant par du jeu direct. Après, je n’ai pas vu tous les matchs, il faut que je regarde celui de La Roche, où ils avaient gagné (3-0). Je pense que ça y est, les fondamentaux sont mis en place, les circuits de passes. Ils sont mieux que l’an dernier. Il (Bruno Irles) a changé de système, d’animation. Maintenant je ne connais pas la profondeur de banc. Villette est toujours blessé, il ne sera pas là. Bahassa devrait jouer devant, il va y avoir le retour du défenseur dans l’axe (Jean Grillot), Oualid (El Hajjam) joue dans le couloir droit, Diagouraga va monter d’un cran, sauf s’il y a le duo Odru – Ba. La défense centrale c’est Droehnlé avec Grillot, Trichard côté gauche. Il y aura sans doute Bahassa, Openda peut-être et Shamal. Nous, il y a encore des blessés, on ne sait jamais. Il n’y aura pas de grosse, grosse révolution. 

    Quelles seront les clés du match selon vous ?

    Les clés, déjà il faudra être très, très fort collectivement, aussi bien offensivement que défensivement. Il faudra être très, très bon en bloc puis jouer juste en fait, les bases. On sait jouer, on sait qu’on aura des situations, on sait, mais d’abord il faudra bien défendre collectivement. Quand je dis de bien défendre, ça ne veut pas dire de mettre le bus puisqu’on ne sait pas faire… À un moment donné voilà… Par contre, si on est très proches les uns des autres, on est capables de coulisser devant, derrière, sur les côtés. Mais c’est propre à toutes les équipes, je n’invente rien. Après, de jouer les coups à fond aussi bien en passes courtes qu’en jeu direct, dans les transitions etc… De la variété mais en étant très, très, très bons collectivement, aussi bien offensivement que défensivement. On sait très bien que le terrain est grand, il y a des joueurs de qualité où ça peut aller très, très vite puis qui ont du talent. Quand je vois le but de Shamal, côté gauche rentrant boum ! Il enroule, c’est un super but, il est beau. C’est là qu’on voit la qualité intrinsèque d’un joueur. Il suffit d’avoir quelqu’un qui a du talent. Il ne se passe rien puis il y a une éclaircie par un mec qui est capable de la mettre. Le haut niveau c’est exactement ça, il ne se passe rien puis il y a un talent, un joueur exceptionnel, qui est capable d’en mettre un, et ça fait 1-0 (sourire). En face tu te dis “Putain on a fait un bon match”, ouais sauf qu’on perd. Et quand on gagne, de la même façon, on a oublié tout le reste.

    Vous nous aviez dit que plus jeune vous étiez supporter des Girondins de Bordeaux et que vous aviez un ancien maillot. Est-ce que vous avez pu en récupérer un autre lors du match retour de la saison dernière ? 

    Alors je remercie encore Monsieur De Carli d’ailleurs. Aujourd’hui il faut que je sache qui est connu (sourire). J’avais demandé celui d’Andy Carroll et sur le moment Monsieur De Carli avait été embêté parce qu’ils n’avaient pas de deuxième jeu de maillot. Il m’avait envoyé le maillot dédicacé d’Andy Carroll. On l’a remis à l’association le jour du match retour parce qu’après ils faisaient une vente aux enchères. Donc merci à Andy, merci à Monsieur De Carli et au club parce qu’on a fait la photo avec l’association et avec Andy. Il y a eu la vente aux enchères fin Juin, je n’ai pas pu assister à la vente aux enchères. Sur les 34 maillots c’est celui d’Andy Carroll qui a rapporté le plus. Le partenaire m’envoie un message il me dit “Jacques, tu ne te rends pas compte, c’est toi qui a acheté le maillot ?” Je lui dis, oui peut-être, pourquoi pas parce qu’il y avait la vente en ligne et la vente en physique. C’est le maillot qui a remporté le plus de succès, 1000 euros. Il était convaincu que c’était moi. J’aurais dû l’acheter mais je ne le savais pas. Aujourd’hui le maillot d’Andy Carroll vaut plus cher parce qu’il n’est plus là (sourire). L’association était super heureuse. J’ai de nouveau envoyé des mots de remerciements à Monsieur De Carli et Andy Carroll. Ce sont des bons moments de partage. Le foot c’est une chose mais quand on peut faire quelque chose, une bonne action. S’il va falloir que je récupère un maillot samedi ? Je ne sais pas, qui c’est qui est connu ? (sourire) Jean Grillot ? Ouais ce n’est pas mal, en plus c’est un jeune.  

    Que peut-on vous souhaiter pour cette saison ?

    Le maintien ! Le maintien ! Il faut dire les choses. Si on peut produire du jeu et se maintenir, parce qu’aujourd’hui ça devient un spectacle. On s’aperçoit que les gens aiment encore le foot. Tout le monde me dit, le foot, le foot… Quand je vois que samedi dernier, on est un petit club, et il y avait 800 personnes le jour de la Toussaint. Donc on est en train de fidéliser notre public. On fidélise et on progresse dans le développement du club, dans toute sa splendeur et aussi avec nos partenaires qui s’engagent. Ils s’engagent, ils nous accompagnent. Ils ne nous accompagnent pas simplement pour aujourd’hui mais pour demain et pour après-demain. Quoi qu’il arrive, il faut penser à l’après-demain. On ne va pas faire comme certains clubs, j’ai un mécène qui arrive et dans deux ans il n’y a plus personne. Ce n’est pas l’ADN et les valeurs du club. Il ne faut pas changer cet ADN même si on aimerait bien. Quand on est coach, avoir à disposition des joueurs (sourire). Et un plus gros budget ? C’est ce qu’il nous faudrait à minima. Ce qu’il y a de bien avec le comité exécutif c’est qu’on ne s’interdit rien. On travaille par étapes, on fait des bilans réguliers avec un staff qui évolue, qui grandit, qu’on étoffe. Tout le monde fait plus donc c’est une belle récompense aussi pour tout le monde. Autrement, effectivement on peut être appelés on peut changer de club, on va prendre l’argent, mais la finalité ce n’est pas que ça. C’est de prendre du plaisir avec les gens qui nous entourent et qui nous accompagnent au quotidien. C’est quand même sympa. On est quand même le deuxième club du Morbihan, ce n’est pas rien. Ce sera une belle saison, qui sera difficile mais on le sait. Ce n’est pas grave, on est là pour ça. On arrive au mois de Novembre, les jours sont courts, il ne fait pas beau, mais ce sont des matchs de prestige ! Il y a des supporters qui iront à Bordeaux, qui partent dès vendredi et qui reviendront lundi ou mardi parce qu’on ne va peut-être pas vivre cette aventure pendant dix ans. Que nous on reste en N2, oui, mais que Bordeaux remonte et retrouve son rang. Nous on pourra dire qu’on les a joués ! On les aura joués deux années (rires). On appréciera plus dans le temps. Sur le moment on le vit au moment présent, mais on est pris par le temps. Même si on a des matchs toutes les semaines, on est multitâche donc on a tellement d’activités… C’est Bordeaux, puis c’est Guingamp… Ce sont des bons moments qu’il faut vivre, il faut prendre du recul et de la hauteur (sourire).

    Un Grand Merci à Jacques Pichard pour sa disponibilité, sa gentillesse et sa passion du football.