Lionel Charbonnier : “Si tu écoutes aujourd’hui les supporters bordelais, les pauvres, franchement, ils ont presque la haine envers leur club, leur institution”

Lionel Charbonnier a commenté l’arrivée de nombreux fonds d’investissement en France pour racheter les clubs français. « Si tu t’appuies sur un recrutement régional, qui va garnir ton centre de formation, pour faire du trading à travers ça… Tu peux garder ton identité. Mais le faire par exemple à Marseille, ce n’est pas possible. Si c’est bien fait, pourquoi pas, mais tu ne peux pas le faire à tous les clubs. Tu vas avoir des résultats en dents de scie avec le trading, tu ne vas pas pouvoir t’installer durablement… Dans une grande saison tu peux être 4-5ème, et la saison d’après tu peux te retrouver à jouer la descente parce que ton effectif aura changé à 70%. Il te faut non seulement des hommes à la tête du club qui soient capables de faire ça, mais il te faut aussi l’entraineur, le staff, capable de savoir gérer, se remettre en question tous les ans. C’est dur quoi ! Selon les hommes que tu mets en place, il y a un certain potentiel. Mais ce sont les hommes qui font un projet ! ».
Dans de nombreux cas de rachat, le projet est le trading, qui détruirait l’institution d’un club de football comme on le voit actuellement avec les Girondins de Bordeaux. « Si tu écoutes aujourd’hui les supporters bordelais, les pauvres, franchement, ils ont presque la haine envers leur club, leur institution. Ils ne se reconnaissent plus. Evidemment c’est de la haine envers les dirigeants, mais ils en arrivent à se dire ‘mais pourquoi on va au stade, pour leur donner notre argent à ces gens-là ? Pour qu’ils s’enrichissent ?’. Ça, c’est très, très dangereux […] Pour éviter ça, peut-être qu’il faut instaurer une commission à la LFP, où les gens viennent présenter leur projet sportif à deux, trois, quatre ans… Dans le but de ne pas élire n’importe qui à la tête d’un club, qui fait n’importe quoi, en prenant un club en otage, en prenant les supporters en otage. Ça, ça me fait peur. Les gens se perdent ! Tu allais au match avec la famille, tu allais passer un moment… Les bordelais maintenant, ils savent très bien que quand ils vont donner leur argent, c’est de l’argent perdu, foutu en l’air ! Ils ne passent même plus un bon moment, ils ne viennent même plus voir les derbys ! On est en train de perdre nos derbys, nos guerres de clochers… ».