[Interview G4E] Stéphane Lamant : “Je pense que cette année, ça sera la bonne pour les Girondins. J’en fais mon grandissime favori”

    (Photo by Christophe Saidi/FEP/Icon Sport) – Photo by Icon Sport

    Avant la rencontre entre le club des Girondins de Bordeaux et celui de Dinan-Léhon, comptant pour le match de la 12ème journée du championnat de National 2, nous nous sommes entretenus avec Stéphane Lamant, entraîneur de cette équipe depuis Juillet 2016. Avec lui nous évoquons son parcours, l’équipe de Dinan-Léhon, l’intersaison, Sofian Valla, les Girondins, la rencontre à venir, les favoris à la montée et plein d’autres choses…

    Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

    Les 10 premières années, 4 ans à Dinard, 6 ans à Saint-Malo, c’était entraîneur joueur. J’ai fait 10 ans entraîneur joueur, puis 10 ans entraîneur. J’ai été joueur au Racing Club de Lens dans les catégories de jeunes et premières années seniors. Ensuite, j’ai joué à Sedan. À Sedan, à l’époque, on était en Ligue 1, donc j’étais du groupe Ligue 1. Je jouais avec la réserve principalement, j’étais capitaine en réserve. Et en fait, je suis rentré après en Bretagne pour passer mes diplômes. J’ai joué à Saint-Malo, en équipe première. À 24 ans, j’ai décidé de tout arrêter pour devenir entraîneur joueur. Ma carrière a commencé, 10 ans comme entraîneur joueur sur ces deux clubs-là. Et ensuite, depuis 10 ans, au niveau National 3, National 2, avec Dinan.

    La saison passée vous avez terminé à la 10ème place au championnat. Quelles sont les ambitions pour cet exercice ?

    D’en laisser trois derrière. Ce sera déjà très, très bien. On est clairement dans une optique de maintien. La priorité, elle est là, il n’y en a pas d’autre.

    Cet été vous avez changé la quasi-totalité de votre ligne offensive avec les départs de Boubakar Camara, Michaël Faty, Amine Mokhtari et Sofian Valla, mais également votre milieu Esteban Hari. Est-ce que c’était un choix du club ou est-ce que vous avez subi le mercato ?

    Un peu des deux. On a subi le mercato avec certains joueurs. On a perdu des joueurs qu’on voulait conserver. On n’a pas pu le faire. Il y a d’autres joueurs sur lesquels on est arrivé en fin de course. Effectivement, la même année, les deux éléments se sont un petit peu bousculés. On a dû faire un renouvellement assez important, quasiment la moitié de l’effectif, ce qui n’était pas prévu et ce qui n’est pas dans nos habitudes. Ce qui explique aussi le début du championnat qui a été plus compliqué. Mais ces derniers temps, c’est mieux en termes de championnat. On espère que la saison est lancée.

    Après un début de saison compliqué, vous semblez trouver un peu plus d’équilibre et vos deux derniers résultats sont encourageants avec un nul aux Herbiers et une victoire face à Avranches. Comment l’expliquez-vous ?

    Je n’ai pas d’explication. Lors des deux matchs précédents, contre Bayonne on égalise à la 89ème – Bayonne qui était en tête du championnat – à deux partout. On arrive encore à en prendre un derrière à la 92ème. C’est plutôt une faute professionnelle, je dirais presque, même si on est en amateur. C’était dommage puisqu’on aurait fait aussi un match nul. Et à Montlouis, je pense qu’on ne doit pas perdre. Ce n’était pas un regain de forme. C’est juste qu’on a eu un peu plus de réussite peut-être que sur les deux matchs précédents. Il y avait déjà eu des matchs de bonne fracture. Et avant, il y avait eu deux victoires d’affilée. Effectivement si on enlève les trois premières journées, où on a commencé par trois défaites, où on a été assez pauvres dans ce qu’on a proposé… Après, depuis la quatrième journée, aujourd’hui, on serait en milieu de tableau.

    Dinan-Léhon

    Vous aviez donc Sofian Valla dans votre effectif, que l’on connaît bien aux Girondins. Que retenez-vous de son passage à Dinan-Léhon ? 

    Avec Sofian, on a passé deux très belles années. Avant de parler du joueur, c’est plutôt le garçon, l’humain que je retiendrai. C’est un garçon très attachant avec qui j’ai passé deux belles années. Au niveau foot, l’âge avançait, puis il est rentré dans la vie active, il travaillait à côté. On voyait que c’était de plus en plus dur d’allier les deux. Nous, on n’en gardera à Dinan que des bons souvenirs. S’il joue dans le coin à Dinard en R2 ? Oui, c’est ça. Il vient nous voir à tous les matchs. On a gardé de très bonnes relations. C’est quelqu’un d’attachant, qui a marqué le club. On est heureux quand il passe le samedi soir nous voir jouer. C’est toujours une marque de reconnaissance et c’est toujours appréciable. 

    Vous allez vous déplacer à Bordeaux pour affronter une équipe en pleine forme qui est invaincue depuis le mois de Septembre et reste sur 10 victoires de suite toutes compétitions confondues. Comment aborde-t-on cette rencontre ?

    Merci de me le rappeler. Comment on aborde ce genre de rencontre ? En disant que notre championnat à nous, il ne va pas se jouer là-bas, que tout ce qui se prendra et ce qu’on pourra prendre ce sera du bonus. Mais qu’un match, ça reste un match et que toutes les séries ont une fin. A un moment donné ils vont bien perdre des points. Pourquoi pas nous ? On a été capable de le faire, comme vous l’avez dit, contre des belles équipes ces derniers temps. On y va en espérant aller prendre un point. Si on pouvait le faire, ça stopperait la série. Ça nous ferait un point bonus, ce serait très bien. Après ces matchs-là, franchement, peu importe la série actuelle du club de Bordeaux. Ça reste un match à part. Pour le préparer, on essaie d’alerter un peu tout le monde. Les joueurs sont quand même en éveil. Ils ont envie de jouer ce genre de match-là. L’année dernière, on a été les jouer. S’ils nous battaient, la veille, Saint-Malo avait perdu. Au mois de mars, s’ils nous battaient, ils passaient premiers. Tout le monde nous a dit “Vous tombez au plus mauvais moment, s’ils gagnent ce soir, ils vont passer premiers (sourire) pour la première fois de l’année”. Ils nous avaient battus 3-1. Donc après, est-ce qu’il y a un bon moment ou pas un bon moment ? On a vu que les deux premières équipes ont pris 3 points et 1 point. Peut-être qu’il fallait y aller dès le début du championnat. Entre aujourd’hui et la fin de la saison, tous ceux qui iront, qu’ils soient premiers, deuxièmes ou troisièmes, ou qu’ils soient sur une bonne série ou sur une série négative, les matchs là-bas seront compliqués.

    Vous avez découvert l’ambiance du Stade Atlantique la saison dernière, Bordeaux s’était imposé 3 buts à 1. Que retenez-vous de cette rencontre ?

    Un ou deux éléments que je garderai pour moi (sourire). J’ai revu le match ce week-end tranquillement. Ça me permettait de revoir aussi le stade, l’ambiance, etc. Sur l’aspect sportif, un ou deux points quand même importants que j’avais retenus. On avait pris deux coups de pied arrêtés. On n’avait pas concédé tant d’occasions que ça là-bas. On prend deux coups de pied arrêtés, on fait une belle seconde mi-temps. Il y avait des choses positives à retenir. Effectivement ce qu’on retient, ça reste le stade, l’ambiance exceptionnelle, la magie un peu du truc. Ce week-end, on l’a plutôt regardé avec les yeux d’un technicien. Il y a une ou deux choses que je n’aimerais pas qu’on renouvelle cette année. On va en discuter. On va travailler ça cette semaine. Après, pour le reste, on aura beau travailler ce qu’on voudra, la vérité, ce sera les 90 minutes de samedi soir. Autant, parfois, comme il y a 15 jours, on avait bien préparé le match et ça s’est passé un peu comme on avait voulu. Autant, il y a trois semaines, on avait aussi bien préparé le match en Coupe de France et ça ne s’est pas passé du tout comme on voulait. On verra bien samedi soir. On a une idée à peu près claire de ce qu’on veut faire là-bas. J’espère qu’on aura les moyens de le faire et de rivaliser avec cette équipe.

    Ce samedi ce sera complètement différent sur le terrain puisque Bordeaux a reconstruit tout son effectif à l’exception de Grillot, Trichard et Bahassa. Avez-vous pu suivre le mercato bordelais justement ?

    Je ne m’étais pas trop intéressé plus que ça. Je savais qu’on les jouait assez tard. Je savais que ça bougerait un peu au fil des mois et des semaines. Je m’étais dit que je travaillerai le sujet en temps voulu. Depuis 15 jours, il y a eu la Coupe en plus donc on a eu le temps de les voir un petit peu, de bien les préparer. On a eu 15 jours pour bien préparer ce match-là. Je me suis penché sur l’effectif. Effectivement on savait qu’il y avait beaucoup de changements. Je n’étais pas rentré dans les détails. Même si ça a beaucoup changé, il y a quand même beaucoup de similitudes avec ce qu’ils faisaient l’année dernière. Peut-être pas dans l’animation, mais en tout cas dans le positionnement, il y a quand même pas mal de choses. Après l’année dernière, il y avait un jeu quand même un peu plus direct, axial. Je trouve que c’est moins le cas cette année. Il y a plutôt de l’animation couloir avec des joueurs assez percutants dans ces mêmes couloirs. Ils ont changé un peu, mais dans les positionnements, ça reste quand même assez similaire à ce qu’ils faisaient l’année dernière.

    Cette équipe semble plus armée que la saison passée pour jouer la montée. Vous en faites votre favori ou un outsider ?

    Non, non, j’en fais mon favori. Je pense que cette année, ça sera la bonne pour eux, surtout que derrière sont plutôt assez irrégulières. Elles lâchent beaucoup de points à droite et à gauche. Ils ont déjà l’avantage, je pense que chez eux ils vont prendre beaucoup de points. A l’extérieur ils ont aussi l’avantage d’avoir pris pas mal de points. Il faut dire que c’est un avantage parce qu’ils vont jouer Montlouis à Tours, ils ont joué Chauray à Niort. Ils jouent régulièrement sur des beaux terrains. C’est pareil avec les tours de Coupe de France. Certes, il y en a un qui n’était pas terrible, où la qualité du terrain n’était pas terrible, mais à chaque fois, ils jouent sur des grands terrains et donc ça aide quand même leur jeu. Je pense que c’est un outil. Puis, l’année dernière, on sentait qu’à chaque match à l’extérieur, ils jouaient un match de Coupe de France et que c’était compliqué. Mais avec le style qu’ils avaient mis en place sur le jeu un peu plus direct, ils pouvaient être pénalisés. Cette année, j’ai l’impression que, certes ils jouent toujours des matchs de Coupe de France à l’extérieur parce que tout le monde les attend, mais qu’avec la patte qu’ils ont mis cette année, où il y a un peu plus de jeu, un peu plus de mouvements, là du coup, c’est beaucoup plus dur à lire. Et je pense que ça va les aider à aller au bout. Ils sont costauds défensivement, c’est ce qui leur manquait un peu l’année dernière. Et là, derrière, la charnière c’est costaud, dans les buts, c’est costaud. Ils ont trouvé leur binôme au milieu du terrain aussi, qui s’entend bien, qui est complémentaire. Par rapport à l’année dernière, ils sont quand même montés en grade sur pas mal de choses. Et puis, ils ont une vraie équipe de contre, de transition, ça va très vite. Ils sont capables de faire les deux, ils l’ont montré à Lorient, ce qu’ils étaient moins capables de faire l’année dernière. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles ils ont progressé par rapport à l’année dernière. J’en fais mon grandissime favori. L’année dernière, j’avais dit qu’ils ne monteraient pas. Comme quoi… 

    Une équipe a pourtant fait douter Bordeaux récemment, c’est le club de Mazères Uros Rontignon, qui menait 3-0 à la mi-temps en Coupe de France. Faut-il s’appuyer sur ce match pour vos joueurs ?

    Non, je ne pense pas. Après je pense que le match vous l’avez vu comme moi. S’ils avaient dominé et qu’ils gagnaient 3-0 à la mi-temps, je vous aurais dit que ça pouvait être une source d’inspiration. Mais c’était quand même assez miraculeux qu’ils mènent 3-0 à la mi-temps sur des buts un peu saugrenus. Tant mieux pour eux, parce que c’était top, leur histoire était géniale. Mais qu’il y ait 3-0 à la mi-temps, c’était du jamais vu. Comment on peut arriver à la mi-temps à 3-0 ? Ils ont passé le milieu de terrain trois fois. Ils ont mis un corner où il n’y avait personne dans la zone. Ils ont réussi à marquer un but. C’était assez incroyable. Donc je ne prendrais pas ça (comme exemple). Plutôt la seconde mi-temps en disant que Bordeaux a été un peu vexé, qu’ils ont accéléré un peu. La première mi-temps, c’était un peu brouillon. Après, il y avait six joueurs offensifs d’alignés. Je pense qu’inconsciemment… Ça m’est déjà arrivé de le faire. Quand vous faites ça, l’équipe a l’impression que ça va se faire tout seul parce qu’il y a plein de joueurs qui sont capables de faire la différence. Mais le foot ça reste le foot et il faut respecter ça. Je pense qu’en première mi-temps, ils l’ont un peu oublié. Je pense que le coach a fait le job à la mi-temps pour recentrer quelques trucs. Après, en deuxième mi-temps ce n’était plus qu’une attaque-défense. Là effectivement, le fait d’avoir six offensifs sur le terrain, c’était bien (rires). Sur la première mi-temps, ça manquait un petit peu d’équilibre et peut-être même de sérieux sur deux ou trois transitions. Des petits détails comme ça, où si on laisse un petit peu, on se fait punir. J’aurais préféré qu’ils n’aient pas ça. On se disait peut-être qu’après dix victoires, ça aurait été bon de les prendre avec ce sentiment de supériorité. On est la plus mauvaise défense donc ils auraient pu se dire que… Là, ça ne nous a pas arrangé (sourire) parce qu’on se dit que la petite erreur de surestimer l’adversaire, elle est passée et qu’ils ne feront pas le coup deux fois, deux semaines d’affilée. Donc, manque de pot, celui que j’ai là, on ne l’a plus non plus. 

    (Photo by Nathan Barange/Icon Sport) – Photo by Icon Sport

    Quelles seront les clés du match selon-vous ?

    Les clés du match, je ne sais pas. Ça va aussi beaucoup dépendre d’eux, s’ils font leur match ou pas. J’ai tendance à dire que ça va être comme un match de Coupe de France, car ça reste comme un match de Coupe de France pour nous, purement amateurs. Nous nous entraînons trois fois par semaine, nous prenons des RTT pour aller jouer à Bordeaux samedi. J’ai tendance à le dire à chaque fois en Coupe de France à mes joueurs. Donc autant le dire comme c’est le cas pour les autres. Dans ces cas-là, si le groupe fait son match, c’est difficile pour le petit, ça dépendra de Bordeaux. S’ils sont capables de faire un gros match ce week-end, pour nous ça sera compliqué. Si jamais ils laissent quelques failles, il faudra qu’on soit capables à ce moment-là d’être performants et de saisir les opportunités. Nous, il faut qu’on soit conscients du match que l’on attend là-bas. On sait que ça sera dur quoi qu’il arrive. Et puis, à eux de voir après ce qu’ils sont capables de faire à domicile, contre un petit, où ils sont dans l’obligation de gagner parce qu’aujourd’hui, personne ne comprendrait qu’ils ne battent pas Dinan chez eux. Tout le monde les voit aller au bout maintenant. Il y a toute cette pression-là qui peut jouer aussi, s’ils ne marquent pas, s’ils s’énervent, s’ils commencent à déjouer. Ce sera important pour nous d’être dans les coups et que nous, on soit encore bien physiquement prêts dans les têtes aussi. Donc le match, pour moi, il va se jouer un petit peu là. Les clés, ils les ont eux, je pense. On verra ce qu’ils en feront.

    Que peut-on vous souhaiter pour cette saison 2025/2026 ?

    (sourire) Déjà, si je pouvais en laisser trois derrière. Moi, je vous ai prédit la montée, prédisez-moi le maintien et on se quittera bons amis là-dessus (sourire). C’est surtout ça. Après, tout à l’heure, vous me posiez la question, qu’est-ce qui explique qu’en ce moment, c’est un peu mieux ? On a aussi récupéré des blessés de longue date. Depuis le début de l’année, on avait des blessés. Si on pouvait aussi peut-être être un peu plus tranquille après Noël, après les fêtes, sur la partie effectif, parce que nous, on n’a pas un gros effectif. Quand vous avez des joueurs qui sont blessés dix à douze semaines, que vous en avez trois ou quatre dans l’effectif, ça fait beaucoup. J’espère qu’on va être un peu plus tranquille sur cette seconde partie de saison et qu’on va pouvoir profiter davantage avec notre public, peut-être faire aussi des meilleurs résultats à domicile, parce que pour l’instant, à domicile, ce n’était pas top. Si on pouvait avoir un maintien avec un peu plus de communion avec notre public et leur faire plaisir, ça serait idéal.

    Un Grand Merci à Stéphane Lamant pour sa disponibilité et sa franchise lors de cet entretien.