Message à l’attention de nos joueurs

    (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport)

    Vous avez accepté de résilier votre contrat, pour la majorité, afin de mettre le Football Club des Girondins de Bordeaux dans les meilleures conditions vis-à-vis de son rendez-vous de jeudi devant la DNCG Fédérale, mais aussi de vous rendre plus « libres » pour la suite de votre carrière. Vous allez nous quitter et pour beaucoup d’entre vous, cela nous fait mal. Car c’est aussi la fin de quelque chose. Malgré tout, nous apprécions ce geste. L’inverse aurait mis le Club, dans une situation financière déjà compliquée, encore plus dans le dur pour les semaines à venir, le temps que la même finalité arrive.

    Vous êtes responsables, mais vous n’avez pas toujours été aidés

    Le constat est aujourd’hui simple, vous avez terminé à la 12ème place de L2, alors que beaucoup d’observateurs et/ou de supporters vous voyaient « marcher sur la Ligue 2 ». Car oui, vous en aviez pour la plupart le statut, le salaire, l’expérience, et le scapulaire sur le torse pour ça… Celui-ci est visiblement apparu trop lourd à porter. Bien sûr, nous ne sommes pas sans savoir que les mauvais résultats amènent les mauvais résultats, que la confiance est aussi simple à entretenir quand tout va bien que compliquée à faire revenir quand tout va mal. On sait également que vous n’avez pas forcément eu de stabilité, de chance non plus, que certains d’entre vous ont aussi été délaissés par le Club, que certains ont connu des injustices sportives, que vous avez cruellement manqué de communication, de cap objectif tout au long de la saison… Bref, qu’on a fait de vous des favoris sur le papier, mais qu’il a fallu assumer, sans parfois avoir de réel de capitaine à bord… Tout ça, on le sait. Tout ça, on l’a ressenti. Et malgré nos encouragements, seule réelle chose que l’on pouvait vous apporter, ça ne l’a pas fait. Vous non plus, parfois, souvent, vous n’avez pas forcément reconnu le club que vous pensiez connaitre, ou que vous aviez connu, ou encore que l’on vous avait décrit. Tout cela est évidemment dû à l’absence d’un maitre à bord, d’une personne gérant les affaires courantes, gérant aussi les crises, en interne ou par de la communication… Une personne qui incarne la fonction de Président. Cette demande, nous n’avons cessé de la faire, et d’aller dans le sens des Ultramarines, parce que sur ce point nous savons toute l’importance d’une personne physiquement sur place, et ayant les épaules pour tout gérer dans une entreprise si particulière qu’est un club de football. Aujourd’hui, on ne peut plus revenir en arrière, comme vous non plus vous ne pouvez plus faire mieux que cette 12ème place de Ligue 2.

    Demain, c’est déjà aujourd’hui, et c’est surement l’histoire

    Demain, et des suites de la perte de son statut professionnel, les Girondins de Bordeaux ne pourront désormais plus proposer que des contrats fédéraux. Nous non plus, on n’aurait jamais cru ça. Cela implique possiblement, des salaires qui n’ont plus aucun rapport, ou presque, avec le monde professionnel. L’on sait à quel point une carrière peut être courte. Six en moyenne, dit-on. L’on sait aussi à quel point l’argent est devenu important dans le monde du football. Mais il y a quelque chose qui est bien plus important pour nous, supporters, c’est l’amour du maillot. Ce terme peut paraitre parfois galvaudé, mais c’est cet amour qui fait que l’on sera toujours là, malgré tout ce qu’on a subi ces dernières années. Et, nous le savons, plusieurs d’entre vous partagent cet amour, tout en ayant aussi l’ambition de faire une carrière professionnelle belle et longue : c’est légitime. Seulement, ces dernières années, croyez-nous, nous avons relayé tant de témoignages d’anciens joueurs des Girondins, qui ont fait l’effort de rester pour faire remonter le club. Aujourd’hui encore, ils en sont fiers comme jamais. Aujourd’hui encore, certains préfèrent une remontée à un titre de Ligue des Champions.

    Et vous ?

    Vous auriez aimé autre chose, nous aussi. Le National – si tenté que l’on ne soit pas en National 2 – est à la fois si proche et si loin du monde professionnel. En revanche, notre blason ne changera pas. Il restera le même. Il nous apportera autant de fierté que lors des 143 dernières années. Et vous ? N’est-ce pas le moment, pour vous, amoureux du Club, de l’aider à remonter ? C’est un de vos anciens coéquipiers, Alberth Elis, qui disait il y a deux jours : « Je me sens heureux parce que je sens que je suis un homme meilleur après ce qui m’est arrivé. En fin de compte, on peut avoir de l’argent, de la gloire, mais si on n’est pas heureux, à quoi ça sert ? ». Et vous, vous avez envie d’être heureux ? Bien sûr, nous ne sommes pas naïfs, et si la grille annuelle de salaires sortie dans L’Equipe et autres nous fait nous rendre à l’évidence que pour beaucoup d’entre vous le delta est trop important, vous êtes aussi nombreux qui ont reçu leur premier contrat professionnel de la part des Girondins de Bordeaux… Ce contrat qui vous a ouvert le monde professionnel, et qui a témoigné de la confiance du Club qui vous a recruté et/ou formé. Et vous, ça vous dit de rendre cette confiance ?

    Alane, Grégoire, Johaneko, Emmanuel, Jacques, Mathys, Issouf, Mathias, Tom, Lenny, Joss, Logan, Nfansu, Alpha, Julien, Marvin, David. Et vous ?

    Yaël, Jean, Tijany, Luc, Dimitri, Emilien, Rohan, Noah, Enzo, Mehdi… Et vous ?

    Ainsi que tous nos jeunes du désormais ex-centre de formation, qui a vu tant de magnifiques joueurs éclore ?

    Alors, évidemment, des contacts sont peut-être déjà en cours. Mais si ce n’est pas le cas, c’est à vos agents de le nouer, de faire ce liant avec la direction bordelaise. Et puis, si ça ne le fait pas, vous aurez au moins essayé. Mais vous ne voulez pas vivre avec le regret de ne pas avoir essayé ? De ne pas avoir fait l’effort ? Et vous ?!

    Quant à vous, Kalle, Malcom, Yoann, Clément, Vital, Danylo, Jérémy, Pedro, Yohan, Zan, Alberth, Aliou, Gaétan… Nous savons que vous n’avez jamais triché. On ne peut pas vous en vouloir autant que ceux qui ont craché sur le club en le faisant descendre en Ligue 2. Vous n’êtes pas de cette race-là. Vous nous avez chacun apporté du plaisir, par vos performances, vos comportements, votre respect du maillot… On aurait vraiment aimé que vous marchiez sur la Ligue 2. Si l’un ou plusieurs d’entre vous se sentent concernés par l’amour du maillot que nous avons, faites-le aussi savoir…

    Bon vent à vous.

    Et une très, très grande pensée à tous les salariés qui ont eux aussi morflé ces dernières années, voyant des personnes arriver au-dessus de leur tête, dites plus compétentes, mais qui ne connaissaient strictement rien à un club de football et pire, à l’environnement bordelais. Vous avez eu du courage, au quotidien, de prendre sur vous, de faire avec, aussi par amour du Club. Et ça, nous le savons aussi.

    (Photo by Romain Perrocheau/FEP/Icon Sport)