Le bilan complet fait par Gérard Lopez depuis son arrivée : chiffres, vestiaire hyper toxique, retour du public, baisse de la dette, la formation…
Avant de démarrer le jeu des questions-réponses avec la presse, le Président des Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez, a fait un long monologue, de plus de dix minutes, mais extrêmement intéressant car étayé de chiffres. Ses propos nous rappellent évidemment d’où l’on vient, et qu’il n’y a pas si longtemps le FCGB a frôlé la mort.
« C’est rare quand j’ai une note, mais là aujourd’hui j’en ai une. Merci à toutes et à tous d’être venues. Ca fait un moment que je n’ai pas pris la parole. On est à 10 journées, on a un changement d’entraîneur… Donc je pensais que c’était intéressant de le faire. D’une part pour partager avec vous un résumé de ce que l’on a vécu jusqu’à maintenant au niveau du club parce qu’on est sur un moment de réflexion avec un changement d’entraîneur. Et puis vous aurez l’opportunité de me poser des questions si vous en avez. Bon, c’est vrai que ça ne fait pas 4, 5 ou 6 ans que je suis dans le foot, ça fait 20 et quelques maintenant. Si je compare le foot à une société normale, qui est ce que je vis tous les jours en dehors des Girondins de Bordeaux, le foot a ce truc qui est l’aléas sportif d’un côté, et ce qui n’est pas plus mal, la surmédiatisation. Le fait que tout est médiatisé, tout est analysé… Et donc, on apprend d’un côté avec le temps de faire un peu de langue de bois parfois, mais aussi d’un autre côté à se rendre compte qu’en fait les responsabilités vont souvent au-delà d’un résultat. Je voulais prendre le temps de partager avec vous un peu quelle est ma vision actuelle du projet. L’entraîneur, vous le verrez après. Admar, vous le verrez après. Et les questions, vous les posez sur ce que vous voulez »
La reprise du Club, la baisse de la dette et de la masse salariale
« Première chose, vous vous rappelez et je ne vais pas rabâcher avec ça, j’ai repris un club qui était sous le contrôle administratif du tribunal de commerce, donc en théorie quasiment en faillite. Il y avait quasiment une centaine de millions d’euros de dettes. On l’a descendue suite à une première instance au moment de la reprise à 54 millions et aujourd’hui elle a été réduite à 3 millions. C’est ce qu’il reste aujourd’hui. La dernière fois que je vous ai parlé, on était à 8 ou 9 millions et là on est à 3. On a descendu la masse salariale de façon je dirai dramatique avec un ration de 2,6, ce qui est énorme. On a non pas la moitié, mais plus de la moitié de la masse salariale coupée. On a une réduction du staff depuis 2019 de 50%. Et hors loyer du stade, on a une réduction des coûts de structure de 10 millions. Il y a un travail énorme qui est fourni par l’équipe en interne et avec moi en soutien avec quelques idées stratégiques… Mais c’est Thomas, James, ce sont ces équipes là qui font fonctionner ça ».
Le retour du public, et les bons chiffres
« Ensuite, une des plus grosses réussites et à mon avis c’est peut-être l’un des points sur lequel actuellement j’essaye de travailler le plus avec les équipes, c’est qu’on a réussi à faire revenir le public et on n’a pas envie que les résultats de ce début de saison inversent la tendance. On a pris une décision qui a été assez facile à prendre, mais qui a été plutôt populaire, ça a été le retour du logo historique. On est à +25% sur les ventes des billets par rapport à la saison dernière, +20% sur les abonnements ce qui est un niveau presque de Ligue 1, nous sommes à presque 13 000 et on dépasse donc les 12 000 sur la saison. Sur 2022/2023, une affluence moyenne de 22 000 personnes, 21 800 exactement, ce qui est premier ou deuxième en Ligue 2 avec Saint Etienne. Et pour vous donner une idée, en Ligue 2 ça nous fait le même public que le club a eu sous la propriété d’M6, lors de la dernière saison d’M6 en Ligue 1. On a doublé la vente de maillots depuis la reprise, on est à 10 000 maillots. On s’est rapproché – avec le travail qui est fait par nos ambassadeurs comme Paul (Baysse) et les gens comme ça – énormément des clubs locaux. Et on a activé de façon plus importante notre programme RSE. Ca je dirais que c’est surtout la partie financière, administrative… »
Le sportif, et sa valeur financière
« Il y a le sujet qui est le cœur du métier d’un club de foot, c’est le foot, les résultats, les joueurs… On a récupéré un vestiaire que je qualifierai d’hyper toxique en fait en 2021. Pour vous donner une idée, au-delà de la toxicité du vestiaire, c’est la valeur. Aujourd’hui un club de foot, à moins qu’il soit propriétaire de son stade et en France on sait que ce n’est pas trop la norme, la valeur d’un club de foot aujourd’hui mis à part sa marque et les revenus qu’il peut y avoir, c’est la valeur de son actif joueurs pour 95% des clubs en France. Pour vous donner une idée de ce que l’on a repris en 2021, en 2021 accrochez vous, il y avait 10 joueurs qui avaient une valeur d’actif négatif, c’est à dire que pour pouvoir arrêter les contrats et faire sortir les contrats, en moyenne ces joueurs là ont coûté 1.7 millions d’euros. Donc 17 millions pour des joueurs, ça vous parle ? Et pour les faire sortir. Et je vous assure, que de ne pas l’avoir fait, ça aurait causé d’autres problèmes. Aujourd’hui nous avons un vestiaire qui est hyper sain, professionnel. On n’a pas de manquement, on a de rares amendes, mais qui ont un côté positif car sur un peu d’excitation à un entraînement ou des choses comme ça. On a vraiment un vestiaire qui est incroyable. Donc je suis très, très fier. Là, l’espace dans lequel on est aujourd’hui, c’est 500m² qui ont été rajoutés par un investissement du club pour l’espace pro. On a eu une grosse réussite du club et du staff, c’est la chute des blessures. On est passé d’un club qui avait un taux de blessure musculaire parmi 6 ou 7 en Europe. A aujourd’hui, nous n’avons quasiment aucune blessure musculaire. On a été capable de ramener, et ils ont été tellement ancré dans le projet que finalement ils sont passés au travers d’une période difficile l’année dernière pendant le mercato mais on a été capable de ramener de l’expérience avec des garçons attachés au club. Je pense à Yoann (Barbet) et Vital (N’Simba), et c’est ce qui nous donne une identité locale beaucoup plus forte ».
Les jeunes, la formation
« On parlera aussi des jeunes, vous le savez aussi que sur les jeunes il y a eu pas mal de boulot aussi là-dessus. Et contrairement à ce que pensent les gens, on n’a pas commencé l’année dernière avec les jeunes parce que nous n’avons pas le choix… C’est vrai que ça a joué sur le début de saison dans le onze titulaire, mais étant donné le vestiaire que l’on avait et ce qu’on savait en janvier de la saison d’avant, on a signé 12 joueurs pros déjà en janvier, février. On avait prévu le coup quoiqu’il arrive. Alors est-ce qu’on pensait qu’on allait jouer avec une équipe qui avait une moyenne d’âge de 21,7 ans ? Probablement non. Est-ce qu’aujourd’hui c’est une conviction ? Oui, parce que là cette année on est pas très loin de ça, on reste le plus jeune effectif de Ligue 2. Et sur les deux Ligues, on est exæquo avec une autre équipe de Ligue 1. Maintenant, c’est devenu une vertu et non un choix. On a fluidifié la passerelle entre la formation et l’équipe première, l’année dernière 12 joueurs ont signé pro, cette année 5 et l’objectif fixé au staff, c’est tous les ans de faire signer au minima 4 joueurs de la formation en pro. Ca, c’est important pourquoi ? C’est important parce que – si je prends la pyramide – ça attire des talents, parce que les jeunes joueurs savent qu’à Bordeaux ils peuvent rejoindre l’équipe première pour jouer. Le deuxième aspect qui est important, c’est qu’économiquement c’est très intéressant de construire sur la formation et je pense qu’en France le chemin vertueux pour la plupart des clubs étant donné – et je parle même de la L1 – les droits TV et les charges comparés à d’autres pays. Et troisièmement pour nous, c’est que beaucoup de ces joueurs là ou une grande majorité de ces joueurs là sont locaux et apportent encore plus cet ancrage local. Et je pense que l’année passée l’une des réussites, et il y a la continuité de ça cette année sur le public au stade, c’est un public qui arrive beaucoup mieux à se reconnaître en fait dans les joueurs que l’on a aujourd’hui comparé à ce que l’on a pu avoir à la reprise. En termes de valorisation du centre de formation, plus l’équipe professionnelle, on est aujourd’hui 5ème si on compare la L1 et la L2. On a un effectif qui est valorisé d’une façon importante alors que c’était quasiment, voire même négatif à notre arrivée. Et on a été leader des ventes, sans pousser, au mercato en L2 en 2022/2023 en sachant qu’on a refusé des offres comme une offre d’Italie pour Zuriko Davitashvili… »
Conclusion
« Il y a eu un redressement qui est assez fort et quand on regarde le club comme étant un iceberg, ce qu’on voit c’est la pointe de l’iceberg, c’est à dire les résultats et cette saison qui est pour l’instant un peu en retrait de ce que l’on peut attendre, par contre il y a la partie invisible de l’iceberg, le boulot fourni par les équipes administratives et financières et autres est pour moi hyper important. Ca reste un club de foot, donc pas aussi important que les résultats et le classement mais ça reste quand même quelque chose d’assez incroyable qui a été fait surtout quand on pense au départ et l’ambiance qu’il y avait autour de ce club quand on a décidé de commencer le redressement ».