Obraniak: « Je suis un fidèle »
Le néo bordelais Ludovic Obraniak a répondu aux questions de Lawrence Leenhardt dans les colonnes de L’Equipe, et revient de nouveau sur le choix de quitter le LOSC et rejoindre les Girondins de Bordeaux. Il a particulièrement insisté sur le côté affectif de ses choix, et les ressemblances entre les deux clubs.
Vous avez enfin joué avec votre nouveau club lors des seizièmes de finale de la Coupe de France samedi dernier à Créteil. Quelles sont vos premières impressions ?
J’ai retrouvé le plaisir de commencer un match (il n’a été titulaire que cinq fois cette saison en championnat avec le LOSC). J’ai surtout pensé à çà. Je ne suis pas à cent pour cent , mais j’ai besoin de jouer pour préparer au mieux mon Euro avec la Pologne, ma première compétition internationale. Ces six mois vont être importants pour moi.
A Bordeaux, ressentez-vous une pression particulière ?
Un peu. Je sais qu’elle va aller crescendo. On m’a pris pour être décisif, pour animer le côté et je dois assumer mes responsabilités. J’avais besoin de ce challenge. Et si on sent tout de suite que Bordeaux est un grand club, j’ai retrouvé, comme à Lille, cet esprit familial essentiel pour moi, qui fonctionne à l’affect.
Pourtant, aujourd’hui, le football ne nécessite pas forcément de rapports humains ?
Sans rapports humains, ca ne me conviendrait pas. Je fais ce métier aussi pour çà. Je sais qu’on doit laisser nos émotions de côté car elle peuvent nous jouer des tours. Mais moi, j’ai besoin de l’affectif, même si j’ai vu avec Lille que les liens se créent dans la victoire. Je le vis avec la Pologne. Je ne parle pas bien la langue, et quand je suis arrivé là-bas, on m’a mis de côté. Ca a été très dur. Je suis un battant, ça me motive, mais, parfois, je ne me sens pas légitime, toujours remis en question au premier match moyen. Je dois prouver plus. Et encore, j’ai commencé avec un doublé (le 12 aout 2009 contre la Grèce, 2-0) ! Mais c’est une belle aventure qui m’apporte beaucoup de choses positives. Et l’idée de jouer un Euro à la maison, c’est extraordinaire.
Cette franchise vous a-t-elle desservi ?
Par le passé, oui. A Lille, au début, j’ai souvent pensé que j’aurais mieux fait de me taire. J’ai appris, la preuve, la fin au LOSC (où il a exprimé son souhait de partir). Je n’avais pas envie d’aller au clash. Je ne veux retenir que les belles années, les titres (doublé Coupe de France-Championnat), les gens. Ce n’était plus ça à la fin. J’ai été en concurrence avec Gervinho, Bastos, Hazard, Cole, Payet ! Que revendiquer ? Je n’ai pas accepté, mais je comprenais. Simplement, je trouve qu’on aurait pu plus m’utiliser.
Quitter Lille a t-il été un choix difficile ?
Je n’y trouvais plus mon compte, or j’ai toujours fonctionné au plaisir. Il fallait trouver un nouveau challenge. Lille a une place dans ma carrière et mon coeur, j’étais triste de partir. Six années … Cinq à Metz, oui, je suis un fidèle ! Dans la vie aussi, je n’aime pas changer.