Jean-Marc Ferreri raconte son transfert “atypique” aux Girondins, qui sera “gravé à jamais dans ma mémoire”
Dans Le Podcast des Légendes, l’ancien meneur de jeu des Girondins de Bordeaux, Jean-Marc Ferreri, s’est remémoré sa signature au FCGB, qui s’est faite au bout d’un long périple en moins de 24 heures.
« Le transfert est très atypique. Evidemment, il est gravé à jamais dans ma mémoire. En fait, quand Guy Roux ouvre les portes à un départ avant la Coupe du Monde, c’était au mois de mai… Les quatre grands clubs français m’appellent. Il dit qu’il veut 20 millions de Francs, et peu importe le club, celui qui donnera cette somme, j’y partirai. Le PSG n’avait pas cette somme. Marseille, Michel Hidalgo m’appelle, mais ils n’ont pas cette somme non plus. Il ne restait plus que deux clubs en lice, le Racing et évidemment les Girondins de Bordeaux qui avaient les moyens. Tout le staff des Girondins de Bordeaux, dont Didier Couécou, Claude Bez, Aimé Jacquet, arrivent à dix personnes à l’aéroport d’Auxerre, et on déjeune ensemble. On discute toute l’après-midi. Je dis à Claude Bez ‘écoutez Président, ce soir Guy Roux vient me chercher à 19 heures, j’ai rendez-vous avec Jean-Luc Lagardère à Paris (le Président du Racing, ndlr) pour discuter aussi avec eux’. Claude Bez, pendant toute l’après-midi me dit ‘n’y vas pas’. Guy Roux me dit que je fais ce que je veux. Guy Roux vient me chercher, je pars à Paris, et je dis au Président Bez et tout le monde qu’ils peuvent rentrer chez eux à Bordeaux, que je leur donnerai la réponse dans 48 heures ou le lendemain. Et Claude Bez me dit droit dans les yeux : ‘nous restons là, tant que tu n’auras pas signé aux Girondins de Bordeaux nous ne repartirons pas d’Auxerre’. Incroyable (sourire). Je suis estomaqué, je leur dis que c’est bon, j’ai vu ce qu’ils voulaient me donner, et qu’on a beaucoup discuté. Il me dit ‘on t’attend, on reste là’. Incroyable. On part à Paris avec Guy, j’ai le comité d’accueil dans un hôtel parisien avec Maxime Bossis et Luis Fernandez qui viennent à l’apéro, et me mettent un petit coup de pression pour que je vienne. Dans ma tête, j’avais déjà dans l’idée de venir aux Girondins de Bordeaux. Pour la stabilité sportive… Bordeaux, c’était la Coupe d’Europe, la meilleure équipe de France, les internationaux… J’avais beaucoup discuté avec Alain Giresse, Bernard Lacombe, René Girard, qui étaient avec moi en Equipe de France… Ils m’avaient beaucoup parlé de ce club, et dans ma tête, à 80%, je voulais aller aux Girondins. Mais le Matra Racing, quand même, ça se regardait aussi. Je vais discuter avec le Racing, Claude Bez avait raison puisqu’ils me donnent beaucoup plus d’argent au niveau du salaire que Bordeaux, l’offre est plus intéressante avec Paris. J’ai une heure et demi dans la voiture pour prendre ma décision parce que dans la nuit je savais que les bordelais allaient me donner une réponse définitive. Les bordelais étaient toujours à l’aéroport. Là, on rediscute jusqu’à 2h, 3h du matin. Dans ma tête, je sais que je veux aller à Bordeaux, mais financièrement… J’ai fait le choix du sportif. J’avais évidemment un énorme salaire par rapport à ce que je gagnais à Auxerre, mais dans ma tête c’était le choix sportif. Je ne l’ai pas regretté parce que l’année où j’ai signé, on fait le doublé coupe-championnat, et on fait une demi-finale de Coupe d’Europe où on est éliminés aux pénaltys contre Leipzig. Je n’ai pas regretté une minute ce choix même si j’ai perdu pas mal d’argent. Mais j’ai fait le choix sportif. Je pense que j’ai pris la bonne décision. Mais quand tu vois aujourd’hui les joueurs qui partent en Arabie Saoudite pour beaucoup d’argent, ça me fait toujours rire ».


