Laurent Calippe : « Au dernier moment avant de choisir, je vais à l’entrainement dans son club. Je regarde à quelle heure il arrive, son comportement. Bordeaux non : data »
Laurent Calippe, ex-recruteur aux Girondins de Bordeaux, nous a expliqué comment la cellule de recrutement des Girondins de Bordeaux fonctionnait lorsque les nouveaux « scouts » sont arrivés, en même temps qu’Eduardo Macia.
« C’était impressionnant de voir comment ça se passait quand tu leur proposais un joueur. Avant de partir à la CAN au mois de mai-juin, je leur propose Hicham Boudaoui. A cette époque, Boudaoui, tu le payes 0€… Il espère un salaire de 15000€, et qui augmente de 10000€ tous les dix matches. Et ils désiraient un pourcentage sur une prochaine revente, on aurait fait 70% pour Bordeaux et 30% pour le Paradou. Je leur dis à l’époque : ‘il faut le prendre, parce que quand on va revenir de la CAN, il aura pris du volume’. Tu reviens de la CAN, il vaut déjà plus cher, l’agent demande 500000€ et 25000€ de salaire. Ce qui est encore raisonnable. Et tu ne le prends pas… Et là, en Ligue 1, il a trois mois d’actif à Nice, tu vois son niveau, tu imagines quand il aura fait une saison ? Je leur ai dit Ishak Boussouf aussi, c’est pareil. Ça ne coûte rien. Le petit Romain Perraud, c’était 2M€ de transfert et environ 35000 de salaire, alors qu’il n’y a pas de latéral gauche en France. Pour l’instant, il manque encore un peu de rythme, de ceci, de cela, mais on sait que c’est un gros potentiel. En plus, faire la saison qu’il fait aujourd’hui à Brest, où c’est difficile, tu peux le comprendre… Brest, ce n’est pas Bordeaux. S’il avait été à Bordeaux, il ne jouerait pas de la même façon parce qu’il aurait été mieux entouré ».
Des suggestions sans réponse, alors que Laurent Calippe a été justement recruté au club, par Ulrich Ramé, afin de flairer de bonnes opportunités à faible coût.
« C’est pour ça qu’Ulrich me débauche de Montpellier. Montpellier, mon fait d’arme, c’est Nordi Mukiele que tu prends à Laval à 800000€, et tu le revends 20M€ à Leipzig un an et demi après. Ulrich sait qu’il y a ce manque-là à Bordeaux. Ulrich c’est un taiseux, un besogneux. Tout le monde lui a mis plein de choses sur le dos, parce que c’est un garçon qui n’a pas voulu éclater les murs, défoncer les portes après Jérôme Bonnissel. C’est un bosseur, il fait son travail, il s’est installé, et il commençait à mettre ses équipes en place. C’est son caractère, mais il savait ce qu’il faisait et où il allait, tranquillement. Il savait qu’à Bordeaux tu avais besoin au niveau du centre de formation. Dès que je suis arrivé, on a instauré avec les autres scouts de nouvelles choses comme quand l’après-midi il y avait un match des U19 ou 17Nat, on allait les voir et on remontait les informations au centre de formation. C’était d’aller voir les équipes nationales, les réserves des pros en N2 et N3. Il faut déjà vérifier ce que tu as dans le championnat de France et après en seconde étape tu vas à l’étranger. Là, tu prends dix scouts à l’étranger… Il faut m’expliquer à quoi ça te sert ».
Et évidemment, pour maximiser les chances, les joueurs supervisés par un scout le sont également pas d’autres, afin que les avis convergent ou divergent.
« Quand je vois un joueur, je fais la croisée. Éric Guérit va voir mon joueur, moi je vais voir le sien. On en parle. Et au dernier moment avant de choisir, je prends ma voiture, et pendant deux-trois jours je vais à l’entrainement dans son club. Il est convoqué le matin à 9h30, moi j’y suis à 8h30. Je regarde à quelle heure il arrive pour savoir s’il est concerné, s’il arrive cinq minutes avant ou une heure avant. Je vais voir son comportement à l’entrainement, comment il est. Tout ça, ça fait partie de notre job. Eux, à Bordeaux, ils ne font pas ça : data. Eux, ils sont recruteurs, et ils ne le font pas. Et quand tu leur dis ça, en plus, ils se foutent de ta gueule… ‘On est des vieux, on est des anciennes générations, on ne comprend rien’…
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