Interview. Stéphane Lamant : “C’est une fierté de recevoir les Girondins de Bordeaux”

    (Photo by Christophe Saidi/FEP/Icon Sport) – Photo by Icon Sport

    « On est tous amateurs, donc on travaille tous. Et entre le boulot et le foot, ça va vite, les semaines s’enchainent ». C’est la réalité du monde amateur, qui nous avait probablement échappé. Stéphane Lamant, l’entraineur du prochain adversaire des Girondins de Bordeaux en National 2, Dinan Léhon Football Club, nous a accordé quelques minutes, dans une semaine qui est chargée pour tout un club. Celui qui est cadre bancaire en plus de son autre métier d’entraineur de l’équipe première de Dinan, va aborder le gros engouement qui touche son club avec la réception de Bordeaux, mais aussi l’accueil des supporters bordelais (qui doit être discuté dans les prochaines heures), son dernier match face à Bourges, l’image du Club au Scapulaire, et son attaquant passé par le centre de formation bordelais, Sofian Valla… Merci encore à Stéphane pour le temps qu’il nous a accordé, ainsi que ses nombreux mots de sympathie.

    Avez-vous pu voir le dernier match des Girondins de Bordeaux face à Poitiers ?

    Je n’ai pas encore eu le temps. Après, on a été à Bourges, on est rentrés à 3 heures du matin dimanche. Donc j’ai coupé. Je suis cadre bancaire, donc du coup le lundi ça attaque fort (sourire). Mais j’ai bien l’intention de jeter un œil. J’ai vu les images qui ont été diffusées, j’ai vu le résumé du match déjà en tout cas.

    Plus généralement, qu’est-ce que vous pensez de croiser un club comme les Girondins de Bordeaux en National 2 ?

    Quand on a appris que c’était possible, on a tous eu une envie importante que ça se passe réellement… On a tout de suite senti à Dinan une espèce d’embellie avec cette rumeur, se dire que Bordeaux sera peut-être dans notre groupe… On a tout de suite senti que quelque chose se passait au niveau des supporters… Pour le petit club que nous sommes, c’est une fierté de recevoir les Girondins de Bordeaux. Je vous avoue que dès le début, ça a donné des envies à tout le monde, et quand ça a été confirmé, la date du match a été cochée assez rapidement, à tel point que lundi, il n’y a quasiment plus de places en tribunes.

    Il y a eu un bel engouement en quelques jours seulement…

    Au moins en tribunes en tout cas. Mais nous, ça ne nous arrive jamais, il n’y a qu’en Coupe de France… On a joué deux équipes de Ligue 1 en trois ans, Brest et le Stade de Reims l’année dernière. Mais vendre toutes les places en tribunes en une journée, ce ne sont que des équipes de Ligue 1 qui nous apportent ça. Malgré tout, cela montre que dans l’esprit des gens, les Girondins ne sont pas une équipe de National 2, que c’est un club prestigieux, et que l’on respecte Bordeaux. C’est un club très apprécié. Il y a plein de gens dans mon entourage qui m’ont dit qu’ils aimeraient bien venir voir le match. Ils ne sont jamais venus, mais là parce que c’est les Girondins, ils sont fans des Girondins. Je ne savais pas qu’il y avait autant de sympathisants des Girondins de Bordeaux ici en Bretagne. Je l’ai appris ces derniers jours.

    Votre Président effectivement disait déjà en fin de semaine dernière qu’il y avait des gens de toutes la Bretagne qui allaient venir…

    C’est vraiment un rendez-vous super sympa à organiser pour nous. Après, j’espère que ce sera aussi le cas sur le terrain, mais pour l’instant on en est loin encore. Au-delà de ça, c’est une super affiche, et même moi, en tant qu’entraineur, cela reste un match un peu particulier. Je parle de Coupe de France, c’est un peu ça. On a l’impression d’être sur un match de Coupe de France avec cet engouement. On voit qu’il y a quelque chose qui se passe. Ça ressemble énormément à ce qu’on vit ces derniers temps. En plus, on a fait des beaux parcours en Coupe de France depuis trois ans, donc cette effervescence nous rappelle un peu ça. Elle est souvent positive.

    D’habitude, on a énormément de supporters qui se déplacent. Où est-ce que cela en est de votre côté, est-ce qu’il y a quelque chose d’organisé en ce sens ?

    D’un point de vue logistique, absolument pas, je n’organise pas ça. Après, je sais que c’est toujours le point noir quand nous, on reçoit. On a une toute petite tribune avec 800 places simplement, donc… Autant vous dire que c’est prisé et très vite plein. Après, en championnat, la tribune est souvent assez bien remplie, c’est souvent les pourtours qui sont disponibles. On a une capacité de 2700 places maximum, alors qu’il n’y a que 880 places assises. En général, chez nous, il y a du monde autour des mains courantes (rires). Ça fait un petit stade avec des gens très proches des joueurs. Alors, est-ce qu’ils vont pouvoir faire un parcage avec tout ce qui va bien pour la sécurité, etc… Je n’ai pas les informations. Mais c’est vrai que notre stade n’est pas fait pour, c’est très compliqué. Et en tribunes, on ne pourrait pas séparer les supporters, on n’a rien pour ça. Ça me parait compliqué de pouvoir, en toute sécurité, assurer un certain nombre de supporters bordelais. Je ne sais pas comment ils vont faire. Il y a deux ans, on avait dû délocaliser notre terrain pour jouer contre Brest. Et l’année dernière contre Reims, si on ne l’a pas délocalisé, c’est qu’on n’avait pas trouvé de terrain. On ne nous avait pas trouvé de terrain car c’était juste après les fêtes. On n’avait pas réussi à joindre des mairies pour avoir des accords, mais sinon on délocalisait encore ce match, car on ne pouvait pas le faire chez nous. Pour un match comme ça de championnat, il n’est pas question de délocaliser car tout le monde joue. A mon avis, ce sera compliqué d’assumer ça pleinement… Et c’est quelque chose qu’on regrette déjà car on aurait adoré recevoir les supporters bordelais. Ça nous aurait mis une ambiance de feu chez nous, et nous, on aime ça ! On est des joueurs purement amateurs, tout le monde travaille, le staff y compris… Nous, le foot existe aussi par la Ligue 1 ou des clubs mythiques comme l’est Bordeaux. On a tous à un moment donné supporté les Girondins en Coupe d’Europe, etc… Donc voir un kop d’une structure comme celle-là venir chez nous… Ce n’est pas l’envie qui nous manque, plutôt les moyens.

    Vous avez été chercher le week-end dernier un match nul à Bourges (1-1), qui semble faire office de favori dans cette poule B de N2. Comment jugez-vous cette rencontre ?

    C’était un match où les événements ont tourné un peu pour nous, contrairement à la semaine précédente. Là, on a été en difficulté jusqu’à l’heure de jeu. Bourges maitrisait quand même bien son sujet, et ils ont pris un carton rouge. On a senti que notre équipe a repris un peu du poil de la bête, et a repris aussi le monopole du ballon. On a fini avec une dernière demi-heure beaucoup plus intéressante à dix contre onze. On a pu marquer et égaliser, et on aurait même pu, avec plus de réussite, l’emporter. On va dire que les circonstances du match nous ont été favorables, contrairement au nul à domicile contre Chateaubriand, où c’était l’inverse. On avait fait une bonne heure de jeu, on était vraiment bien dans le match avec beaucoup d’occasions, et c’est nous qui avions pris un rouge. On a souffert les 20 dernières minutes, et on aurait pu perdre le match. On reste sur deux rencontres avec des cartons rouges d’un côté ou de l’autre, qui ont fait pencher les résultats. C’est difficile donc de juger ce début d’année, où les résultats pour nous ne sont quand même pas fameux, avec deux points pris sur neuf possibles, et surtout avec deux matches à la maison déjà.

    D’autant plus que c’était votre point fort, de jouer à domicile…

    Oui, l’année dernière, on avait engrangé beaucoup de points, pour finir troisième équipe à domicile… En général, ça a toujours été notre force. Reims a gagné en Coupe de France, mais on a été invaincus à domicile pendant dix-huit mois, en National 3 et sur les six premiers mois de la National 2. Du coup, chez nous, c’est quand même un terrain où ce n’est pas facile de venir l’emporter. Mais ces derniers temps, en 2024, on a perdu beaucoup de matches à domicile au premier semestre. Le premier de la saison, on l’a perdu contre Poitiers… Il faut qu’on arrive aussi à retrouver cette petite folie, et Bordeaux est peut-être l’adversaire idéal (rires). Cela permet aussi de se sublimer, et je pense que les Girondins doivent s’attendre à ça. Chez toutes les équipes qu’ils vont rencontrer cette année, il va y avoir un engouement important à domicile, donc les matches seront encore un peu plus difficiles pour eux, je pense.

    Vous avez un attaquant qui est passé par chez nous, Sofian Valla, passé par le centre de formation des Girondins… Quel est le type de joueur est-il aujourd’hui ?

    Il a fini meilleur buteur du championnat l’année dernière, avec 16 réalisations. C’est un joueur attachant. C’est un joueur qui marche à l’affect. Pour vous donner un exemple, il a loupé trois grosses occasions contre Châteaubriand, alors il a mis les bouchées doubles pour bien préparer Bourges, parce que son objectif était surtout de ne pas sortir de l’équipe contre les Girondins de Bordeaux (sourire). Il s’est fait un peu chambrer par l’équipe, je ne vous le cache pas (sourire). Mais c’est quelqu’un qui est instinctif sur le terrain, et c’est pour ça qu’il marque beaucoup de buts. Il a besoin d’être bien entouré, d’être bien dans ses baskets pour être performant. Il a des qualités techniques, des qualités de vitesse aussi. Il sent les coups, et il est souvent bien placé. C’est ce qui lui permet d’être performant. Après, avant d’arriver chez nous l’année dernière, il a eu des saisons très compliquées. Je pense qu’il avait envie, chez nous, juste de retrouver goût au foot, et à la vie amateur… Je pense qu’il a retrouvé ça. Il est très proche des joueurs…

    On pense savoir qu’il a toujours un très grand affect pour les Girondins…

    Il est très attaché aux Girondins de Bordeaux, qui restent son club, je pense. Du coup, il est impatient à l’idée de le jouer. Il avait noté ce match-là dès qu’on avait parlé du fait que les Girondins pouvaient être dans le groupe de National 2… Je sais qu’il est impatient de jouer ce match-là, de revoir son ancien club, ses anciennes couleurs. C’est quelqu’un qui a un beau visu et une belle image de votre club.

    C’est l’image qu’on avait de lui aussi en tête. Et il a dû, chez vous, trouver une stabilité au niveau familial…

    C’est exactement ça. Il s’est posé familialement, mais aussi professionnellement. Il a trouvé un job, etc… Il est épanoui humainement, et du coup ça le rend beaucoup plus performant sur le terrain.