Tony Vairelles : « On nous dit qu’il n’y a pas de vidéo qui prouve qu’on n’a rien fait, donc on est coupable… J’ai vraiment l’impression aujourd’hui d’être jugé coupable au bénéfice du doute »

    Sur RMC, Tony Vairelles, l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux, est revenu sur la dernière décision de justice qui le condamne à cinq ans de prison, dont trois ans ferme, lui qui a déjà passé 5 mois derrière les barreaux. L’ancien footballeur a fait appel de cette décision, ce qui le rend de nouveau présumé innocent. Il est notamment revenu sur cette nuit du 22-23 octobre 2011, où tout a commencé.

    « C’est simple, je reçois un coup de fil de mon petit frère, je ne suis pas trop où je suis à 3 heures du matin… Je vois que c’est lui, je me dis qu’il abuse un peu, mais je décroche, et tu entends ton petit frère qui est paniqué, qui s’est fait agresser, et qui me demande d’aller le chercher. Tu paniques, le téléphone tombe, tu cherches à vite t’habiller, tu ne sais même pas où il est… En fait, la boite de nuit était à même pas un kilomètre de chez moi à vol d’oiseau, mais je ne savais pas où elle se trouvait parce que c’était une boite qui avait mauvaise réputation. Il me dit qu’il s’est fait agresser par une dizaine de personnes, je ne sais pas où je vais, donc je me dis que je vais appeler mon frangin parce qu’on ne sait jamais… Mon grand frère fonce sur le parking en pensant récupérer mon petit frère, et je le suis pour lui dire que j’ai récupéré les petits et que tout va bien. Sauf qu’il rentre dans le parking, il avance… A ce moment-là, les videurs qui sont à l’intérieur de la boite de nuit sortent et ils ne cherchent pas à comprendre. Matraque télescopique, ils viennent vers moi, il n’y a aucune échéance de parole, et on se fait gazer… On reçoit des barricades, on se défend comme on peut, on les renvoie… Là, dans mon souvenir, j’entends un coup de feu… Apparemment il y en a eu plusieurs parce qu’il y a eu plusieurs blessés. Tant bien que mal, je réussis à prendre les petits, on réussit à remonter dans la voiture et on s’en va. C’est ce que j’ai vécu ».

    Tony souhaite pointer du doigt les nombreuses incohérences et surtout version notamment des videurs de la boite de nuit.

    « Ensuite, il y a eu de multiples versions des videurs, et c’est pour ça qu’aujourd’hui je n’arrive pas à comprendre comment on peut juger cette affaire, me condamner. Concernant la vidéosurveillance, les videurs disent qu’ils ont vu quatre hommes armés, et au final, ils sortent quand même… Même un videur de boite, s’il voit quatre hommes armés sur un parking, il ne sort pas… Eux non, ils sortent, ils reconnaissent être venus devant nous, et ils reconnaissent nous avoir gazés […] Ils expliquent par exemple qu’on a des armes automatiques, mais on ne retrouve aucune douille, aucune arme. Le seul élément qui peut déterminer si tu as tiré des coups de feu, ça s’appelle le tamponnage, et on ne nous le fait pas. Tu es 48 heures en garde à vue, ça a été fait à mon plus jeune frère, c’est revenu négatif, et nous, les trois autres frères, on ne nous le fait pas… Pourquoi ? Aujourd’hui, ça joue en notre défaveur ! On nous dit que comme ça n’a pas été fait… Comme la vidéosurveillance. On nous dit qu’il n’y a pas de vidéo qui prouve qu’on n’a rien fait, donc on est coupable… J’ai vraiment l’impression aujourd’hui d’être jugé coupable au bénéfice du doute ».

    L’ancien attaquant bordelais s’est souvenu de son emprisonnement qui a duré cinq mois, dans le cadre de cette affaire.

    « Tu ne sais pas où tu vas, c’est un univers que tu ne connais pas du tout, tu te demandes à quoi tu vas avoir affaire. En plus, c’était à Metz… J’ai gagné le titre contre Metz, la Coupe de la Ligue contre Metz, je suis natif de Nancy l’ennemi public numéro 1… Cette détention a été horrible pour mon fils mais heureusement, ma femme ne m’a rien dit. Quand votre enfant pleure parce qu’il croit que je suis mort… Ensuite je ne voulais pas qu’il vienne au parloir, dans un environnement glauque. En plus, quand je recevais ma famille au parloir, on ne parlait que de l’affaire, et il n’y avait pas d’instant pour lui… Quand je suis rentré à la maison, j’avais envie de m’enfermer avec ma femme et mon fils pendant 15 jours, trois semaines… Quand tu es en prison, que tu sais que tu n’as rien fait, que tu vis une injustice, que tu ne peux même pas te défendre… C’est horrible ».

    https://twitter.com/Rothensenflamme/status/1532414735613935616?s=20&t=5-hg0in98FR7vBNsi39blA