Christophe Dugarry : “Zizou, je l’ai vu avec sa tête ‘on met des coups de boule’. Il était fou ! Il m’a dit : ‘ce n’est pas possible, il se fout de ma gueule’”
Christophe Dugarry est revenu sur la Coupe du Monde 2002 et les choix de son sélectionneur à cette époque-là, Roger Lemerre. Il revint notamment sur le choix de ce dernier de ne pas aligner Johan Micoud à la place de Zinedine Zidane, blessé. Mais l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux se souvint aussi sur la réaction de Zizou après les choix du sélectionneur.
« Pourquoi Johan Micoud n’a pas joué ce match contre le Sénégal, Zizou étant blessé ? Déjà, connaissant Johan Micoud… J’ai eu la chance de jouer avec lui, ce n’est pas un garçon à embrouilles. Donc même s’il a dû être frustré parce que c’est vrai que c’était LE remplaçant de Zizou… C’était un choix de Roger. Il a fait ce choix-là avec ses adjoints. Il y a eu beaucoup d’incompréhension. J’ai vu des joueurs la veille de France-Uruguay aller dans la chambre de Roger pour demander des explications sur la compo, sur ce qui se mettait en place, sur pourquoi on s’entrainait autant… Il y a eu un échange en pensant trouver un accord, et je me souviens très bien que cet accord, le lendemain deux heures avant le match, et que la compo sort… Je vois la tête de Zizou, Djorkaeff, et tout ça, ils sont verts… Ils avaient discuté d’un truc la veille, pour savoir comment on pouvait faire, etc… Il y avait eu une discussion collégiale comme ça se faisait avec Aimé Jacquet. Et là, les joueurs donnent leur avis, ils sortent de la chambre en pensant avoir trouvé un consensus avec Roger… Je me souviens très bien que Zizou m’avait dit que c’était bon, les incompréhensions étaient réglées, comment il fallait mieux jouer, comment on se sentait… Et le lendemain, je peux te garantir la tête de Zizou, quand il sort la feuille de composition d’équipe, et qu’il remet son même système… Un système que les joueurs n’acceptaient pas, ils ne voulaient pas jouer comme ça. Ce n’était pas ce qu’il fallait pour le bien de l’équipe. Zizou, je l’ai vu avec sa tête ‘on met des coups de boule’. Il était fou ! Il m’a dit : ‘ce n’est pas possible, il se fout de ma gueule’. Roger était parti dans un espèce de truc… Lui aussi, il sentait l’atmosphère, que ce n’était pas bon, qu’on n’était pas bien, qu’on n’était pas dedans. Et Roger, cela partait d’un bon sentiment, il voulait reprendre la main. Tous les jours il faisait surveiller s’il n’y avait pas des micros, des journalistes… Il y avait une paranoïa, une folie, c’était fou ».