Ludovic Obraniak : “On est sûrement le seul corps de métier au monde où les salariés sont presque plus forts que les employeurs”
Dans L’Equipe, Ludovic Obraniak, ancien joueur des Girondins de Bordeaux et maintenant consultant, s’est exprimé sur l’arrêt Bosman qui fêtait ses 30 ans ce 15 Décembre. Depuis cet arrêt, les clubs européens peuvent notamment avoir plus de trois joueurs étrangers et il n’y a plus besoin d’indemnités de transferts quand un joueur est en fin de contrat. Le sujet était : Pourquoi le foot a changé à tout jamais.
“C’était un autre football avant et je suis nostalgique de ce football-là. Passer de trois (joueurs étrangers), ce qui était trop peu, à un nombre illimité, il y a un côté déraisonnable qui a complètement changé la face du football. Si j’étais un travailleur européen comme les autres ? Un travailleur européen qui a plus de droits que l’employeur (sourire) donc c’est marrant aussi. On est sûrement le seul corps de métier au monde où les salariés sont presque plus forts que les employeurs. Quand je vois Monsieur Bosman, qu’on a rencontré il n’y a pas longtemps, qui est une personne adorable mais qui a beaucoup souffert de tout ça et on lui doit beaucoup… Je pense qu’il devrait toucher 0,0001% à chaque transfert qui se fait aujourd’hui parce qu’on lui doit beaucoup. Mais en même temps je trouve que c’est parti… J’ai joué dans des championnats où il y avait une limite d’étrangers, où il y avait le droit à 6, 7 ou 8 étrangers. Donc tu pouvais importer des gens, c’est-à-dire des personnes justement qui t’amenaient ce côté spectaculaire, ce côté nouveau et tu gardais quand même une marque un tout petit peu identitaire avec des joueurs du cru, des français, etc… J’aime cet équilibre-là. Là je trouve qu’on a plus d’équilibre. Regardez en Angleterre, il y a des clubs où il n’y a pas un anglais. Puis je trouve que ça dérègle les gamins aussi. Ca a déréglé tout le système des gamins et du football en général, c’est-à-dire que là où l’expérience payait, c’est devenu maintenant le joueur qui n’a même pas fait un match en pro et qui vaut déjà 10 millions d’euros sur le marché des transferts. On est passé dans un excès inverse.”
Retranscription Girondins4Ever


