Romain Ferrier : “Les jeunes, là-dedans, ils n’y peuvent rien, ce sont les principales victimes. Alors, je suis dans l’opérationnel tout de suite”
Pour « Dans le vestiaire du sport mental », l’ancien joueur et formateur aux Girondins de Bordeaux, Romain Ferrier, désormais entraineur de la réserve de Marseille, s’est exprimé sur son parcours et ses nouvelles fonctions.
« Ma dernière expérience, c’était aux Girondins de Bordeaux. J’allais faire quatre années, et comme on le sait le club a fermé l’année dernière son centre de formation. Comme j’étais directeur technique du centre de formation, c’est sûr que j’ai suivi le reste des salariés, et l’aventure s’est arrêtée là. Depuis décembre j’ai rejoint l’Olympique de Marseille. Tout d’abord pour être entraineur adjoint de la réserve de Jean-Pierre Papin, et donc depuis cette saison je suis désormais le responsable du groupe réserve, du groupe Pro 2 de l’Olympique de Marseille […] J’étais responsable de coaches à Bordeaux, dans un club moins pressurisé si on peut dire. C’était un peu plus tranquille, un peu plus simple, mais avec des bonnes personnes aussi qui étaient présentes. Il y avait des arbitrages à faire, des prises de position aussi à avoir, ce qui est logique, car on reste manageur. Mais aussi il fallait tranquilliser. Je fonctionnais de la même manière que quand j’étais éducateur, c’est un peu la même chose en termes de management. C’est mettre un cadre en place ».
Puis, il expliqua comment il avait géré la fermeture du centre de formation sur le plan mental.
« En fait, on ne va pas trahir de secret, on sentait qu’à Bordeaux, ça ne sentait pas très bon. Mais de là à ce que tout ferme, non, on ne le savait pas. On savait qu’il pouvait se passer pas mal de choses. En tant que responsable, on essayait de notre côté de faire des propositions, de s’adapter. L’idée était quand même d’anticiper les choses et de se dire que s’il se passe ça ou ça, on peut mettre ça en place. Essayer de réfléchir à plusieurs options. Mais lorsque l’option de la fermeture du centre est arrivée, qu’on l’a apprise par les médias (le 26 juillet, ndlr), il y a tout qui tombe. Dans la seconde, je reçois des dizaines de coup de fil de parents de joueurs, d’agents… Là, je comprends tout de suite ce qui se passe, et je n’ai pas le temps de réfléchir. Il faut être dans l’opérationnel tout de suite. Le côté perso, je le mets de côté. Je pense d’abord aux joueurs parce que ce sont des jeunes, et moi je reste un adulte avec de l’expérience. Les jeunes, là-dedans, ils n’y peuvent rien, ce sont les principales victimes. L’idée a été de se concentrer en continuant à les accompagner autant que possible, sur le terrain et pour leur trouver une porte de sortie, ou en tout cas à appeler les clubs. Tous les jeunes étaient libres, donc l’idée était de les aider à rebondir. Il y avait la scolarité qui était aussi au milieu, et le challenge était là : que tous les jeunes puissent retrouver un projet avant septembre. Une fois que ça a été fait, tout en continuant à faire des séances d’entrainement à côté de ça, on était vraiment dans l’opérationnel et on n’avait pas à réfléchir. Le mental, c’était la résilience, juste s’accrocher, ne pas penser à soi mais à eux, car ils ont encore des choses à vivre et à faire. L’objectif n’était que pour eux. Tous les staffs ont été focus là-dessus. Il fallait préparer l’après également, malgré le club qui partait en cendres. Il y a des choses qui allaient toujours continuer, donc il fallait réfléchir quand même. Là ça a été un peu plus dur dans cette transition. Il fallait constituer des équipes… Une fois que tout a été sécurisé, là je me suis dit que j’allais penser à moi ».


