Sébastien Louis : “A Saint-Étienne ou Bordeaux, il n’y a jamais eu de hooligans parce que les ultras s’y sont toujours opposés”

Dans So Foot, Sébastien Louis, historien et professeur d’histoire-géographie à l’École européenne de Luxembourg, qui est spécialisé dans le supportérisme radical en Europe, sur un sujet concernant les Ultras et le fait qu’il y ait souvent de l’apolitisme, a donné plusieurs exemples de groupes de supporters, dont ceux des Girondins de Bordeaux.
“C’est au cas par cas, selon l’état des cohabitations dans les tribunes. Chaque stade a sa géopolitique qui lui est propre, avec des singularités parfois difficiles à comprendre de l’extérieur, y compris pour le club et le reste du public. Cependant, ces hooligans offrent une capacité d’action violente qui peut être avantageuse pour les groupes ultras, lors des affrontements contre d’autres supporters radicaux. C’est le cas à Reims, où les MesOs ont pris le dessus sur les Ultrem. En France, de manière générale, les groupes ultras n’affichent pas de position politique, par peur que cela soit un sujet de discorde. Leur but premier, c’est de soutenir leur club et d’être les mieux organisés pour ça. De par leur histoire et la sociologie de la ville, on pourra deviner certaines sympathies, à gauche ou à droite, à travers différents symboles. Dans certains stades, comme à Saint-Étienne ou Bordeaux, il n’y a jamais eu de hooligans parce que les ultras s’y sont toujours opposés. À l’inverse, à Rennes, qui reste une ville clairement marquée à gauche, le changement de génération opéré au sein du RCK dans les années 2010 a semble-t-il ouvert la voie à des individus proches de la mouvance identitaire. Résultat, ce groupe a abandonné ses revendications politiques telles que l’antiracisme pour se dire officiellement “apolitique”. Encore une fois, le stade est un miroir déformant: il reflète globalement la progression de l’extrême droite dans la société, parfois avec un effet grossissant, parfois non”.