Quelle est la stratégie de Gérard Lopez vis-à-vis de la DNCG ?

    (Photo by Sylvain Thomas/FEP/Icon Sport)

    Vous avez été beaucoup à ne pas comprendre, et à nous solliciter, ne comprenant pas « à quoi Gérard Lopez joue », pour vous paraphraser, ou pour tout simplement reprendre votre principal questionnement. Nous allons tenter, avec nos mots, de résumer la situation et de vous expliquer la réflexion et les choix du Président et Propriétaire des Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez.

    Pourquoi n’a-t-il pas mis l’argent pour passer la DNCG ?

    C’est ce qu’il avait fait la saison dernière, en surprenant tout le monde, et en mettant sur la table les 40 millions d’euros nécessaires, pour figurer en Ligue 2. Il faut tout de même se rappeler que 40M€ est un budget surdimensionné pour la division – comme notre masse salariale – et qu’il est extrêmement difficile de passer de la Ligue 1 à la Ligue 2 en coupant drastiquement le budget, pour un club comme les Girondins de Bordeaux. Les mauvaises langues diront ainsi « il a mis l’argent de ses fonds propres la saison dernière, et on a vu finalement ce que ça a donné ». Il y a du vrai. Il serait cependant aussi malhonnête de dire que seul l’argent suffit, car la mauvaise saison sportive de notre club l’année dernière est avant tout due au terrain, au manque de bonnes performances sportives, au manque de présence au quotidien du club, et évidemment au manque de bonne gestion notamment au niveau des personnes en place. Cette saison encore, il aurait très bien pu « jouer son rôle d’actionnaire », mais il opta, on vous le rappelle, pour le prêt à un fonds d’investissement, avant que celui-ci ne se retire pour différentes raisons. Ce fonds était censé participer, à sa hauteur, au budget pour la saison à venir, et ainsi combler le trou pour que Bordeaux redémarre en Ligue 2. C’était surtout le retour de la dette, contre laquelle Gérard Lopez a œuvré depuis le rachat du Club.

    Le fonds défaillant

    Et c’est bien là tout le problème. Alors que ces dernières semaines la solution semblait toute trouvée, et que par ses canaux de communication Gérard Lopez laissait entendre que cela allait se faire, le fonds s’est ravisé. Cette solution paraissait idéale pour faire repartir le club sur plusieurs années (on parlait même d’un apport de 100M€ sur six ans) mais cela impliquait le retour de la dette, alors que le monde du football et notamment le football français, n’est pas encore du tout sorti de la crise. Finalement, ce fonds a donc fait machine arrière, ce qui obligeait Gérard Lopez à remettre au pot, chose qu’il a déjà fait à hauteur de 60 millions d’euros depuis son arrivée au club. C’est probablement là que le souhait premier de Gérard Lopez, celui de ne pas laisser sa place de décisionnaire et d’actionnaire majoritaire, a évolué, et surtout devant les énormes sommes à apporter pour que le Club reparte. C’était d’ailleurs sur ce point que le travail avait été effectué auprès de la DNCG, avant que le fonds ne se ravise, obligeant l’instance après un “sursis à statuer”, de reléguer le club en division inférieure.

    Laisser la place, de manière majoritaire

    L’arrivée de Fenway Sports Group, une aubaine, et la meilleure solution pour tout le monde. Cela signifie aussi perdre en importance, notamment au niveau décisionnel, mais on n’a rien sans rien. Ainsi, des négociations exclusives ont été entamées pour le rachat du Club, par un grand groupe, capable d’assumer les responsabilités au niveau financier qui incombent à un club de football. Gérard Lopez en avait déjà pleinement conscience ces derniers mois, répétant qu’il ne pourrait pas assumer seul financièrement parlant, et qu’il était à la recherche d’un partenaire financier. La seule chose qu’il espérait initialement, c’était de rester à la manœuvre, et ce ne sera certainement pas le cas si la vente se conclut.

    Photo : Peter Byrne / PA Images / Icon Sport – Photo by Icon Sport

    Deux solutions d’ici 15 jours

    Le communique du Club le dit en substance. L’objectif est évidemment que ces négociations exclusives se finalisent par un closing. Si le délai peut sembler court, la puissance de Fenway Sports Group, et la bonne volonté de Gérard Lopez, peuvent faire que cela aille vite. « Le projet de cession d’une part majoritaire du capital à Fenway Sports Group a été exposé ce matin à la DNCG en présence de ses représentants et nous travaillons, main dans la main avec eux, dans le cadre de la poursuite des négociations et des due diligence ». Cette solution permettrait évidemment de donner une nouvelle dimension au Club, d’apporter les garanties financières à la DNCG, et d’assurer la et les saisons à venir. Evidemment aussi, et c’est ce que Gérard Lopez recherche, de ne pas mettre d’argent pour ce dernier. Seulement, en se plaçant dans cette situation « d’urgence » avec un délai d’environ 15 jours (l’appel du Club), il se pourrait qu’il fasse ce qu’il déteste faire, à savoir faire des concessions, voire de ne pas trop demander pour ses parts. Seulement, Gérard Lopez a aussi prévu un plan B. Par expérience – la rétractation du fonds d’investissement le prouve – et aussi par obligation quelque part, la solution de Jogo Bonito existe. Celle-ci serait évidemment de budgéter la saison prochaine en cas de retrait de Fenway Sports Group, et ainsi de ne pas faire disparaitre le club du monde professionnel. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la phrase du dernier communiqué « l’une des options qui permettra de garantir le financement de la saison prochaine ». Evidemment, l’apport de fonds de Joga Bonito pourrait être cette fois-ci sous forme de prêt, ce qui signifie aussi le retour de la dette. Et, ce que l’on a compris en substance : Gérard Lopez ne souhaite plus mettre de fonds propre dans le Club. Il s’agit donc d’un moyen de se “couvrir” pour Gérard Lopez et de ne pas perdre le Club dans lequel il a investi plusieurs dizaines de millions d’euros, en cas de défaillance des négociations avec Fenway Sports Group. Tout en ne laissant pas mourir le Club également.

    Joueur de poker

    Cela revient inlassablement à chaque intersaison et pour cause, la situation financière de notre club est précaire, lui qui n’est pas dimensionné pour figurer ailleurs qu’en Ligue 1. Il y a incontestablement cette adrénaline qui fait avancer Gérard Lopez, celle du timing, et qui à l’inverse fait peur au supporters, tant ils sont attachés à leur club. Il y a donc un peu de ça, car le dirigeant sait qu’il est loin d’être mauvais dans ces circonstances, et que le temps joue souvent en sa faveur. Seulement, et à l’inverse de la saison dernière, le sportif en pâtit forcément, avec une préparation une fois encore tronquée. Là encore, les mauvaises langues diront que l’année dernière, le recrutement a été rapidement effectué, que l’argent a été mis, pour au final une seconde partie de Ligue 2. On vous l’accorde, il n’y a vraiment pas de règle. Il faudra juste espérer que Fenway Sports Group et ses membres que l’on dit extrêmement compétents dans le sport, ou Gérard Lopez – ou les deux – soient au rendez-vous aussi du sportif et pas que du financier, pour que les Girondins puissent retrouver l’élite… Et leur lustre d’antan.

    (Photo by Sylvain Thomas/FEP/Icon Sport)