Philippe Poutou : “On ne sait pas ce qui relève d’une mauvaise gestion de Lopez – et des autres avant – ou d’un système dans son ensemble. Ou les deux à la fois”

    Pour Dialectik-football, le membre du Nouveau Parti Anticapitaliste, et conseiller municipal sous l’étiquette “Bordeaux En Luttes”, Philippe Poutou, s’est exprimé sur les échecs répétés ces dernières années concernant les Girondins de Bordeaux.

    “On a quand même l’impression d’une issue écrite à l’avance, un processus par étapes qui a fini par aller au bout. Cela fait au moins 3 ans que la crise est ouverte dans le club, avec la reprise par Gérard Lopez, après des années de difficultés financières et sportives. Donc c’est comme si on s’y était préparé. Chaque fin de saison, à la fois délicate sportivement et financièrement – mais cela doit aller ensemble – il y avait un genre de sursis: « Ouf, ça passe ce coup-ci, mais la prochaine fois ? ». Et cette année, on semble y être… c’est la fin d’une histoire. Durant cette période, on a assisté aux conséquences désastreuses des logiques financières dominantes dans le sport professionnel. Les mauvais résultats sportifs ne se terminent pas systématiquement par un bilan aussi catastrophique. Mais il faut croire que quand des “investisseurs” viennent pour faire des affaires, que ces affaires dépendent de résultats et succès sportifs qui ne viennent pas, alors on imagine bien que les marges de manœuvre se réduisent, que l’aventure devient moins intéressante, que les investissements diminuent. On ne sait pas ce qui relève d’une mauvaise gestion de Lopez – et des autres avant – ou d’un système dans son ensemble qui est problématique, ou alors si c’est les deux à la fois, ce qui est probable. Le foot, le sport, c’est comme l’activité économique en général. Dans cette société capitaliste, il s’agit de faire de l’argent à partir de tout ce qui est possible. Le sport est devenu un objet de spéculation depuis longtemps, un secteur pour les affairistes. Quand ça marche tant mieux, dans le cas contraire, les financiers s’en vont. Ce doit être ce qui se passe à Bordeaux. C’est trop galère, vu que les rentrées financières ne sont pas là comme attendu – droits télé, merchandising… – et que les frais sont vraiment trop importants – location d’un stade, paiement des hauts salaires des joueurs… – alors les affairistes se cassent, laissant tout le monde sur le carreau”.